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Catalogne : retour sur trois jours de tensions maximales

CE QU'IL FAUT SAVOIR - Après la journée riche en événements de vendredi, les opposants à l'indépendance ont occupé le terrain dimanche. Si vous avez manqué certains développements ou avez du mal à comprendre où en est l'Espagne, voici un rappel des principaux éléments à retenir.

VENDREDI, MISE SOUS TUTELLE ET DÉCLARATION D'INDÉPENDANCE

» Revivez le direct de la journée de vendredi

• La Catalogne est désormais sous la tutelle de Madrid

Le gouvernement espagnol a été autorisé par le Sénat à intervenir directement dans la région dans des domaines qui ne lui sont habituellement pas réservés, au titre de l'article 155 de la Constitution. Vendredi soir, le premier ministre conservateur a annoncé la destitution du président catalan Carles Puidemont, la dissolution du Parlement régional, ainsi que l'organisation d'élections le 21 décembre.

Samedi, les décrets d'application de cette mesure exceptionnelle ont été publiés. Ils prévoient que Mariano Rajoy et la vice-première ministre, Soraya Sáenz de Santamaría, assument désormais les «fonctions et compétences» du président catalan, sans en avoir, donc, ni le titre, ni la charge. Les porte-feuilles de conseillers de la Généralité - l'équivalent de ministres - seront gérés par les membres du gouvernement de Mariano Rajoy.

• Le Parlement catalan a déclaré l'indépendance

Peu avant la validation formelle de la tutelle de Madrid par le Sénat, vendredi après-midi, les députés indépendantistes ont adopté une résolution déclarant que la Catalogne devient un État indépendant. Cette décision n'est évidemment pas reconnue par Madrid. De nombreux autres États européens ont également fait savoir qu'ils ne reconnaissaient pas cette déclaration et que la situation devait être gérée au sein de l'Espagne.

Pour rappel, la validation formelle de la mise sous tutelle de la région a été décidée après ce vote, mais elle avait été enclenchée bien avant, dès le 21 octobre.


SAMEDI, L'OPPOSITION DE CARLES PUIGDEMONT

» Revivez le direct de la journée de samedi

• Le président catalan destitué appelle à une «opposition démocratique»

Carles Puigdemont lors de son allocution. JORDI BEDMAR/AFP

Sans ouvertement s'exprimer sur sa destitution, Carles Puigdemont a dénoncé, dans une allocution télévisée enregistrée, «une atteinte contre la volonté des Catalans» avec l'article 155, contre lequel il appelle à une «opposition démocratique». Devant un drapeau catalan et un drapeau européen, l'indépendantiste a affirmé qu'il allait «continuer à travailler pour construire un pays libre», invitant les Catalans à «être patients, persévérants et d'avoir de l'espoir» et à refuser la violence.

• Des défenseurs de l'unité de l'Espagne manifestent à Madrid

Des manifestants unionistesse sont réunis à Madrid. JAVIER SORIANO/AFP

Des milliers d'unionistes se sont rassemblés à Madrid, dans le cadre d'un rendez-vous fixé avant la mise sous tutelle et la déclaration d'indépendance, pour «défendre l'unité de l'Espagne» et dire «non» à la sécession de la région. Certains ont brandi des pancartes «Puigdemont en prison».


DIMANCHE, RASSEMBLEMENT UNIONISTE ET MATCH DE FOOT

» Revivez le direct de la journée de dimanche

• Une manifestation anti-indépendance à Barcelone

Les partisans du maintien de la Catalogne dans l'Espagne se sont rassemblés ce dimanche à Barcelone pour une manifestation à l'appel de l'association La Société civile catalane, qui défend le lien entre la Catalogne et l'Espagne. Avec succès puisque la police municipale a dénombré 300.000 personnes, la préfecture, 1 million, et les organisateurs, 1,3 million. L'appel était assorti de deux mots: «coexistence» et surtout «seny», le «bon sens» dont sont censés savoir faire preuve les Catalans. Au début du mois, le mot d'ordre de la manifestation organisée par l'association était déjà «Retrouvons le seny».

