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Elections régionales : la débâcle des écologistes

Europe Ecologie-Les Verts a perdu près de la moitié de son électorat au premier tour. En 2010, ils s’étaient imposés comme la troisième force politique du pays.

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Publié le 07 décembre 2015 à 04h49, modifié le 07 décembre 2015 à 11h10

Temps de Lecture 4 min.

Emmanuelle Cosse à son QG de campagne, le 6 décembre.

Il est 20 heures, dimanche 6 décembre au siège parisien d’Europe Ecologie-Les Verts, et les écologistes découvrent, accablés, les estimations du premier tour des régionales. Il y a d’abord le choc de voir le Front national terminer en tête dans six régions. « C’est un triste moment pour la politique, se désole Pascal Durand, député européen EELV. Il y a une désespérance dans ce pays et une incapacité de la classe politique à y répondre. »

Les scores attribués aux écologistes plombent encore un peu plus l’ambiance. Sur l’écran géant installé au milieu de la pièce, défilent les régions et leur lot de mauvaises nouvelles. C’est la dégringolade pour le parti d’Emmanuelle Cosse. En 2010, avec 12,18 % des voix, ils s’étaient imposés comme la troisième force politique du pays, devant le Front national. 263 conseillers régionaux étaient venus grossir les rangs du parti. Cinq ans plus tard, seuls ou avec leurs alliés, ils comptabilisent 6,81 % des voix. Des résultats qui sonnent comme un avertissement pour 2017, les écologistes ayant été incapables d’établir une stratégie nationale. « C’est une des difficultés de notre fonctionnement interne : avoir des offres politiques différentes ne permet pas d’avoir un message suffisamment lisible », reconnaissait dans la soirée la patronne des écolos, Emmanuelle Cosse.

« Aucun regret »

Mais les faits sont là : quand ils étaient au-dessus de 10 % des voix dans douze régions il y a cinq ans, ils ne franchissent ce cap que dans une région cette année. Ils sont même sous la barre des 5 % nécessaires pour pouvoir fusionner dans deux : Bourgogne-Franche-Comté et Nord-Pas-de-Calais-Picardie. De quoi sérieusement grever des finances déjà très mal en point. A 18 h 30, un point téléphonique a été organisé entre Emmanuelle Cosse, la direction du mouvement ainsi que les parlementaires et les têtes de liste. De quoi mettre au point les éléments de langage que chacun développera plus tard. « Notre score baisse mais ne s’effondre pas », indiquera ainsi la secrétaire nationale dans une courte déclaration prononcée au siège du parti. Cette dernière assure aussi n’avoir « aucun regret » quant au refus des écologistes de s’inscrire dans des listes d’union dès le premier tour avec le PS. « Cela n’aurait rien changé au score du FN », veut-elle croire.

En Ile-de-France, Mme Cosse, qui était tête de liste régionale, obtient 8,03 % des voix. Si la secrétaire nationale d’EELV parvient à faire légèrement mieux que ce que lui annonçaient les derniers sondages et se positionne devant le Front de gauche, elle perd près de neuf points par rapport au score réalisé par Cécile Duflot en 2010. La patronne des écolos paie une campagne difficile depuis l’été. Mme Cosse avait refusé une alliance avec le Front de gauche et préféré Cap 21, la formation de Corinne Lepage, pour miser sur « le rassemblement des écologistes ». Mais le départ fracassant début septembre de Jean-­Vincent Placé, coprésident du groupe écologiste au Sénat, et de ses amis partis rejoindre le socialiste Claude Bartolone, a mis à mal sa stratégie.

Les attentats du 13 novembre ont compliqué sa campagne, comme celle des autres écologistes, en mettant au premier plan les questions sécuritaires qui n’étaient pas vraiment en bonne place dans leurs programmes. Quant à ceux qui espéraient capitaliser sur la conférence mondiale sur le climat à Paris pour valoriser leurs solutions, ils en ont été pour leurs frais. La COP21 est passée au second plan et les écologistes n’ont pas réussi à se faire entendre sur le sujet. Autre déception : les régions où EELV avait choisi de s’allier à tout ou partie du Front de gauche pour tenter d’incarner l’alternative au PS. En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où l’union n’a été possible qu’avec le seul Parti de gauche – sans les communistes –, le résultat est même sans appel. Sandrine Rousseau réalise 4,83 % des suffrages et termine derrière le PCF. En Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Charles Kohlhaas n’engrange que 6,90 % des suffrages alors qu’en 2010, Europe Ecologie avait décroché en Rhône-Alpes son meilleur score avec 17,82 %.

Des militants écologistes au QG de campagne d'Emmanuelle Cosse, le 6 décembre.

« Toutes les mesures nécessaires »

Même lorsque les écologistes et l’ensemble du Front de gauche ont su se rassembler, ils ne parviennent pas à faire la démonstration de leur efficacité. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la liste emmenée par Sophie Camard n’a pas su s’imposer (6,54 %). Quant à Gérard Onesta, s’il réalise le meilleur score d’EELV en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon avec 10,26 % des voix, il est loin de ses ambitions de passer devant le PS. En 2010, il obtenait 13,46 % des voix en Midi-Pyrénées sous les seules couleurs d’Europe Ecologie.

Dès les résultats connus, Mme Cosse a souhaité le « rassemblement de la gauche et des écologistes ». « La situation est légèrement différente de celle de 2010 où le PS était en position de force, note David Cormand, chargé des élections. Aujourd’hui, il ne pourra gagner seul aucune région. » Dans les régions où le FN est bien placé pour l’emporter au second tour, la patronne des écolos a appelé les têtes de listes EELV à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour faire battre le parti d’extrême droite, « y compris le désistement ». Une déclaration de pure forme : les scores des listes EELV ne leur permettaient pas de se maintenir. « Les électeurs ont tranché pour nous », constate, sonné, M. Durand.

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