Il est des écrivains que l'on souhaite désespérément remercier pour nous avoir fait passer un moment de bonheur totalement inespéré en ces temps de pluvieuse grisaille. Martin Page est de ceux-là. Remarqué dès la sortie de son premier roman (Comment je suis devenu stupide, paru au Dilettante en 2001), ce tout jeune écrivain s'essaie cette année à la nouvelle, et ce pour notre plus grand plaisir. C'est ainsi qu'il vient de publier La mauvaise habitude d'être soi aux éditions de L'Olivier. Illustré par Quentin Faucompré, ce livre se présente comme un recueil de sept histoires oscillant entre nouvelles et mini huis clos que l'on imaginerait facilement faire l'objet d'adaptations théâtrales, en particulier les quatre premières. Au programme, introspection, réflexion mais aussi mort, disparition, incompréhension et mélancolie pour des personnages masculins plutôt esseulés en proie à la déréliction. Luttant pour ne pas perdre pied dans un monde qui ne tourne pas bien rond, ces personnages ne sont pas sans rappeler ceux qui peuplent l'univers de Lewis Carroll, évidemment, mais aussi Dino Buzzati ou encore Stefano Benni. C'est amusant, fantaisiste, frais et efficace, et l'on regrette seulement que ce soit aussi court !
F.A.