COMMUNIQUÉS DE PRESSE

Les disparités hommes-femmes sur le marché du travail en Afrique sont dues à la rareté des emplois, et non à la discrimination, selon une étude de la Banque mondiale

01 novembre 2010




WASHINGTON, 1er novembre 2010 – Les inégalités entre les sexes demeurent une préoccupation sur le marché du travail en Afrique, même si l’on note des variations d’un pays à l’autre. C’est la conclusion d’un nouvel ouvrage de la Banque mondiale intitulé Gender Disparities in Africa’s Labor Market (Disparités entre les sexes sur le marché du travail en Afrique).

 

Selon l’ouvrage, il existe globalement un écart de 17 points de pourcentage entre le taux de participation à la population active des hommes et celui des femmes, situés à 78,3% et 61 % respectivement.

 

Le livre analyse des données issues des enquêtes auprès des ménages collectées au début des années 2000 dans 18 pays africains. Ces données tiennent compte de la dimension genre dans la répartition de l’emploi, du chômage, de l’écart salarial, ainsi que l’impact éventuel du niveau d’études des individus concernés.

 

Ainsi les taux de participation des femmes au marché du travail varient de moins de 40 % en Ethiopie, au Kenya, au Malawi et en Ouganda, à 80 % et plus au Burkina Faso, au Burundi, en Gambie, au Ghana, en Guinée et en Sierra Leone. Pour l’Afrique subsaharienne dans son ensemble, le ratio emploi-population des femmes pendant la période couverte par l’étude était inférieur de 25 % à celui des hommes, soit respectivement 53% et 70 %.

 

Les données indiquent également que dans un certain nombre de pays africains, les femmes ont presque deux fois plus de chances que les hommes de se retrouver dans le secteur informel, et environ deux fois moins de chances d’obtenir un emploi formel que ce soit dans le secteur public ou privé. Bien qu’élevé, l’écart salarial entre les hommes et les femmes varie grandement d’un pays à l’autre. Le ratio de revenu moyen hebdomadaire entre les femmes et les hommes allait de 23 % au Burkina Faso à 79 % au Ghana.

 

Par ailleurs, une segmentation par secteur d’activité montre que 70 % des femmes sont employées dans l’agriculture (contre 64 % d’hommes), 6 % dans de petites industries (contre 13 % d’hommes), et 23 % dans le secteur des services. Globalement, les femmes étaient sous-représentées dans l’industrie et le secteur des services.

 

« Nous avons constaté que ces disparités sont dues en premier lieu à des perspectives d’emploi très limitées, aux différents niveaux d’éducation, aux rapports de force qui existent au sein du ménage et à d’autres variables relatives au capital humain. Par contre, nous avons recueilli peu de données étayant l’hypothèse selon laquelle les disparités observées entre hommes et femmes sur le marche de l’emploi seraient dues à la discrimination », selon Jorge Arbache, économiste principal à la Banque mondiale, rédacteur de cet ouvrage. « Les économies dont le marché du travail est étroit et ne peut offrir des emplois formels qu’à une infime partie de la population sont aussi celles où les disparités entre hommes et femmes sont plus prononcées. Inversement, les pays où le taux d’emploi des hommes était le plus élevé sont aussi ceux qui enregistrent le moins de disparités entre les sexes.  Il apparait donc que la création d’emplois est un préalable essentiel à l’égalité entre les sexes », ajoute-t-il.

 

Selon Ewa Filipak, chef de projet à l’Agence française de Développement et corédactrice de l’ouvrage, « l’accès des femmes à l’emploi est crucial pour combattre la pauvreté et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Non seulement en raison du fait qu’une femme qui occupe un emploi rémunéré contribue de façon directe au bien-être du ménage, mais aussi parce qu’il a été démontré que les emplois bien rémunérés permettent aux femmes de réorienter les dépenses familiales vers les besoins essentiels, notamment la santé et l’éducation des enfants ».

 

L’ouvrage met l’accent sur l’importance du niveau d’éducation pour aider à combler l’écart entre les sexes. Les données de l’étude montrent qu’en moyenne, le ratio des revenus entre hommes et femmes peut atteindre jusqu’à 2,8 chez des individus n’ayant aucune éducation, et diminuer à 0,9 chez ceux qui ont une éducation postsecondaire. Les auteurs recommandent par conséquent aux décideurs d’adopter des mesures ciblées pour faciliter l’accès des femmes à l’éducation, à l’instar de programmes de transferts conditionnels de fonds qui encouragent les familles à scolariser leurs filles.

 

« En Afrique, l’éducation a un effet positif non seulement sur les revenus, mais aussi sur l’équité salariale entre les hommes et les femmes. Plus élevé est le niveau d’études, moins importante sera l’incidence des emplois à bas salaires », souligne Jorge Arbache.

 

Le rapport s’est aussi intéressé à la répartition des emplois par groupes d’âge et trouvé que, en Afrique, les taux d’emploi des jeunes variaient de 15 % à 80 % chez les hommes à 13 % à 73 % chez les femmes, ce qui suggère que les disparités entre les sexes sur le marché du travail étaient généralement moindres chez les jeunes. « Une explication possible est que les investissements dans l’éducation universelle en vue de la réalisation des OMD commencent à porter des fruits », a dit  Alexandre Kolev, chef du programme de développement des compétences à l’Organisation internationale du Travail et corédacteur de l’ouvrage. « Nous avons constaté que les emplois formels privés sont occupés par plus de femmes que d’hommes ayant fait des études de niveau supérieur, ce qui montre que l’accès à ce type d’emplois peut être plus compétitif pour les femmes », conclut-il.

 

Note à l’attention des journalistes : 

L’étude à la base de cet ouvrage a innové en offrant une analyse comparative fondée sur des données d’enquête nationales normalisées et représentatives de la situation dans 18 pays. Ces données ont été extraites d’enquêtes intégrées et pluridimensionnelles menées auprès des ménages en Afrique vers l’an 2000 et harmonisées récemment dans le cadre du Programme d’indicateurs harmonisés basé sur des enquêtes de la Banque mondiale.

 

Les 18 pays africains étudiés sont les suivants : Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire, Cameroun, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Kenya, Madagascar, Malawi, Mauritanie, Mozambique, Nigeria, Ouganda, São Tomé et Príncipe, Sierra Leone et Zambie.

 

Études de cas : Ethiopie, Guinée, Madagascar, Nigeria, République du Congo, Sierra Leone et Tanzanie.

 

Études comparatives de pays : Benin, Kenya, Madagascar, Maurice, Maroc, Ouganda et Sénégal.

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE N° :
2011/153/AFR

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