Sans surprise, Benyamin Nétanyahou a exprimé son vif mécontentement, samedi 24 décembre, après le vote, vendredi, par le Conseil de sécurité des Nations unies d’une résolution condamnant la politique de colonisation israélienne. Lors d’une cérémonie retransmise à la télévision, le premier ministre israélien a qualifié cette résolution de « biaisée et honteuse ». « Mais nous la surmonterons, […] cela prendra du temps mais cette décision sera annulée », a-t-il poursuivi.
Pour apaiser la situation, l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Daniel Shapiro, va rencontrer dimanche soir le premier ministre israélien, a annoncé le département d’Etat. M. Nétanyahou s’en est particulièrement pris au « gouvernement Obama », qu’il a accusé d’avoir fait « un coup anti-israélien honteux aux Nations unies ». Le vote a été notamment acquis après la décision des Etats-Unis de ne pas opposer son veto au cours du vote.
Le premier ministre israélien a souligné que M. Obama avait ainsi brisé un engagement américain datant de l’époque du président Jimmy Carter de ne pas « dicter les termes de la paix à Israël au Conseil de sécurité des Nations unies ».
M. Nétanyahou a ensuite ajouté qu’il avait donné des directives à son ministre des affaires étrangères pour qu’il réévalue d’ici un mois « tous les engagements d’Israël avec l’ONU, y compris le financement par Israël d’organismes des Nations unies et la présence en Israël de représentants de l’ONU ». Le premier ministre a ainsi rappelé, dimanche, pour consultation dix ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité qui se sont prononcés en faveur de la résolution : le Royaume-Uni, la France, la Chine, la Russie, l’Egypte, la Nouvelle-Zélande, le Japon, l’Uruguay, l’Espagne et l’Ukraine. Le gouvernement israélien a par ailleurs cessé tout contact, autre que sécuritaire, avec les dirigeants palestiniens, selon le correspondant du Monde à Jérusalem.
« Une défaite pour Israël » selon Trump
Le président élu des Etats-Unis a pour sa part estimé dans un tweet que les négociations de paix étaient rendues « beaucoup plus difficiles ». « Dommage, mais nous y arriverons quand même ! », a-t-il tweeté après le vote.
Avant même l’examen de la résolution, Donald Trump avait estimé publiquement, également par le biais de son compte Twitter, que les Etats-Unis se devaient d’opposer leur veto à cette résolution.
Pour lui, l’adoption constitue « une grande défaite […] pour Israël », qui va rendre « beaucoup plus difficiles » les pourparlers pour parvenir à une paix entre Israéliens et Palestiniens.
« Les choses seront différentes après le 20 janvier », date de son investiture à la Maison Blanche, avait-il prévenu vendredi au sujet des Nations unies, dans un tweet.
Un « grand camouflet » pour Israël
De son côté, l’Autorité palestinienne, au pouvoir en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis près de 50 ans, a estimé vendredi que l’adoption de la résolution était un « grand camouflet » pour l’Etat hébreu. Et le mouvement islamiste palestinien du Hamas a, lui, salué une « évolution importante » dans les relations internationales.
« Le Hamas apprécie la position des Etats qui ont voté au Conseil de sécurité pour le droit du peuple palestinien [à vivre] sur ses terres et ses propriétés », a fait savoir Fawzy Barhoum, porte-parole du mouvement qui contrôle la bande de Gaza.
La Jordanie a également salué vendredi une décision « historique ». « Elle exprime le consensus de la communauté internationale [à considérer] la colonisation israélienne comme illégale et réaffirme le droit historique du peuple palestinien [à vivre] à Jérusalem et sur ses terres historiques », a affirmé le ministre jordanien de l’information, Mohamed Momani.
Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, s’est exprimé sur Twitter et a salué « la résolution rappelant l’importance de la solution des deux Etats, Israël et la Palestine, vivant en paix et en sécurité ». La France va d’ailleurs tenter, une nouvelle fois, de relancer le processus de paix en organisant le 15 janvier une conférence internationale où sont conviés près de 70 pays.
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