"Un bon brasseur se reconnaît à sa pils"... La DH en visite à la brasserie Haacht (PHOTOS & VIDEO)

La brasserie Haacht cultive sa particularité. Bienvenue au pays de la Primus.

Patrick Dath-Delcambe

La brasserie Haacht cultive sa particularité. Bienvenue au pays de la Primus. La statue en bronze d’Eugène De Ro trône à l’entrée de la Brasserie de Haacht, rappel d’une tradition familiale qui ne s’est pas démentie depuis 1898.

Le 14 juin de cette année-là, cet ingénieur spécialisé dans la fermentation lançait son premier brassin, un an après avoir été engagé par la Laiterie de Haecht.

Son petit-fils, Frédéric van der Kelen, âgé de 83 ans, est encore aujourd’hui aux commandes de la Brasserie, dont il tient les rênes depuis 1969.

"Un bon brasseur se reconnaît à sa pils"... La DH en visite à la brasserie Haacht (PHOTOS & VIDEO)
©BAUWERAERTS

"Être brasseur aujourd’hui est bien entendu un défi. Mais il n’est pas du tout dans notre intention de vendre", explique Baudouin van der Kelen, arrière petit fils d’Eugène De Ro.

À la question de savoir si la brasserie Haacht pourrait suivre l’exemple de la brasserie familiale Bosteels, qui s’est adosée au groupe AB InBev voilà quelques mois, la réponse est claire et nette. "Être belges et indépendants est très important pour nous".

Dans un pays où AB InBev, justement, domine le marché de la bière et en particulier de la pils de la tête et des épaules, la brasserie Haacht cultive sa particularité.

D’une part, le groupe n’est pas tourné uniquement vers le marché de la bière, même si l’activité brassicole représente 90 % de ses ventes annuelles d’un million d’hectolitres. "Nous avons aussi en portefeuille des eaux et des limonades. Nous embouteillons également le Pepsi pour l’Horeca", poursuit Baudouin van der Kelen.

L’entreprise vend également 3 millions de bouteilles de vin par an dans l’Horeca, dont le vin dont elle est propriétaire dans le Bordelais, à Saint-Émilion.

Mais la brasserie de Haacht, c’est bien entendu la pils Primus, qui tente de se faire une place au soleil entre les Jupiler, Stella et autre Maes.

Pour cela, Primus cultive sa différence. "La recette n’a jamais changé alors que la plupart des pils sont devenues de plus en plus sucrées", souligne Lien Meeus, Brand Manager.

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C’est ce qui plaît aux amateurs de la Primus. "Nos consommateurs veulent un produit de caractère", explique encore Baudouin van der Kelen. Leur fidélité est importante, ce qui permet à Haacht de ne pas devoir rivaliser avec les promos parfois canon de la concurrence. "Nous voulons offrir un produit de qualité plutôt que de brader le prix avec des offres promotionnelles importantes, même s’il nous arrive de proposer 4 bouteilles gratuites par casier".

"Un bon brasseur se reconnaît à sa pils car on remarque directement le moindre défaut", poursuit le directeur marketing.

La brasserie d’Haacht propose également d’autres bières renommées, comme la Tongerlo et l’Ommegang.

La Tongerlo a par exemple été élue meilleure bière au monde. "Des concours, il y en a des sérieux et des moins sérieux. Notre distinction nous a été accordée par l’un des plus importants".

La bière est peu alcoolisée, à 6 % d’alcool. Cela correspond à l’évolution de l’attente des consommateurs qui souhaitent des bières moins alcoolisées. C’est pourtant plus difficile à réaliser. "Il est très difficile de brasser une bière spéciale peu alcoolisée. Et puis, il ne faut pas oublier que l’alcool peut cacher les imperfections".

"Un bon brasseur se reconnaît à sa pils"... La DH en visite à la brasserie Haacht (PHOTOS & VIDEO)
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Dans la cour de la brasserie, un camion aux couleurs de la Primus s’ébroue. Un autre suit rapidement. Eugène De Ro les suit-il du regard ?

La SUPER 8, entre tradition et innovation

Haacht lance une nouvelle gamme, dont une IPA plus accessible.

La tradition est elle aussi bien présente dans la nouvelle gamme de bières que la brasserie de Haacht veut proposer : il s’agit de la gamme SUPER 8, le nom que portait la pils brassée par Haacht avant de devenir la Primus dans les années 70.

La gamme SUPER 8 doit à terme proposer 8 nouvelles bières. "Nous en proposons d’ores et déjà. Les autres suivront dans les mois et les années à venir mais il n’y a pas de calendrier précis", souligne Lien Meeus. "Notre ambition est de développer des bières de style. C’est un défi pour nous".

"Nous voulons apporter une petite touche d’originalité à des types de bières qui sont appréciés", remarque Baudouin van der Kelen.

La première, c’est une IPA, une gamme de bière tendance depuis quelques années. "D’autres peuvent aller les chercher à l’étranger. Nous préférons la faire à notre manière".