• Un match de foot emblématique

Dimanche après-midi se tenait un match de football hautement symbolique entre le Girona FC et le Real Madrid. Le premier est le club de cœur du président destitué Carles Puigdemont, qui fut maire de la ville de Gérone, commune séparatiste où s'est déroulé le match, de 2011 à 2016. Le Real Madrid compte de son côté Mariano Rajoy parmi ses fervents supporters, nombreux en Espagne. Il est par ailleurs directement lié à la monarchie espagnole dans son organisation. C'est le Girona FC qui a remporté la partie (2-1), suscitant une grande ferveur chez ses supporters, qui y ont vu un signe du destin. Carles puigdemont n'a pas manqué de commenter cette victoire, «un bon exemple et une référence pour de nombreuses situations.»


LUNDI, ADMINISTRATION DIRECTE ET PREMIÈRES ANNONCES

» Le direct de la journée de lundi

• Le parquet engage des poursuites pour «rébellion» contre l'exécutif destitué

Comme attendu, le parquet général d'Espagne a requis des poursuites contre l'exécutif catalan pour «rébellion», «sédition» et «malversation», notamment. Il appartiendra à l'Audience nationale, tribunal chargé des dossiers les plus sensibles, de décider si cette plainte est recevable. Le parquet requiert la convocation «urgente» des différentes personnalités dans le cadre des enquêtes, relève El País , et afin d'envisager des mesures préventives. S'ils ne se présentent pas, le procureur demande leur «arrestation immédiate».

La juge saisie sur ce dossier, Carmen Lamela, doit décider si il y a lieu d'inculper. Elle peut retenir l'ensemble des charges ou seulement certaines. Parmi les réquisitions, la rébellion est la plus lourde et peut déboucher sur une peine de 15 à 30 ans de prison. La sédition est punie d'une peine allant jusqu'à 15 ans de prison.

• Carles Puigdemont en Belgique

Le président destitué va-t-il chercher à reprendre ses fonctions? C'est la question que se posaient une grande partie des Catalans et Espagnols, ainsi que les dizaines de journalistes réunis devant le siège de l'exécutif catalan lundi matin, dès 9 heures. Lundi après-midi, le président catalan se trouvait finalement à Bruxelles avec cinq ex-conseillers -l'équivalent de ministres-. D'après la télévision belge citée par l'agence Reuters, le président destitué devait y rencontrer des avocats.

«Nous ne pensons pas qu'il aura les moyens de diriger un gouvernement parallèle» et «nous espérons que l'administration, les fonctionnaires en Catalogne, respecteront les mesures qui ont été prises», déclarait dimanche soir le ministre espagnol des Affaires étrangères. En Catalogne, seuls 9% des fonctionnaires sont employés par le gouvernement espagnol.

• Les partis indépendantistes participertont aux élections

Les direction des formations indépendantistes ERC et PDeCAT ont annoncé qu'elles participeraient au scrutin du 21 décembre annoncé par Mariano Rajoy. La CUP, les indépendantistes anticapitalistes qui disposaient de 10 sièges au Parlement dissout, n'a pas encore exprimé de position. Les indépendantistes se trouvent face à une situation difficile: participer à ce scrutin revient à valider l'attitude de Madrid et, surtout, risquer une défaite, comme le laisse penser un sondage d'El Mundo paru dimanche.

• La crainte de tensions

Après les manifestations des indépendantistes, vendredi, et les multiples rassemblements des unionistes, dont le principal a eu lieu à Barcelone et dont celui de vendredi a été émaillé de violences, la crainte de tensions reste vive. La situation dépend de la façon dont chaque camp va agir. Un haut responsable indépendantiste explique ainsi à l'AFP percevoir le début d'«une espèce de guerre psychologique».

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