Dans Manhattan, les territoires sont bien définis, rue par rue. Ils sont délimités par l’intimidation et les menaces, et redéfinis quand celles-ci sont mises à exécution. On ne parle pas de gangs, ou d’une suite moderne de la guerre des Cinq Familles. On parle de vendeurs de glaces.
L’improbable histoire de la guerre que se livrent les principales compagnies de vendeurs de glaces, les légendaires ice cream trucks derrière lesquels les enfants courent en criant à la sortie des cours, est racontée par le New York Times.
« Derrière la façade joyeuse, une guerre territoriale, parfois sanglante, couve depuis longtemps entre les vendeurs de glaces pour le contrôle des meilleurs points de vente de la ville. »
On se dit que c’est sûrement exagéré, que les ice cream men, qui font sourire les enfants en leur vendant des glaces (chères, entre 3 et 5 dollars en moyenne, quand même), ne peuvent pas se comporter comme des gangsters. La rivalité entre les deux principales compagnies qui quadrillent la ville, Mister Softee et New York Ice Cream, est pourtant réelle, et bien sérieuse.
Un des vendeurs de New York Ice Cream parle, anonymement, et il faut bien se rappeler qu’il parle de glaces, qu’il vend bien des glaces et pas autre chose :
« De la 34e rue à la 60e rue, d’un fleuve à l’autre, c’est à nous. Vous ne verrez jamais un camion Mister Softee dans Midtown. Si vous en voyez un, il y aura des problèmes, et vous ne le verrez plus très longtemps. »
Des coups de batte de baseball, des menaces de mort, des freins de véhicule coupés… le milieu de la glace est parfois sauvage, et « depuis des décennies », rappelle le journal. Des épisodes horribles entrés dans la légende, tel celui de « ce conducteur de Mister Softee kidnappé et dont des rivaux firent exploser le camion en 1969 ».
En 2010, quand les portables se démocratisent, une bagarre entre vendeurs concurrents est filmée au cœur de Manhattan. Six ans après, les incidents médiatiques sont moindres, mais l’intimidation perdure.
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