L’heure est au pragmatisme. Face aux nombreuses critiques et à la montée des populistes dans les sondages, Angela Merkel a décidé de durcir sa position face aux réfugiés. S’il n’est toujours pas question de fixer une limite chiffrée au nombre de personnes accueillies, son gouvernement adopte ce mercredi 3 février de nouvelles règles concernant l’accueil des migrants.

“Le gouvernement veut mieux contrôler l’afflux des demandeurs d’asile et le réduire de manière conséquente, et veut aussi renvoyer plus rapidement dans leur pays d’origine ceux qui se sont vu refuser l’asile”, explique la Süddeutsche Zeitung.

Le regroupement familial restreint

Parmi les mesures sur lesquelles la coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates s’est entendue (et qui devront encore être validées par le Parlement) figure la suspension du regroupement familial pendant deux ans. Le but est d’“éviter que le nombre de migrants se démultiplie à court terme”, relève le quotidien de Munich. Une exception est prévue pour des raisons humanitaires, ce qui concernera notamment les réfugiés syriens.

Les migrants mineurs bénéficieront d’une protection renforcée dans les centres d’accueil : les gérants de ceux-ci devront montrer patte blanche. Ceux qui auront déjà été condamnés ne pourront s’occuper d’enfants et d’adolescents, alors même que 4 800 enfants migrants manquent actuellement à l’appel dans le pays, comme le révèle la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Expulsions facilitées

Les réfugiés n’auront désormais droit à la totalité des aides de l’Etat que s’ils se sont enregistrés en bonne et due forme dans un centre d’accueil. Ils devront également respecter le lieu de résidence qui leur est attribué et ne pas quitter l’arrondissement de leur centre d’accueil. S’ils contreviennent à ces règles, “cela s’en ressentira de manière négative sur les aides et leur procédure d’asile”, détaille la Süddeutsche Zeitung.

Le montant de ces aides a d’ailleurs été revu à la baisse, et les réfugiés devront même participer, à hauteur de 10 euros par mois, aux cours d’intégration, quand ils y ont accès.

Enfin, les obstacles aux expulsions seront réduits : avec moins de contrôles médicaux et une meilleure coopération administrative, la procédure d’explusion ne doit plus prendre que trois semaines. Cela concerne surtout les migrants originaires de pays dits “sûrs”, parmi lesquels seront inscrits l’Algérie, le Maroc, et la Tunisie.

Concernant ces pays du Maghreb, Der Spiegel souligne le rôle joué par les agressions de Cologne où de nombreux témoins avaient décrit les agresseurs comme originaires ‘du monde arabe et nord-africain.

Objectif dissuasion

“Six semaines avant les élections régionales en Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Saxe-Anhalt, le ton se durcit en matière de politique migratoire”, analyse dans un édito le Handelsblatt, qui met à sa une mercredi la “Mission : dissuasion” du gouvernement. “Plus aucun politicien d’envergure ne prononce à Berlin l’expression ‘culture de l’accueil’”, autrefois prônée par le gouvernement, relève le quotidien économique.

Avec les échéances électorales qui approchent, il importe maintenant à la chancelière “de stabiliser son pouvoir, qui s’effrite”. Le Handelsblatt rappelle qu’elle a dit le week-end dernier attendre que les Syriens et les Irakiens rentrent dans leur pays une fois les conflits armés résolus, une phrase “qui aurait été impensable jusqu’à récemment”. Avant de conclure : “Angela Merkel mène la realpolitik avec les dents.”