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Rencontre avec Nairone, l’homme derrière la Wolfpack Edition 2015

La semaine dernière, Eristoff organisait une soirée pour célébrer la sortie de sa bouteille en édition limitée, la Wolfpack Edition. Le rendez-vous était donné au Ground Control, le bar éphémère de la rue Ordener, dans le nord de Paris. Un spot au bord des rails, dans un ancien dépôt de la SNCF dans lequel on a pu croiser du beau monde.

L'occasion, aussi, de discuter enfin avec l'un des principaux artisans du design de cette bouteille : le street-artist français Nairone.

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Salut Nairone, tu peux te présenter ?

Je viens du Nord. Je suis arrivé à Paris il y a trois ans. Je suis arrivé à Paris pour faire les Gobelins et deux mois après, j'ai arrêté et je me suis lancé. Parce qu'à peine arrivé à Paris, j'avais déjà eu une demande : j'ai fait des t-shirts pour Oxmo Puccino. J'ai fait beaucoup de trucs dans le rap français : ça a été ma carte de visite. Oxmo, Kerry James, le logo d'Entourage… Après, j'ai fait toute la DA du restaurant Workshop Paris. Ça a vraiment bien marché. On a fait une vidéo qui a bien tourné. J'ai eu pas mal de demandes et à partir de là, je suis parti dans la pub.

Comment tu as rencontré Oxmo ?

Ça remonte à un projet que j'avais fait avec un rapper de Dunkerque, qui avait déjà une bonne exposition. En arrivant à Paris, j'ai fait les visuels pour un projet rap qui s'appelait Le Singe Fume sa Cigarette avec Lomepal, Caballero et DJ Low, du groupe 1995 et quand c'est sorti, ça a fait son petit buzz. Oxmo est passé dans la boîte où ils étaient imprimés, et il m'a contacté. C'est parti de là.

Du coup, là tu t'es dit « j'arrête mes études ».

Voilà. Parce qu'à l'école, je travaillais tout le temps, même pendant les pauses. À midi je mangeais pas… J'ai fait ça pendant deux mois et du coup j'ai préféré lâcher… Pour pouvoir me réveiller à l'heure que je veux !

Tu fais une différence entre le commercial et l'artistique, dans ton travail ?

Non. Je mixe tout. J'aime bien faire ça. J'aime avoir des contraintes, un timing… Là, je viens de finir une toile, je l'ai commencée l'année dernière, en décembre. Comme c'est un projet perso, je faisais ça quand j'avais le temps. C'est bien d'être cadré. Mon premier projet commercial hors du rap, c'était pour Nutella. Après, j'ai beaucoup fait de logos, mais c'est pas ce que je voulais faire. Je savais très bien que c'était qu'une passade, pour aller là où je voulais vraiment aller.

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Et là, tu dirais que tu es là où tu voulais aller ?

Pas encore, mais ça commence. Ça commence.Je veux aller vers un truc vraiment très artistique. Je veux pas faire que de l'illustration, des toiles et tout. Je veux aller beaucoup plus loin, faire des sculptures, des installations dans des lieux, j'ai beaucoup d'idées, mais je laisse le temps, je vais le faire plus tard.

Je veux m'ouvrir à tout. Je me donne cinq, dix ans pour arriver là où j'ai envie. Là, j'ai 24 ans : j'attends de me stabiliser avec moi-même, je suis vraiment freestyle. Mais dès que je peux, je fonce dedans, je me concentre sur moi-même.

Comment tu as rencontré Eristoff ?

John [de HK Corp] m'a appelé l'année dernière parce qu'ils faisaient une soirée…

[John] : Une soirée annuelle que la marque organise, une sorte de contest autour de la caïpiroska. On s'occupait de la DA avec le rosterartistes, musique et visuel.

[Nairone] : Du coup j'ai dû faire une performance en live.

[John] : Puis on a collaboré sur un clip pour Soprano. Nairone faisait une sorte de backdrop complet sur le playback principal du clip.

[Nairone] : Après cette soirée-là, je me suis dit : « Ha j'aimerais bien que ce soit moi l'année prochaine », mais j'ai rien dit à John, j'ai espéré tout seul. Puis au final il m'a appelé. Ce qui est bien, c'est que l'image d'Eristoff, c'est exactement le même état d'esprit que le mien. C'est comme si on me demandait de faire une illustration perso. Aucune contrainte : c'est exactement ce que je fais d'habitude. Donc c'est parfait quoi. C'est parfait.

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Parle-nous du tournage des vidéos (cf. présentées ici)

Ça a duré dix jours. Trois jours à New-York, trois jours à Santa Cruz, trois jours à LA.

[John] : Il a eu la bonne idée de perdre ses papiers.

