Publicité

Adive : « Briser le plafond de verre des entrepreneurs dans les quartiers »

L’Adive s’est donné pour mission de soutenir les entrepreneurs issus des quartiers difficiles. Pas avec des subventions, mais en leur redonnant confiance… plus quelques clés de croissance.

109698_1427807498_createurs-entreprises-banlieues.jpg
(shutterstock.com)
Publié le 8 avr. 2015 à 05:00Mis à jour le 10 avr. 2015 à 05:00

La Courneuve. Un quartier symbole où une barre d’immeuble a été détruite pour bâtir une pépinière d’entreprises. C’est ici en ce 8 avril que Jean-Paul Huchon et l’ADIVE avaient choisi d’inviter des entrepreneurs à découvrir le dispositif CréaRîf Développement, imaginé et financé par la Région Île-de-France.

La spécificité de l’Adive, qui met en oeuvre ce programme ? Soutenir les jeunes entreprises ayant au moins un an d’existence. Elle se distingue en cela des nombreux autres dispositifs d’aides aux créateurs, qui interviennent en général en amont de la création.

Programme « diversité des fournisseurs »

« Notre constat était que beaucoup d’entrepreneurs  n’arrivent pas à passer le cap des premières années et à se développer, détaille Majid El Jarroudi, le fondateur de l'Adive. En particulier ceux issus des quartiers, qui manquent de financement et d’accès au marché. Notre objectif est d’aider ces entrepreneurs à se faire connaître des acheteurs des grandes entreprises. » Concrètement, l’Adive noue des liens avec les acheteurs des grands groupes afin qu’ils les informent de leurs appels d’offres afin de pouvoir les mettre en  relation avec les entrepreneurs suivis par l’Adive. C’est, pour ces grandes entreprises (Vinci, KPMG, etc.), comme pour l’Adive, un moyen de soutenir l’économie locale et l’emploi. Il s’agit  ainsi du premier programme de « diversité des fournisseurs » en France.
Entre 2010 et 2014, 1.000 entrepreneurs ont pu, grâce à l’Adive, se positionner sur des appels d’offre, et 300 d’entre eux environ ont décroché des contrats. Tous les types d’activité sont représentés, même si beaucoup  sont bien évidemment dans les services aux entreprises.

Publicité

Changer les règles qui faussent le jeu

« L’idée n’est pas de rompre l’égalité entre les entreprises, ni de les favoriser, mais de les mettre sur la même ligne de départ que les autres, insiste Majid El Jarroudi. Comme on le dit chez Ashoka (réseau d’entrepreneurs sociaux), l’idée n’est pas de leur donner un poisson, ni même de leur apprendre à pêcher, mais nous voulons révolutionner l’industrie de la pêche. Il faut leur donner confiance, leur donner les clés pour répondre à un appel d’offre. » En effet, ces entrepreneurs ne connaissent souvent pas la porte d’entrée pour identifier les acheteurs, qui ont même ont déjà beaucoup de fournisseurs. Le programme passe donc par une montée en compétences des entrepreneurs, via des ateliers stratégiques (réponse à un appel d’offre privé, négociation, financement, comptabilité etc.)

Casser les idées reçues sur l’entrepreneur de banlieue

Ces entrepreneurs créent dans tous les domaines et qui ne sont pas, comme on le pense trop souvent, des jeunes chômeurs qui se lancent juste pour trouver un emploi : « Les jeunes que nous accompagnons sont en majorité très diplômés, passés par de grandes entreprises et se trouvent à un moment donné confrontés à un plafond de verre ou à la discrimination, précise Majid El Jarroudi.  75% des créateurs accompagnés étaient en activité avant de se lancer. Ce qui casse l’image d’Epinal du créateur de banlieue chômeur !  »

Le pari du développement par le sport

Actuellement, l’activité de l’Adive est surtout concentrée en Ile de France, « car c’est cette zone qui concentre le plus de quartiers dits difficiles et que les sièges de grandes entreprises sont les plus nombreux», souligne le fondateur du programme. Mais peu à peu, son action s’étend, notamment dans le Nord, et dans d’autres zones dans l’optique de l'Euro 2016. « Nous travaillons actuellement avec l’UEFA pour placer nos entrepreneurs sur ce type d’événement. Nous ferons la même chose dans le cadre de l’Euro de basket… et pourquoi pas les JO, lance Majid El Jarroudi. Les Britanniques ont très bien su mettre en avant cette dimension aide au développement économique locale. Le Comité des JO nous a en effet dit que c’est un des arguments  qui avait fini de les convaincre de miser sur Londres pour les derniers JO. Nous nous appuyons donc sur la perspective de ces événements sportifs comme outil de revitalisation économique. »

Un programme pour les créateurs

En parallèle, l’Adive a été retenu par la région Ile-de-France afin de mettre en oeuvre le programme CréaRif Développement, un programme d’accompagnement pour les entrepreneurs présentant de véritables perspectives de croissance, issus des quartiers ou des chefs d’entreprise de l’Economie Sociale et Solidaire qui agissent en faveur des quartiers. Avec ce programme, les créateurs bénéficient d’un diagnostic projet, d’un soutien avec des experts en RH, en gestion, etc.

Témoignage : Leila Bret, Animatir
Après 15 ans chez SFR, Leila, une Bac+5 qui ne renie pas sa ville de naissance, Mantes-la-Jolie,  a décidé de quitter le cocon rassurant d’un groupe pour voler de ses propres ailes. Profitant d’un plan de départ volontaire, elle a saisi une opportunité pour créer, en septembre 2013, Animatir: « Des amis partant à l’étranger m’ont proposé de reprendre leur activité de team building par le sport. J’ai sauté sur l’occasion, mais en me concentrant sur un sport en particulier, le tir à l’arc comme outil d’éducation. » Un peu par hasard, elle découvre alors l’Adive : « Cette structure comble un manque, celui de l’accompagnement en développement. J’ai rencontré des experts en finance, en communication, et j’ai suivi des ateliers et une formation à HEC et Novancia. Bref, une source formidable pour un chef d’entreprise ! »


Investir sur la diversité

Aujourd’hui, le taux de pérennité de ces entrepreneurs est d’environ 50 % à 3 ans. Loin d’être satisfaisant ! « Beaucoup vont se décourager face à certaines inégalités, déplore Majid El Jarroudi. Conséquence : de plus en plus partent créer leur entreprise à l’étranger, notamment dans des pays émergents. Or, cet exode est une vraie perte de richesse et de diversité pour la France car ces entrepreneurs auraient pu tout aussi bien conquérir ces marchés en développement depuis notre pays. Enfin, il ne faut pas oublier que ces quartiers où tout est à construire doivent être vus comme une source de croissance ! » Un enjeu de taille.

Valérie Talmon

Nos Vidéos

994a2f3b23c42c2a6202df038cf31e536e7d3bad-858x480.jpg

Elle crée son entreprise en prenant la suite d’une association

48a9cc0f0d70c7deb0aaf4f5efc2b799a65a37e2-858x480.jpg

Tourisme augmenté : Arthis enrichit les visites de réalité virtuelle

45e9e110be5eff5e9e757985bda35f8c2d743af9-858x480.jpg

Cet artisan devenu patron de PME a troqué le chalumeau pour un fauteuil de dirigeant

Publicité