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Il n'y a pas que les femmes ambitieuses qui sont bloquées dans leur carrière en se heurtant au plafond de verre...

Getty Images/Ikon Images

La voie est décidément bien étroite pour les femmes qui ambitionnent de gravir les échelons au sein d'une entreprise. Non seulement les plus audacieuses se heurtent au plafond de verre, qui les empêchent d'accéder à des postes au sommet de la hiérarchie, mais elles sont déjà dans l'oeil du cyclone dès leurs premières tentatives d'évolution professionnelle. C'est ce que démontre une étude menée par des chercheurs belges (1), dont Ann-Sophie De Pauw, professeure de négociation internationale et de management à l'Iéseg School of Management. Elle nous livre son analyse.

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1200 CV fictifs diffusés en conditions réelles

La méthode pour vérifier cette hypothèse, s'est basée durant l'année 2014, non pas sur un questionnaire, mais sur une expérimentation grandeur nature, en répondant à de vraies offres d'emploi sur le marché du travail. 1200 CV fictifs, présentant de faux candidats de niveau bachelor ou master (bac+3, bac+5) dotés de 4 à 5 ans d'expérience, ont ainsi été envoyés pour des postes qui constituaient une véritable promotion au regard du dernier job occupé. Puis les chercheurs ont pointé et comparé le taux de contacts obtenus avec les recruteurs, selon le sexe du postulant.

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Les femmes davantage écartées pour les jobs "complexes"

Le chiffre est sans appel: une femme a 33% de chances de moins qu'un homme d'être conviée à un entretien d'embauche pour un poste entraînant une promotion fonctionnelle, alors que leurs chances sont quasi égales pour les postes impliquant une promotion managériale.

Le distinguo établi par les chercheurs est important. La 1ère catégorie de promotion, implique un emploi complexe, avec un contenu dense, parfois très technique, en lien avec davantage d'acteurs (consommateurs, clients, fournisseurs , etc.) La 2ème catégorie implique plus d'autorité, de leadership à la tête d'une équipe.

Préjugés classiques et autocensure

Selon Ann-Sophie De Pauw, cette différence de traitement s'expliquerait par les facteurs traditionnels de discrimination, auxquels se heurtent les femmes. Les postes plus complexes sont souvent attribués aux hommes, les employeurs les considérant comme plus productifs, plus directs, plus cartésiens... En revanche, les femmes sont tout autant appréciées pour les postes "d'autorité", car elles sont perçues comme des managers d'équipe et des leaders efficaces, mais aussi plus humaines, plus positives que leurs homologues masculins.

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Les intéressées pourraient être aussi en partie responsables. "Il est probable qu'elles soient moins prêtes à prendre de risques en début de carrière, de peur de peiner à combiner un poste plus élevé avec une vie de famille", avance l'enseignante. Autre possibilité énoncée : intégrant l'éventualité d'une discrimination, elles opteraient d'emblée pour l'évitement.

Une seconde étude, en cours de réalisation par la même équipe, semble corroborer -timidement- toutes ces théories.

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