L’Ile-Saint-Denis : un collectif forme les citoyens à l’action non violente

     Le collectif des Désobéissants, basé à l’Ile-Saint-Denis, organise chaque mois des stages de désobéissance civile ouverts à tous.
    Le collectif des Désobéissants, basé à l’Ile-Saint-Denis, organise chaque mois des stages de désobéissance civile ouverts à tous. LP/F. NI.

      Vous apprendrez à résister pacifiquement aux forces de l'ordre ou à tromper les services d'ordre à l'entrée d'une salle de meeting. « C'est simple : il suffit que l'un se jette dans les bras du vigile pour que les autres en profitent pour pénétrer à l'intérieur », explique Rémi Filliau, l'un des trois formateurs du collectif des Désobéissants.

      Basé à l'Ile-Saint-Denis, ce groupe de citoyens engagés - qui revendique un réseau de 15 000 soutiens en France- prône l'action directe non-violente. Et s'en donne les moyens, en organisant chaque mois, comme au Phares ce samedi*, un « stage de désobéissance civile ». « Il s'agit de permettre aux militants portant différentes causes en faveur du bien commun —droits de l'homme, droits sociaux, écologie— de s'organiser pour mener leurs actions », résume Rémi Filliau.

      Près de 2000 personnes ont déjà été formées depuis l'origine du collectif il y a dix ans. Les séances se veulent « très pragmatiques » avec des mises en situation. Exemple avec la technique de la tortue, qui consiste pour un groupe à s'enchevêtrer les bras et les jambes pour ralentir le travail d'évacuation des forces de l'ordre.

      Très visuel, le résultat cherche à toucher l'opinion publique. Mais comporte sa part de risques : « C'est toujours à visage découvert. Nous assumons la répression. L'arrestation fait partie du jeu et se retrouver au tribunal aussi. On s'en sert comme tribune politique. »

      Durant les formations, les stagiaires apprennent à « garder leur sang-froid » : « Il faut connaître ses propres limites dans l'action, lorsqu'on est soumis à un stress, pour éviter la dérive violente », rappelle le militant. Pour les Désobéissants, la mobilisation de masse classique a vécu. « L'action directe est un moyen de lutte plus créatif et plus efficace que la manifestation ou la pétition », estiment ces derniers.

      La lutte peut prendre la forme de fauchage de chaises dans les agences bancaires pour protester contre l'évasion fiscale, ou de dégonflage de pneus pour contester la présence de 4 x 4 en ville. L'actualité détermine souvent l'action : « Ce qui nous préoccupe aujourd'hui c'est l'élection présidentielle, avec la victoire possible de Marine Le Pen (FN) », souligne Rémi Filliau.

      *A partir de 10 heures au 6, rue Arnold-Géraux. Tarif libre. www.desobeir.net. Contact : remi@desobeir.net.