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Ornette Coleman, ou le jazz déchaîné

Immense inventeur de formes, initiateur du free-jazz dans les années 1950, le musicien américain est décédé jeudi 11 juin, à New York, à l’âge de 85 ans.

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Publié le 11 juin 2015 à 19h56, modifié le 12 juin 2015 à 10h46

Temps de Lecture 8 min.

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Le saxophoniste Ornette Coleman au Festival de jazz Montreux, en Suisse, le 2 juillet 2006.

Angel Voice, la voix de l’ange, est une des premières compositions que grave Ornette Coleman en 1958. Génie de la grâce, du blues, de « quelque chose de bleu qui paraissait un ange » : tout contredit l’idée que l’on se fait de lui.

Ornette Coleman vient de mourir. Arrêt du cœur, jeudi 11 juin, à 85 ans, dans un hôpital de New York. Compositeur de l’instant, des groupes en fusion ou de l’écrit symphonique, peintre, alto sax pratiquant la trompette et le violon d’assez déroutante façon pour qui n’aime ni l’aventure ni la gaieté, encore moins l’insolite, il est un des acteurs du siècle, une de ses chances. Voir Jackson Pollock, Pierre Boulez, Jimi Hendrix, les frères Mekas, Jean-Luc Godard, Pina Bausch.

Après l’école de la rue, à Fort Worth, au Texas – où il est né en 1930 –, et celle de l’université, il fait le métier dans les groupes de blues ou de rhythm ’n’ blues pour public noir – les Blancs se chargeront bientôt de ramasser la mise avec le rock ’n’ roll. Lui, on l’oblige, c’est la mode, à chorusser, allongé sur le bar. Même traitement pour Sonny Rollins ou John Coltrane. Tempo, engagement, show, conservatoire impitoyable. Ne cherchez pas trop, vous trouverez encore des spécialistes assermentés pour soutenir qu’il ne « savait » pas jouer. En 1949, il participe à une tournée du « minstrel show », cette caricature du « jazz » qu’il déteste.

La question n’est pas là. La question, c’est comment un garçon quasi autodidacte (il apprend d’oreille), un fils d’ouvrier (« je l’ai peu connu, il était très noir ») et de Rosa, très digne employée des pompes funèbres du ghetto, aura rejoint le panthéon des artistes planétaires qui changent la vie ? Par quel arrachement ? Sonny Rollins : « On ne se posait pas la question. »

Un style sans précédent

Au bout de la rue, dans son garage, un musicien, Red Connors, joue ce que personne ne joue. Ornette Coleman et son voisin Dewey Redman (formidable saxophoniste méconnu) écoutent, apprennent, sortent des rails. Après un bref séjour à La Nouvelle-Orléans, Ornette Coleman s’établit à Los Angeles. Garçon d’ascenseur le jour, il potasse l’harmonie la nuit, ou l’inverse. Et met au point un style sans précédent, atonal, lyrique, qui rompt avec toutes les règles. Même celles, tout récemment renversées par les révolutionnaires du « jazz » – Parker, Mingus, Monk. A son corps défendant – il est doux, timide, gentil, un peu gauche, très de gauche sans le savoir –, il fait scandale.

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