En fait, une IPA est une bière avec beaucoup de houblon. Le degré d’amertume se décline en EBU, pour European Bitterness Unit. Les IPA affichent généralement un EBU compris entre 40 et 60. "Il faut vraiment être un amateur pour apprécier une telle amertume".

La SUPER 8 IPA de la brasserie de Haacht propose pour sa part un EBU de 30, de quoi la rendre plus accessible. "Elle est assez bien équilibrée", explique Lien Meeus. Elle propose des touches d’agrumes et de pamplemousse, qui proviennent en fait des différents houblons utilisés.

L’autre nouveauté, c’est la SUPER 8 Export, qui a pour objet d’intégrer le rayon des bières sans gluten. "C’est une bière née dans les années 20 à laquelle nous avons apporté une petite touche de houblon supplémentaire". Cette pils a une plus faible teneur en alcool (4,8 %) que la Primus (5,2 %).

Il ne reste plus qu’à compléter la gamme.

Trois bières à la loupe

Une bière au curcuma

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©D.R.

La Curcu est une bière artisanale et 100 % bio. C’est aussi une bière au curcuma, qui aide notamment à lutter contre le stress. Pour le moins étonant comme breuvage. C’est Joseph Gottal qui en a eu l’idée. Il a mis au point une poudre à base de curcumine, le principe actif de la curcuma. "Cette molécule de curcumine, seule, ne pénètre pas dans le sang. Pour l’y aider, il faut l’associer à d’autres ingrédients". Quand il est parvenu à ses fins, Joseph Gottal a d’abord pensé l’utiliser pour en faire un soda. Ce sera finalement une bière brassée par la Binchoise. "Chaque brassin est de l’ordre de 7,5 hectolitres, soit 2.000 bouteilles. Notre ambition est de réaliser un ou deux brassins par mois". Joseph Gottal ne tarit pas d’éloge sur la Curcu. "C’est une blonde couleur or proposant un degré d’alcool de 6,5 % qui possède juste ce qu’il faut d’amertume". C’est aussi "une bière de soif", c’est-à-dire "qu’elle étanche la soif mais demande à en reprendre". La bière est disponible dans la région de Dinant et dans des magasins bio. Joseph Gottal pense beaucoup à l’exportation. "Le marché est très difficile en Belgique". Surtout, il pense avoir une longueur d’avance. "Il n’est pas facile de maîtriser cette molécule, ce qui me donne une longueur d’avance".

La Chimay a un concurrent à Chimay

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Les moines trappistes de l’abbaye de Scourmont ne sont plus les seuls à brasser de la bière dans l’entité de Chimay. Dans le petit village de l’Escaillère, le point culminant du Hainaut à 361 mètres, Jean-Pierre Balcaen, Mouscronnois d’origine, s’est aussi lancé dans la production de bières. Il vient même de se lancer dans la production de bière à plus grande échelle, après avoir effectué des brassins pour son plaisir et celui de ses amis et voisins. "J’ai demandé toutes les autorisations possibles. Je ne voulais pas avoir d’ennuis", explique-t-il.

La gamme de bières de la brasserie l’Escaillone est déjà assez large. À côté de deux bières permanentes de type triple, Jean-Michel Balcaen propose des bières de saison. En mai prochain, ce sera la Gratouille, une bière à base d’orties. À l’automne, ce sera une bière à la fleur de sureau.

"Nous produisons au fur et à mesure de la demande", poursuit-il. "Nous essayons d’avoir un millier de bouteilles de chaque bière en réserve". Ce retraité produit avant tout pour son plaisir, et celui de ses clients. "Si demain je ne gagne pas d’argent, ce n’est pas dramatique". Ses bières sont actuellement disponibles dans la région de Chimay et de Couvin. "Si nos bières ont plus de succès, il faudra envisager d’aller plus loin".

La Tripick, belge et festive

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C’est tout d’abord l’histoire d’un trio d’amis, Fréderic Ambroise, Nicolas Leonard et Emmanuel Mewisse, qui ont eu l’idée de créer leur propre bière. C’est ensuite l’histoire d’une région, l’Ardenne, dont les trois compères sont particulièrement fiers. Et dans cette région, le pic-vert est un oiseau bien connu. Vous brassez le tout et vous obtenez la Tripick, avec "Tri" pour le trio d’amis et "Pick" pour pic-vert, un oiseau dont le bec se retrouve dans le "T" de cette nouvelle bière. "C’est une bière belge et festive faite à Liège", expliquent-ils. À Liège, où l’on sait faire la fête. La Tripick se décline en bière blonde titrant à 6 % d’alcool en en une bière de type blonde titrant cette fois à 8 % d’alcool. Vous la trouverez dans les bars et les caves de la région de Liège - là où l’on sait faire la fête -, mais aussi dans les Distri Boissons du Hainaut. Elle devrait aussi débarquer prochainement dans la grande distribution.

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