À quelques mois de l’élection présidentielle, alors que les Français commencent à percevoir les effets pervers de la loi de modernisation de la santé, l’heure est venue de dresser le bilan de l’action de Marisol Touraine. Responsable d’une réforme du système de santé présentée comme un « marqueur de gauche », ministre inamovible, Marisol Touraine est une pièce maîtresse de la stratégie de François Hollande. Son action au ministère de la santé, préparée longtemps avant l’élection du président - voir le rapport de l’ENA 2008 -, aura construit un outil politique marqué par la communication, les falsifications de chiffres et de données, les manipulations. Pour les Français la note risque d’être salée. Diminution des inégalités sociales en matière de santé, lutte contre les inégalités d’accès aux soins : telles sont les bases jetées par Marisol Touraine pour justifier une réforme qui dès lors prenait un caractère d’urgence sanitaire et sociale.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
La chute de la démographie médicale crée chaque jour de nouveaux territoires où le risque sanitaire est constant pour des populations désormais en rupture d’égalité face au soin. Il s’agit d’un péril majeur pour le pays, et quatre années de « politique Touraine » l’ont aggravé. Feignant d’ignorer les causes profondes du problème, la ministre a multiplié les effets d’annonce : contrats de praticiens territoriaux de médecine générale, multiplication des maisons de santé pluridisciplinaires. Mais on chercherait en vain dans son action le moindre début de résolution de la crise annoncée. On trouve maintenant des déserts médicaux sur tout le territoire : zones rurales et semi-rurales, villes moyennes, banlieues difficiles, centres-villes onéreux. C’est la preuve de l’échec de la France à composer avec ses médecins. La rupture de confiance n’a jamais été aussi grave. Le pays voit s’effondrer le nombre d’installations en secteur libéral au sortir des facultés. La profession médicale vieillit : l’âge moyen des médecins est de 53 ans, 27 % d’entre eux ont plus de 60 ans. Les expatriations se multiplient alors même que 25 % des inscriptions ordinales concernent des médecins titulaires d’un diplôme étranger.
Dès 2012, elle brandit son étendard : les « dépassements » d’honoraires, dit-elle. Fidèle à elle-même, elle combat la conséquence du problème sans en rechercher la cause. Elle impose le contrat d’accès au soin, ceci avec le concours de trois syndicats de médecins. Ces derniers voient dans l’opération un moyen de faire bénéficier de dépassements d’honoraires encadrés des médecins qui n’y avaient pas droit, mais ne se rendent pas compte que c’est la porte ouverte à l’installation des complémentaires dans le système. Les contrats responsables qui accompagnent cette réforme sont un cadeau fiscal, financier et politique à un partenaire historique du Parti socialiste. L’accord national interprofessionnel validera quant à lui une promesse du candidat Hollande : la mutuelle pour tous. Comme toujours, la communication est belle, superficielle, outrancière et mensongère.
Il vous reste 55.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.