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Les histoires d’amour ne commencent pas sur Internet, en général

Parmi les personnes ayant connu leur conjoint actuel récemment, moins de 9 % l’ont rencontré par le biais d’un site, selon une étude de l’INED.

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Publié le 09 février 2016 à 20h14, modifié le 10 février 2016 à 11h33

Temps de Lecture 3 min.

Ils promettent l’amour à grands coups de campagnes publicitaires accrocheuses, et publient des chiffres aussi vertigineux qu’invérifiables sur le nombre de leurs utilisateurs… Au point que peu à peu, la croyance se répand que les sites de rencontres amoureuses sont devenus un moyen privilégié de trouver l’âme sœur. Une enquête de l’Institut national d’études démographiques (INED), publiée mercredi 10 février, fournit les premières statistiques fiables sur l’amour en ligne en France. Le phénomène est ainsi ramené à ses justes proportions.

Quelque 7 800 personnes âgées de 26 à 65 ans, représentatives de la population française, ont été interrogées sur leur vie affective en 2013 et 2014 par l’INED et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Parmi elles, 14 % s’étaient déjà inscrites sur un site de rencontre – les applications de rencontre, dont le succès est grandissant, n’ont pas été prises en compte. Le chiffre grimpe entre 16 % et 18 % en incluant une estimation de l’usage des 18-25 ans. Ce qui est loin d’être négligeable.

Mais si leur fréquentation est importante, les utilisateurs y nouent surtout des relations éphémères (sauf pour les couples homosexuels, qui y trouvent souvent des partenaires durables). Parmi les personnes ayant connu leur conjoint actuel récemment, c’est-à-dire entre 2005 et 2013, moins de 9 % l’ont rencontré par le biais d’un site.

« Il y a un effet de génération »

« C’est une minorité significative, mais ce n’est pas devenu un mode de rencontre durable dominant », commente la sociologue Marie Bergström, auteure de l’étude et spécialiste de la formation des couples. Pour trouver un conjoint, les sites arrivent en cinquième position derrière les classiques indémodables que restent le lieu de travail, les soirées entre amis, les lieux publics, et l’espace domestique (chez soi ou chez d’autres).

Parmi les personnes interrogées, 7 % disent avoir connu des relations « moins importantes » par ce biais, de nature amoureuse ou sexuelle. La rencontre numérique serait-elle par nature superficielle ? C’est plutôt que les protagonistes affichent plus clairement leurs intentions. « Il n’y a pas d’ambiguïté sur pourquoi on est là, ce qui facilite les rencontres amoureuses et sexuelles, explicite Mme Bergström. Ce sont aussi des rencontres discrètes, loin du regard de l’entourage. » Ce qui ne veut pas dire que des histoires d’amour durables ne peuvent pas y naître…

L’usage des sites s’est démocratisé : les utilisateurs ne sont plus seulement des cadres vivant en ville. Mais l’enquête révèle des usages très variables selon l’âge, le sexe et le profil des utilisateurs. Les jeunes y ont davantage recours (29 % des 26-30 ans se sont déjà inscrits), contre 12 % à 14 % des 40-50 ans.

« Il y a un effet de génération, commente Mme Bergström. Ce sont des personnes socialisées aux pratiques numériques. C’est aussi un effet d’âge : c’est parmi les jeunes que l’on compte le plus de célibataires. »

Les jeunes hommes y ont plus recours (36 % des jeunes hommes interrogés, contre 23 % des femmes), car ils se mettent en couple stable plus tard et sont donc à la recherche de partenaires. En revanche, la courbe s’inverse en faveur des femmes aux âges plus avancés, car elles sont plus nombreuses à vivre seules.

« Flirter et mesurer son attractivité »

Bien qu’elle soit moins utilisatrice, c’est paradoxalement pour une population plus âgée, composée de personnes séparées ou divorcées, que les sites jouent un rôle de plus en plus important pour trouver un conjoint. Entre 2005 et 2013, 10 % des secondes unions résultent de rencontres en ligne, contre 5 % des premières unions. « Les jeunes sont aussi là pour flirter et mesurer leur attractivité, ils ont de nombreuses autres occasions de rencontres, explique Mme Bergström. En revanche, le cercle relationnel des personnes séparées comporte souvent des individus déjà en couple. Ils ont moins d’opportunités et sont donc plus volontaristes dans leur usage de ces sites. »

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Désormais présente dans la sociabilité amoureuse, la rencontre numérique ne s’est pas pour autant banalisée. Seule la moitié des utilisateurs dit à son entourage s’être créé un profil. « Ce n’est pas considéré comme un bon mode de rencontre, analyse Mme Bergström. On aime se représenter cet événement comme le fruit du hasard ou du destin. Les sites de rencontres ne bouleversent pas les pratiques, mais contredisent cet imaginaire amoureux. »

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