Paris : le graffiti n’a pas que des amis au Champ-de-Mars

Le salon des Antiquaires de Bastille, déplacé pour la première fois face aux pieds la tour Eiffel (VIIe), accueille cette année une exposition de street art. Une initiative qui n’est pas du goût de tous.

 Paris ce mercredi. Pour la première fois, le salon des antiquaires accueille une exposition de street art sur son nouveau site du Champ-de-Mars.
Paris ce mercredi. Pour la première fois, le salon des antiquaires accueille une exposition de street art sur son nouveau site du Champ-de-Mars. LP/A.H.

    D'un côté, les armoires normandes. De l'autre, les bombes de peinture. Le salon antiquités brocante joue cette année au chambouletout. C'est la première fois que ce grand marché de l'art accueille une exposition de graffiti et de street art, dès le premier jour de son ouverture ce jeudi. C'est aussi la première fois qu'il déménage sur le Champ-de-Mars (VII e ), à cause des travaux de réaménagement de la place de la Bastille.

    L'association Graffart, en collaboration avec l'organisateur du salon Joël Garcia, a fait appel à sept artistes pour réaliser plusieurs œuvres sur le thème des Jeux olympiques. Ils ont à leur disposition une fresque de 30 m de long et 2 m de haut, à l'extérieur du chapiteau principal, de part et d'autre de l'entrée.

    Du côté de la mairie d'arrondissement, c'est la surprise. « Nous n'avons pas été consultés sur cette fresque. Nous ne pouvons pas commenter l'exposition, parce que nous sommes, de toute façon, contre la tenue de ce salon. Nous sommes contre les événements commerciaux et les occupations longues du Champ-de-Mars », s'énerve une élue (LR) proche de Rachida Dati, maire du VIIe.

    Loin de cette polémique, Rébus était le premier, la veille de l'ouverture, à sortir ses bombes de peinture. Sur le mur, on devine déjà les anneaux olympiques tenus par Zeus, souverain des dieux de l'Olympe. « On est au salon des antiquaires, alors je suis remonté à l'Antiquité ! Je ne voulais pas heurter le public avec une œuvre trop engagée ». A l'intérieur, Nicholas, un antiquaire, apprécie ce thème gréco-romain. « Si ça avait été plus moderne, j'aurais demandé ce que ça faisait là ».

    Un peu plus loin, Anne, une autre exposante, estime que les graffitis font partie de cette même grande famille qu'est l'art. « Ce n'est pas si différent de notre métier. Dans les antiquités, on trouve aussi de l'arte povera. Ce sont des objets populaires fabriqués à partir de pièces de récupération qui n'étaient pas destinés à durer ».

    A l'entrée du salon, des pancartes retracent l'histoire du street art. Juste à côté, Thierry avoue « ne pas voir le rapport » avec les antiquités. « Les graffitis, j'ai horreur de ça », ajoute-il, même s'il reconnaît ne pas faire la différence entre « tag » et « graffiti ». Cédric Naimi, fondateur de l'association Graffart, est aux anges. « Ça fait débat, et tant mieux ! C'est ça l'art, non ? »