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Dans une soirée "coach-dating" avec des entrepreneurs de banlieue

REPORTAGE // Séance de street-mentoring, jeudi 22 février, dans un café parisien pour venir en aide à des entrepreneurs novices et porteurs de projet issus des quartiers populaires.

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Jeudi 22 février,19h30, dans le quartier du Faubourg Montmartre, à Paris. Les participants à la séance de street-mentoring, organisée par l'association Start-up Banlieue, se hâtent face à la trentaine de mentors présents à l’événement. (Sala Sall)
Publié le 23 févr. 2018 à 13:05Mis à jour le 27 févr. 2018 à 15:33

Assis face à leur coach d’un soir, Abdoulaye et Chris, 21 ans et 19 ans, écoutent attentivement, l’air confiant, les précieux conseils qui leur sont prodigués. Ils sont venus du Blanc-Mesnil (93) avec une idée d’entrepreneuriat derrière la tête sans savoir si elle est réalisable. Comme eux, ils sont une trentaine ce jeudi soir à avoir fait le déplacement dans un café du 9ème arrondissement de Paris pour rencontrer quinze mentors afin d’être guidés dans leurs projets de création d’entreprise.

Organisé par Startup Banlieue, une association qui ambitionne de lever les freins à l’entrepreneuriat dans les quartiers populaires, l’événement a été l’occasion de réunir entrepreneurs, militants associatifs, salariés du privé ou encore juristes.

“Cultiver leur état d’esprit entrepreneurial”

Une entreprise créée sur deux en Seine-Saint-Denis ne passe pas le cap des cinq années d’existence, selon l’Agence France Entrepreneur (AFE). Le manque de réseau, de financement, de soutien et d’organismes d’aide en sont les principales causes. C’est pour répondre à ces besoins que Startup Banlieue a lancé son “street-mentoring”.

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Le principe est simple : chaque participant dispose de sept minutes pour rencontrer individuellement un certain nombre de mentors et échanger avec eux. Des idées d’aide au financement pour devenir “les loups de la street”, un appui juridique pour être le meilleur “esquive-bourbier” ou encore un coup de pouce sur la communication afin d’être un “expert en boucan” : chaque problème a sa solution. “Notre objectif est de leur permettre de développer des outils et des armes pour cultiver leur état d’esprit entrepreneurial”, explique Faizal Nguyen, président de la toute jeune association lancée il y a tout juste un an.

Des astuces pour mieux pitcher

19h30, un coup de sifflet retenti au sein du Bistrot à deux têtes, dans le quartier du Faubourg Montmartre, à Paris. Lumière tamisée, ambiance détendue, les trente entrepreneurs ou porteurs de projet sont invités à prendre place en face de la table qui porte la lettre que les organisateurs leur ont choisi afin de répondre à leur besoin. 

Debout, au milieu du café, Abdoulaye, 21 ans et Chris, 19 ans, se dirigent vers la table qui porte la lettre L, pour “coaching pitch”. En face d’eux, Ahmet, pull à col roulé et gilet gris sur le dos, il va leur transmettre ses recettes pour “bien vendre leur projet à l’oral”.

Abdoulaye et Chris souhaitent créer leur marque de vêtements streetwear. Ils expliquent d’abord leur projet et très vite la conversation s’installe. “Dites-moi en quoi votre marque sera exceptionnelle ?”, questionne Ahmet. Durant sept minutes les deux jeunes hommes vont recevoir des recommandations pour mieux vendre leur future entreprise.

Des idées pour aller plus loin dans son projet

Trois tables plus loin, à la lettre N, pour “Technologie et innovation” voici Oudy, une étudiante de 23 ans, auteure du blog de mode AfriknTouch, habitante de Savigny-le-Temple (77). Elle fait part de son projet à son mentor Nassim, 35 ans, entrepreneur et co-fondateur de PathMotion, une plateforme qui facilite les échanges entre recruteurs et candidats.

“J’ai créé tout un univers autour de la mode africaine et occidentale que je partage sur les réseaux sociaux et je veux passer un autre cap”, explique la jeune femme. Elle souhaite transformer son blog en site internet en le professionnalisant. Après avoir passé en revue les outils digitaux qu’Oudy utilise déjà, Nassim, lui en cite d’autres. “Il y a beaucoup de solutions techniques qui existent pour faciliter l’ouverture d’un site e-commerce. Certains ne nécessitent pas un grand travail en matière de développement”, l’informe le chef d’entreprise. Le coup de sifflet retentit et c’est déjà la fin des sept minutes. Oudy note rapidement les précieuses informations sur son cahier.

A ses côtés, Rhariba, 47 ans, originaire de Tremblay-en-France (93) et à la tête d’un e-shop d’accessoires de mode, a plus de mal avec les nouvelles technologies. Son mentor Salah Didouche, 28 ans, chef d’entreprise, créateur du Transporteur Du Pauvre, un service de déménagement participatif, la guide et la rassure à la table “Growth & business”. “Pour vendre tes accessoires de mode, si j’étais toi, je me rapprocherai des instagramers  et influenceurs. C’est pas grave si tu ne t’y connais pas. Tu vas vite apprendre”, lui sourit le jeune homme.

20h45, le dernier coup de sifflet retentit déjà. Les participants qui avaient encore des questions à poser sont invités à garder contact avec leur mentor.

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Le mentorat, c'est aussi :
-    L’Institut du mentorat entrepreneurial (IME) du CCI de Paris
-    Le programme de mentorat entrepreneur du MDE Convergence entrepreneur
-    Le réseau d’entrepreneurs Moovjee
-    Réseau M
-    L’association Positive Planet
-    Le programme d’accompagnement à l’entrepreneuriat Les Déterminés
-    Le programme Time2Start

Sala Sall

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