[Nairone] : Je les ai oubliés dans un bar… avec ma carte bleue ! Du coup j'ai pu faire les vols internes avec mon permis de conduire… Parce que ma carte d'identité était décollée et j'ai recollé le verso à l'envers !

[John] : C'est ça qui est cool avec Nairone : il est hyper libre.

[Nairone] : On a fait de la pêche aux gros avec des Mexicains. Moi je pêchais que les petits trucs. Normalement, tu t'en sers pour pêcher ! Genre des sardines. On s'est retrouvés pendant cinq heures en mer, j'avais jamais fait ça. Je me suis rendu compte que j'avais le mal de mer et chaque fois que je voyais la canne à pêche plier, j'appelais un responsable qui me disait : "c'est un rocher". Du coup, je me suis endormi sur le bateau. Je me suis réveillé tout rouge, je me suis fait chier dessus par les mouettes…

Mais c'était fou. J'étais un peu choqué parce que c'était la première fois que je voyageais. Du coup on est arrivés à New-York et deux heures après, on était chez Travie. On a commencé à se montrer tout ce qu'on avait déjà préparé, parce qu'on avait bossé chacun de notre côté.

Puis quand on est allés voir Jim, on a fait la même chose, mais comme on avait déjà plein de croquis, on a pu dire « OK, toi tu prends autour de l'étiquette, les loups, tout ça. Travie était OK pour être sur le back de la bouteille et moi j'ai fait tout l'univers autour. Jim a fait les quatre loups autour de l'étiquette. C'est lui qui est collé à l'étiquette. C'était impossible de le mettre derrière ou quoi que ce soit ! Même s'il avait pris tout le devant de la bouteille, on aurait dit OK, c'est pas grave on se met derrière !

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Et toi aussi, le travail de Jim…

Ha ben, il y a encore un an, j'ai fait une fresque dans des bureaux, où je m'étais réapproprié la screaming hand de Jim. Mais j'aurais jamais cru le rencontrer et travailler avec lui. J'ai commencé à skater à 11 ans et je trainais qu'avec des grands qui m'ont montré son taff, donc j'ai toujours baigné dans cet univers.

Un jour, John m'a appelé. Il me dit : "écoute viens, il faut que je te parle d'un truc." J'arrive, il me dit : "écoute, on va faire ça avec Jim… Tu vas aller le voir chez lui !"
Jim, il était incroyable. Adorable. Franchement, on était reçus comme des princes.

Et vous avez gardé contact après le retour, c'est ça ?

Ouais. J'ai fait un logo pour Travie, qui l'a mis derrière sa scène à New-York, pour plusieurs concerts. Et Jim m'avait proposé de faire partie du group-show pour l'anniversaire de la screaming hand, mais finalement ça s'est pas fait. Mais je suis dans l'optique de faire une petite board. Et puis, j'ai un nouveau projet à San Francisco — je fais la DA d'une boulangerie made in France — je pense louer une voiture et aller lui dire bonjour !

Et qu'est-ce que c'est, cette histoire de hot-dog skate ?

En fait, l'histoire de ce hot-dog skate… Parce qu'il a une histoire, ce hot-dog skate ! J'y accorde beaucoup d'importance. À Santa Cruz, Jim nous a emmenés dans plein de restaurants de mer et moi, j'aime pas le poisson. Donc je prenais que des menus enfants. Je pensais que ça allait être petit alors j'en prenais deux, et là je me retrouvais avec deux hot-dogs dans une baguette ! Du coup tout le monde se foutait de ma gueule. Et à la fin du séjour, on a tous laissé un petit mot à Jim. C'est là que j'ai eu l'idée de ce dessin. Quand je lui ai montré, il m'a dit : "fais-en quelque chose, de ça." Du coup, ça me reste dans la tête. Et si un jour j'ai une expo, je fais un hot-dog skate de 4 mètres de haut !

C'est quoi la suite, pour toi et Eristoff ?

J'ai carte blanche pour les deux prochaines éditions limitées de l'année prochaine. C'est cool, parce que je vois toute l'évolution. Pour cette bouteille-là, je suis carrément allé à l'usine qui imprime le visuel et le colle dessus. On a validé les pantones, on a vu les cylindres, toutes les machines, on a parlé avec les gens… jusqu'à mettre la première bouteille dans une machine et la voir ressortir finie avec l'impression. D'ailleurs, il y en a six qui sont uniques. Je les ai signées sans le sleeve, numérotées en dessous, avec une signature « The Wolfpack » et le nom des artistes. Et on ne sait pas où elles vont se retrouver, entre la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal… Et personne n'est au courant !

Nous vous rappelons que l'alcool est à consommer avec modération.