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Ne pas stéréotyper l'intelligence artificielle

Cofondatrice de la Journée de la femme Digitale,Delphine Remy-Boutang milite pour une intelligence artificielle plus féminine. «La révolution IA sera féminine ou ne sera pas ! », clame-t-elle.

Delphine Remy-Boutang, créatrice de la Journée de la femme.
Delphine Remy-Boutang, créatrice de la Journée de la femme. (Francis Amiand)
Publié le 26 oct. 2017 à 07:23

15,7 milliards de dollars. C'est ce que devrait générer le secteur de l'intelligence artificielle d'ici à 2030, soit un accroissement du PIB mondial de 14 %. Une véritable révolution. Or, constat alarmant, seuls 13,5 % des emplois dans l'intelligence artificielle sont aujourd'hui occupés par des femmes. Pour ne pas céder à la fatalité des 169 ans - nombre d'années estimées avant que nous atteignions enfin la parité - les femmes doivent devenir les architectes du monde de demain et être aux manettes des intelligences artificielles.

Pas de robots sexistes

Pire que la stagnation, isoler les femmes de cette révolution technologique pourrait même faire reculer l'égalité femmes-hommes en accentuant les stéréotypes. Sous prétexte de neutralité mathématique, nous croyons trop naïvement que l'intelligence artificielle oeuvrera naturellement pour un monde plus égalitaire. Mais l'IA n'est pas neutre, et nombre d'expériences l'ont démontré, telles que ce concours de beauté jugé par une intelligence artificielle qui, sur 66 gagnants, a sélectionné 44 personnes à la peau blanche, biaisé par le trop grand nombre de candidats blancs.

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Une intelligence artificielle ne se construit qu'en fonction de la base de données à laquelle elle a accès - par définition limitée - et intègre nécessairement les biais de ses créateurs. Prenons l'exemple des assistantes virtuelles : 6 assistants virtuels masculins étaient listés au concours Miss et Mister Clients 2016 parmi les 39 assistants virtuels présentés. J'ai moi-même une assistante virtuelle au prénom féminin. Mais pourquoi ne pas choisir un prénom neutre comme Dominique ou Claude pour ne pas recréer ces stéréotypes d'antan qui nous enferment et nous empêchent d'avancer. Il y a urgence à réinventer l'imaginaire collectif et cesser de cantonner les femmes à des métiers du passé. Engageons-nous ensemble, femmes et hommes, pour construire un monde meilleur.

Une chance de réécrire notre futur

Ne pas féminiser les métiers liés à l'intelligence artificielle, c'est recréer les biais et les stéréotypes de notre société actuelle et de construire un futur toujours plus inégalitaire. Les femmes doivent se sentir libres d'entreprendre, parce que la liberté d'innover et de créer assure la puissance économique dans ce monde en pleine transformation. Il faut encourager la diversité dans tous les secteurs, car c'est la diversité qui fera la force de l'entreprise. Si nous transmettons le même schéma qu'aujourd'hui à nos robots, nous les transmettons aussi à nos enfants. Nous ne pouvons pas être ce que nous n'avons pas vu.

C'est un cercle vicieux : une petite fille ne décidera pas de devenir codeuse ou PDG si elle n'a jamais vu ou entendu parler de femmes codeuses et PDG. D'où l'importance des rôles modèles. Plus que jamais, il faut montrer que les femmes peuvent être les architectes de ce monde de demain, qu'elles ont une place majeure à prendre dans cette révolution historique. La révolution IA sera féminine ou ne sera pas !

Delphine Remy-Boutang est cofondatrice de la Journée de la femme Digitale, créatrice du Prix Margaret et fondatrice du JFD Connect Club.

Delphine Remy-Boutang

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