Livio pleure Pierre et Stéphane

 

Livio pleure Pierre et Stéphane

    Beaucoup avaient l'habitude d'aller déjeuner Chez Livio, le dimanche. Hier, les portes de ce restaurant bien connu, situé à Neuilly (Hauts-de-Seine), sont restées closes. Devant elles, bouquets de fleurs, bougies et messages de condoléances s'accumulent depuis la veille, quand a été annoncé le décès dans l'attaque du Bataclan de Pierre Innocenti (gérant avec son frère Charles), 40 ans, et Stéphane Albertini, son cousin et chef de salle.

    L'émotion est forte. Elle n'est pas étrangère à la façon dont les deux hommes faisaient tourner l'établissement. « Ils dégagent vraiment une grande sympathie, témoigne une femme aux yeux plein de larmes. Ils nous ont apporté beaucoup de bonheur. » Arezhi habite depuis vingt ans le quartier et connaissait bien l'endroit. « Sincèrement, je suis effondré, ce sont des gens très accueillants, très serviables », souligne-t-il.

    « Une véritable institution. » L'expression revient dans toutes les bouches quand il s'agit de parler de cet italien fondé il y a plus de cinquante ans par Livio Innocenti. L'établissement est ensuite passé entre les mains de ses fils Vittorio et Alfio, puis celles de Pierre et Charles. Il est devenu une référence dans toute la ville et même des célébrités â?? comme les joueurs du PSG, notamment Salvatore Sirigu â?? qui viennent y chercher l'authenticité et la générosité, cultivées et entretenues depuis le début. « Livio avait construit une immense famille, ce n'est pas un restaurant de clients, mais un restaurant d'amis », souligne Frédéric, la quarantaine, canadienne et col roulé. Comme beaucoup de clients fidèles, Patrick de Gmeline vient en famille Chez Livio tous les dimanches midi. Un rituel pour beaucoup de Neuilléens. « Ici, on passe de génération en génération, chez les propriétaires comme chez les clients », confie l'homme de 69 ans, en veste de tweed verte, accompagné de son fils.

    Le comédien Smaïn, cousin par alliance de Pierre Innocenti, est aussi venu apporter ses condoléances. « Qu'il ait été happé par cette ignominie est une telle injustice, déplore-t-il. On est tous tétanisés. »