Partir en vacances quand on est à la tête d'une exploitation agricole n'est pas une mince affaire... Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à s'accorder quelques jours de congés par an. Ils laissent alors les clés de leur exploitation à des remplaçants, à l'image de Claire Le Gallo.
« C'est la meilleure expérience avant de s'installer ! ». Claire Le Gallo a 22 ans. En 2017, elle commencera à travailler avec son père et son frère au sein de l'élevage laitier familial à Baud. En attendant, elle assure des remplacements dans des exploitations du département, via le Seremor (Service de remplacement du Morbihan).
La jeune fille commence à connaître son affaire. Ça fera deux ans en juillet qu'elle accomplit ces missions d'intérim dans des élevages porcins et laitiers.
« Je voulais acquérir de l'expérience, voir différentes façons de travailler et différents matériels avant de m'installer », explique celle qui a un bac technologique et un BTS élevage en poche. « Au début, c'est stressant. Maintenant, j'ai l'habitude. Il faut savoir s'adapter. Je suis confiante et contente de découvrir chaque fois autre chose ».
Et si « les salles de traite se ressemblent, les matériels et les façons de faire ne sont pas du tout les mêmes d'une exploitation à l'autre ». La passation s'effectue en une demi-journée. « Le matin en général, pour l'alimentation et la traite. Le lendemain, on se retrouve seul à gérer l'exploitation ».
Grâce à Claire et ses collègues - le Seremor emploie 95 CDI, 110 équivalents temps plein - les agriculteurs du département peuvent partir en vacances. La continuité est aussi assurée sur leurs exploitations en cas d'accident ou d'arrêt maladie. « C'est 70 % de notre activité », reconnaît Xavier Luherne, responsable territorial chez Seremor. Un service qui connaît un pic d'activité l'été. « Il y a les départs en vacances mais aussi les besoins de main-d'oeuvre en raison des moissons, de la préparation des sols... ». Le Seremor a été créé en 1991. Cette association compte 2.700 agriculteurs adhérents sur l'ensemble du département. Les remplaçants sont employés par le Seremor et mis à disposition des adhérents. « Nous avons tous types de profils chez les remplaçants », explique Xavier Luherne. Des jeunes qui sortent de l'école, des enfants d'agriculteurs, des gens qui se réorientent professionnellement dans l'agriculture - « de plus en plus » -, d'anciens agriculteurs qui n'ont plus d'exploitation... La moyenne de service au sein du Seremor est de trois ans et demi.
Depuis 20 ans qu'il a repris l'élevage familial à Caudan, Pascal Le Heno fait appel au service de remplacement. « Ça permet de prendre des vacances, de faire une coupure, de voir autre chose », explique ce père de famille de trois enfants, seul sur son exploitation laitière. Pascal Le Héno s'accorde deux semaines de vacances par an. En général, en février et l'été. Grâce aux remplaçants, la traite biquotidenne et les soins que nécessitent ses 90 animaux sont assurés.
Il reconnaît que « ce n'est pas forcément facile de donner un élevage comme ça... On a toujours notre téléphone. Le premier jour, on y pense, et puis après, ça va ». Mais « si on ne faisait pas appel à des remplaçants, on ne ferai plus rien ».