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Cette start-up sait transformer en énergie le gaz issu des décharges

La Wagabox produit du biométhane à partir de déchets ménagers issus du site de Saint-Florentin (Yonne) de la Coved.

La Wagabox produit du biométhane à partir de déchets ménagers issus du site de Saint-Florentin (Yonne) de la Coved. - Waga Energy

Waga Energy inaugure en Bourgogne sa première unité de production de biométhane à partir de biogaz issu de déchets ménagers enfouis sous terre. Retraitée, cette énergie alimente le réseau de gaz naturel. Une première.

Après la biomasse, ce sont les ordures ménagères enfouies qui sont exploitées pour produire une énergie renouvelable. C'est ce que réalise la start-up Waga Energy dans ce qu'elle présente comme une première mondiale. Fondée en 2015, elle a inauguré officiellement le 20 avril 2017, près de Saint-Florentin (Yonne) sa première unité d’épuration opérationnelle dédiée au traitement du biogaz produit par les déchets ménagers.

Cette unité, la première du genre en France, produit du biométhane (quasiment) pur. Il est injecté directement dans le réseau de gaz naturel qui alimente les particuliers, à partir du site d'enfouissement de déchets exploité par la Coved (cédée récemment par la Saur à Paprec).

Un projet soutenu financièrement par l'Ademe

Selon l'Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), ce "gisement" de biogaz délivrera l'équivalent de 20 GWh d’énergie par an, alimentant environ 3.000 foyers ou une centaine de bus.

L'agence a soutenu financièrement ce projet à hauteur de 2,28 millions d'euros, via le programme économie circulaire des investissements d'avenir. Le gaz produit se substitue partiellement au gaz naturel importé des pays producteurs, en valorisant une énergie issue de déchets ménagers locaux.

Waga fait du biogaz une alternative au gaz naturel

En 2012, en France, précise l'Ademe, 73% des tonnages de déchets enfouis l’étaient dans une installation valorisant le biogaz sous forme électrique, thermique ou en cogénération.

"Si ce gaz pouvait être directement injecté dans le réseau de gaz naturel, les rendements seraient nettement augmentés. Cependant, en raison des impuretés, du dioxyde de carbone et des gaz de l'air présents dans ce biogaz, le processus d’épuration visant à respecter les contraintes de qualité de l’injection dans le réseau constitue un vrai challenge" expliquait l'agence à propos du projet présenté par Waga Energy.

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- © L'unité de Waga Energy injecte dans le réseau de gaz naturel le biométhane produit à partir de biogaz issu de site de stockage de déchets. Source : Waga Energy

Le défi technologique relevé par la start-up française a consisté à industrialiser un procédé pour réunir pour la première fois deux technologies éprouvées, les membranes et la distillation cryogénique. Leur association permet de purifier le biogaz produit par les installations de stockage de déchets non dangereux (ISDN).

Baptisée Wagabox, son unité "clé en main" produit du biométhane de qualité, suffisamment épuré pour être compatible avec les exigences des opérateurs de réseaux, à un coût a priori compétitif à moyen terme avec le gaz naturel.

Cette exploitation commerciale a, en outre, le mérite de récupérer une source qui, dans le monde, serait à l'origine de 5% des gaz à effet de serre.

Suez est aussi client de la technologie de Waga Energy

Déjà, la start-up va bientôt livrer sa seconde unité Wagabox à Suez sur son site de Saint-Maximin dans l'Oise pour y produire à son tour, courant 2017, du biogaz issu des déchets ménagers enfouis. Les autres sites de stockage de Suez à Chevilly (Loiret) et Conflans-en-Jarnisy (Meurthe-et-Moselle) ont aussi été sélectionnés pour des études de faisabilité afin de valider leur potentiel et le déploiement éventuel de la technologie de la start-up.

"La mise en service de cette solution sur les trois installations permettrait d’augmenter de 20% la production nationale de biométhane" estimait fin 2016 le groupe français.

En attendant que ses projets de valorisation du biogaz des décharges se multiplient, Waga Energy, basée près de Grenoble, est soutenue par plusieurs actionnaires. On trouve à son capital le fonds Starquest Capital, Ovive (PME spécialisée dans le traitement des eaux) et Aliad Venture Capital, le fonds d'investissement d'Air Liquide, puissant groupe qui suit de près l'évolution de la jeune pousse.

Frédéric Bergé
https://twitter.com/BergeFrederic Frédéric Bergé Journaliste BFM Éco