Comment trier les milliers de candidatures à la première année de médecine (Paces) ? Pour cette première édition de Parcoursup, chacune des trente-six facultés de médecine s’est organisée à sa manière pour examiner les dossiers des lycéens désireux de s’inscrire en Paces. Non sans parfois quelques grincements de dents, comme à l’université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.
Le 26 avril, les chefs de clinique-assistants des hôpitaux (CCA), des médecins hospitalo-universitaires non titulaires assurant une vingtaine d’heures de cours par an, ont reçu un e-mail leur demandant de participer à l’analyse – en moins de deux semaines – de 7 300 dossiers de candidatures pour 1 200 places disponibles. Avec pour mission d’évaluer chacun près de 200 dossiers selon une grille préétablie.
Evaluation chronophage
Pour Laurent Gilardin, du syndicat des chefs de clinique et assistants des hôpitaux de Paris, ce processus a été « décidé dans la précipitation, sans concertation et sans formation à la procédure de sélection des étudiants ». Il existe, selon lui, le risque que cette évaluation, chronophage, ne soit pas faite « sérieusement » par des CCA travaillant déjà plus de soixante-dix heures par semaine, et donc que les candidats soient « pénalisés ».
Djillali Annane, le doyen de l’UFR – et par ailleurs ancien conseiller de l’ex-ministre de la santé Marisol Touraine –, assume sa méthode. « La majorité de mes collègues doyens, pour ne pas dire tous, ont choisi de neutraliser la lettre de motivation, dit-il. Nous avons pour notre part considéré que ce n’était pas éthique de ne pas la prendre en compte. »
Aux professeurs de première année d’évaluer les appréciations des enseignants de lycée dans les dossiers des candidats, et aux chefs de clinique, donc, de noter les CV et les lettres de motivation. « Il ne faut pas trois heures pour en lire une, elles font généralement 400 mots et tiennent sur une page », fait valoir M. Annane.
Parmi les critères retenus pour évaluer ces lettres, une grille « assez simple » avec des lettres allant de « A » à « D ». La meilleure note est, par exemple, attribuée à un texte « non recopié à partir d’une lettre type », sans faute de grammaire ou d’orthographe, présentant un « projet professionnel clair, explicite motivé » ou « faisant apparaître la volonté de s’installer dans le bassin de vie ».
Jean Sibilia, le président de la conférence des doyens des facultés de médecine, assure « voir positivement » la solution retenue à Versailles-Saint-Quentin. « La participation des chefs de clinique donne un sens à leur mission et au compagnonnage », dit-il, en annonçant qu’un premier inventaire « quantitatif et qualitatif » des méthodes expérimentées par chacune des UFR sera fait en juin.