VIDEO. A Meaux, musulmanes, voilées et entreprenantes

 

VIDEO. A Meaux, musulmanes, voilées et entreprenantes

    « Nous voulons changer l'image de la femme musulmane soumise. Nous sommes des femmes entrepreneuses, féministes et féminines ! » Sarah Harmouz, présidente de la toute nouvelle association de Meaux « Saba, toutes solidaires », est fière du succès du premier salon organisé le 8 mai à la salle des fêtes. La journée, réservée uniquement aux femmes, était dédiée à l'entrepreneuriat. Saba souhaite accompagner les femmes, quelles que soient leur origine et leur religion, dans la création d'entreprise. Au salon, la quasi-totalité des visiteuses étaient musulmanes et portaient un voile. « Un double handicap pour trouver du travailet surtout des postes à responsabilité », regrettent certaines exposantes, que cela a motivées pour créer leur propre entreprise. Au grand bonheur des visiteuses, venues acheter des tenues traditionnelles, des voiles, ou faire un don pour l'agrandissement de la mosquée.

    Le seul homme admis au salon était Khalil Mimouni, coordinateur de CitésLab. Il accompagne les porteurs de projets. « Les femmes que j'ai croisées étaient très diplômées, des cracks qui travaillent à Paris, dans de grandes sociétés. » Comme Sarah Harmouz, la présidente de Saba, titulaire d'un master de l'entrepreneuriat. Elle porte le voile au travail, où elle occupe un poste de coordinatrice d'événements. « On est beaucoup plus actives que les hommes or les inégalités persistent et seulement 30 % des créateurs d'entreprises sont des femmes », déplore Sarah.

    Anissa Salah, 26 ans, a créé en janvier Tatouage'Or, après avoir enchaîné des petits boulots. Elle porte le voile tout en restant très féminine. « Je ne trouvais que des postes sans contact avec la clientèle, pour du démarchage téléphonique, des sondages. Impossible d'accéder au poste de chef d'équipe, la hiérarchie me disait que je n'étais pas neutre pour manager. »

    Fatou Sylla habite Beauval et a été aidée par CitésLab pour vendre les produits American Beautiful Cosmetics. Elle a tenu un stand au salon pour écouler les 10 000 â?¬ de marchandises qu'elle est allée acheter aux Etats-Unis. CitésLab l'a mise en relation avec un informaticien qui l'aidera à améliorer sa communication.

    VIDEO. Elles veulent donner une autre image de la femme voilée

    (LP/V.R.)

    Soumaya, 27 ans, rêve de vendre ses pâtisseries

    Soumaya a un bac pro en hôtellerie-restauration et a travaillé comme vendeuse, voilée, dans des boulangeries à Meaux. En congé parental encore un an, cette mère de deux enfants veut mettre à profit cette dernière année pour créer son entreprise. « Cuisiner c'est ma passion mais j'ai peu confiance en moi et je n'ose pas me lancer dans l'entrepreneuriat », raconte Soumaya. L'association Saba lui a proposé de tester son activité au salon, le 8 mai. Bingo ! « J'ai vendu toutes mes pâtisseries, ça a été un vrai succès qui m'encourage à concrétiser mon projet. Sarah, la présidente de l'association, m'a aidée à trouver le logo de mon entreprise et le nom : Soumcreries. »

    V.R.

    (LP.V.R.)

    Amel, 35 ans, a créé une librairie ambulante

    « Bayan », en arabe, signifie « Clairvoyance ». C'est le nom de la librairie ambulante créée par Amel, il y a un an. Cette mère de deux enfants, divorcée et titulaire d'un BTS Comptabilité, peinait à trouver du travail. « J'étais cataloguée musulmane, voilée et au RSA, avec l'image d'une femme qui gratte l'Etat ! Les conseillères me poussaient à être femme de ménage. » Amel a passé tous les entretiens pour un poste de comptable à Paris. « Au rendez-vous final, j'ai été recalée à cause de mon voile. Les employeurs ont donné davantage d'importance à ma tenue qu'à mes compétences. Les revers de la vie m'ont poussée à être autonome. » Amel vend des livres et CD sur la religion musulmane dans les foires et salons. Elle se dit épanouie.

    V.R.