Ce samedi 28 octobre, les Islandais vont élire leurs représentants pour la deuxième fois d’affilée de manière anticipée. Le contexte est tendu. En 2016 déjà, le scandale des Panama Papers avait obligé le gouvernement à démissionner après la mise en évidence de liens entre plusieurs ministres et des sociétés offshore.

  • Un crime sexuel à l’origine de la crise politique

Cette fois-ci, tout a commencé en raison d’une affaire d’abus sexuel, explique le site d’information anglophone Iceland Monitor. En effet, une jeune femme de 31 ans, Anna Katrín Snorradóttir, a découvert via les réseaux sociaux qu’un avocat ayant abusé sexuellement d’elle lorsqu’elle était adolescente avait réussi à restaurer son honneur grâce à une vieille loi islandaise.

Cette loi permet aux personnes jugées coupables pour un crime sérieux de restaurer leur honneur une fois la peine purgée. Il suffit pour cela que trois témoins signent une lettre de recommandation.

Avec d’autres femmes victimes de cet homme, Anna Katrín Snorradóttir a, cet été, lancé un mouvement en ligne en faveur de l’abrogation de cette loi.
Au début, on leur a dit qu’il s’agissait d’informations sensibles. Mais, ensuite, la presse et l’opposition politique ont également mis la pression sur le gouvernement. Le mouvement a réussi à obtenir que tous les noms des personnes ayant signé ce genre de lettre soient rendus publics.

Les problèmes du gouvernement sortant ont alors commencé : il a été révélé que le père du Premier ministre, Bjarni Benediktssons (du Parti de l’indépendance, conservateur), avait signé une lettre de recommandation pour un pédophile ayant, pendant douze ans, violé sa belle-fille presque tous les jours.

“Le scandale en soi ne vient pas de la signature du père du Premier ministre. Le coup mortel a été d’apprendre que le Premier ministre savait que son père se trouvait parmi les signataires et n’en a pas informé les autres membres du gouvernement”, explique Eiríkur Bergmann, politologue à l’université de Bifröst, dans le quotidien danois Politiken. Le parti Avenir radieux a alors quitté le gouvernement, qui s’est retrouvé sans majorité.

  • Le scrutin devrait être serré

À l’issue du vote, le résultat sera probablement très serré, estime le site d’information islandais The Reykjavik Grapevine, qui prévoit qu’il faudra au moins trois partis pour former un gouvernement majoritaire. Le dernier sondage relayé par la publication place le Parti de l’indépendance en tête, avec 24,1 % des intentions de vote. Les écologistes seraient en deuxième position. Depuis 2008 et la crise financière qui avait fortement touché l’Islande, le pays a souffert d’une instabilité politique chronique, qui ne semble pas près de s’arrêter.

Une des priorités du prochain gouvernement, quel qu’il soit, sera de réviser la loi par laquelle cette crise a commencé. Elle a déjà été abrogée partiellement le 27 septembre.

  • Un vote, un concert

Afin d’encourager les jeunes à se rendre aux urnes, une association islandaise, Vakan, récompensera ceux qui accompliront leur devoir citoyen en les invitant à un concert avec les meilleurs artistes locaux, relate Iceland Monitor. “L’idée est venue après l’élection de l’année dernière, lors de laquelle le taux d’abstention chez les jeunes a atteint un record historique”, raconte le site d’information. Au départ, les votants devaient prendre un selfie et l’envoyer sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #vakan pour pouvoir assister au concert. La commission électorale a prévenu que l’association pourrait enfreindre la loi avec ce procédé ; le concert sera donc gratuit pour tous.