La découverte en 1959 du "sommeil paradoxal", sorte de troisième état du cerveau, avait ouvert la porte sur un domaine entièrement nouveau puisque auparavant, seuls deux états étaient censés exister, le sommeil et l'éveil. Michel Jouvet "était toujours à l'affût des nouvelles recherches, même s'il était très fatigué depuis un an", a déclaré à l'AFP son fils, Philippe Jouvet. Interne en neurologie à Lyon dans les années 50, il séjourne aux États-Unis pour se former et débute ses recherches sur le sommeil. Il étudie l'activité cérébrale d'animaux durant l'éveil et le sommeil, en leur plaçant des électrodes.
La classification du sommeil
"Je me suis rapidement rendu compte qu'il y avait, à côté des phases de sommeil dit lent (déjà décrit), des périodes d'activité rapide qui ressemblaient à l'éveil alors que l'animal ne semblait pas éveillé", racontait-il au Point en 2014. Cet état s'accompagne toutefois d'une absence de tonus musculaire: "C'était donc différent de l'éveil, malgré la présence de mouvements oculaires. C'est pourquoi j'ai parlé de sommeil paradoxal. Et on s'est très vite aperçu que cela correspondait au moment des rêves". En 1961, il établit la classification du sommeil en différents stades: sommeil lent ("télencéphalique", caractérisé par des ondes lentes sur les tracés d'électroencéphalographie) et sommeil paradoxal ("rhombencéphalique"), durant lequel sont enregistrés des mouvements oculaires rapides (d'où son nom en anglais de REM-sleep, REM pour "rapid eye movements").
Médaille d'or du CNRS, Michel Jouvet, qui aurait eu 92 ans le 16 novembre et a longtemps dirigé un laboratoire de l'Inserm à Lyon, avait publié plusieurs livres sur le sommeil et les rêves.
Retrouvez le portrait que lui avait consacré Sciences et Avenir en 2013 :
Michel Jouvet : le portrait publié par Sciences et Avenir by LascarO.Lascar on Scribd