Jean-François Kahn veut bouleverser la presse hebdomadaire. Le journaliste, qui vient de fêter ses 75 ans, a conseillé l'équipe de Marianne pour créer un Nouveau Marianne, qui sort en kiosques samedi 29 juin. C'est une refondation. Il veut tenter ce que Jean Daniel a fait en lançant Le Nouvel Observateur en 1964, à partir de France Observateur, rien que ça…
"Le news est mort ! proclame-t-il. Je suis d'autant mieux placé pour le dire que j'ai participé au lancement du premier news français, quand Jean-Jacques Servan-Schreiber a refondé L'Express en s'inspirant des magazines américains."
Il y a deux ans, en pleine crise de la presse, le fondateur de L'Evénement du jeudi a commis un texte de 40 pages, essayant d'imaginer à quoi pourrait ressembler un hebdomadaire à l'heure d'Internet. Il a fait circuler cette copie autour de lui, la distribuant à quelques patrons de presse. Aujourd'hui, il applique son projet à Marianne, dont les ventes en kiosques ne cessent de baisser (– 9,6 % en 2012). Maurice Szafran, PDG du titre, a fait appel à lui.
Premier constat : le titre unique de couverture, qui est la marque du news, ne fonctionne plus. "Les "unes" sur l'immobilier, les francs-maçons ou Hollande sont dépassées. Elles tournent en rond et surtout elles ne montrent pas toute la richesse du magazine. Il faut une couverture à cinq titres, pour donner chaque semaine cinq bonnes raisons d'acheter le journal."
"POPULAIRE ET ÉLITISTE"
Autre faiblesse des news : le rythme monotone, qui comprend des articles courts au début, puis une succession d'articles longs. "Il faut rompre avec cela. Le rythme du Nouveau Marianne est électrisé. Quatre pages au début, qui ne sont pas seulement un sommaire, mais comprennent des scoops et des prises de position. Des pages de faits divers, car il faut réhabiliter le bon fait divers, bien écrit. Des pages idées, des articles didactiques."
Le news traditionnel souffre d'une contradiction majeure, pour Jean-François Kahn : "Il est à la fois putassier et élitiste." "Putassier" par ses couvertures racoleuses, "élitiste" à travers le lectorat qu'il vise pour séduire les annonceurs. "Le Nouveau Marianne veut faire la preuve qu'il est possible d'être en même temps populaire et élitiste, de réconcilier les deux."
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