Faire de l’entreprise un lieu d’engagement dans la société
Discours à l'occasion du Congrès du Centres des jeunes dirigeants d'entreprise, à Nancy, le 18 mai 2018.

Faire de l’entreprise un lieu d’engagement dans la société

L’entreprise, c’est d’abord un lieu de vie. Un lieu de production certes, un lieu de revendication parfois, un lieu d’insertion, de dialogue, un lieu d’innovation. Un lieu de transmission, d’apprentissage. Un lieu de formation et de réflexion. Un lieu qui n’est ni « anonyme », ni « hors-sol », mais qui s’enracine dans un territoire, dans une culture, dans un environnement. Un environnement « naturel », mais aussi juridique.

Une entreprise jouit donc de droits, et doit en même temps s’acquitter de devoirs. Je ne crois pas aux droits sans devoirs, comme je ne crois pas aux devoirs sans droits. Les uns vont avec les autres. Parmi ces devoirs figurent le paiement des taxes et des impôts. S’y ajoutent la juste rétribution des salariés, le respect, la responsabilité, la diversité. Ce sont ces valeurs que nous devons faire vivre au quotidien si on veut que les Français aiment leurs entreprises.

La première façon consiste à mieux associer les salariés aux résultats et à la marche de leur entreprise.

Le premier outil, c’est la participation et l’intéressement. Aujourd’hui, seule la moitié des salariés bénéficie d’un dispositif d’épargne salariale. On doit pouvoir faire beaucoup mieux. Et on va faire mieux, en actionnant notamment deux leviers.

  • Un levier incitatif. Le président de la République l’a annoncé : nous allons supprimer le « forfait social » (c’est-à-dire les charges) sur l’intéressement versé aux salariés pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés. L’objectif c’est d’au moins doubler le nombre de bénéficiaires dans les PME.
  • Le second levier, c’est celui de la simplification. L’idée c’est d’éviter à un dirigeant de PME de mobiliser avocat et expert-comptable pour mettre en place un accord d’intéressement.

Le deuxième outil « d’association », c’est l’actionnariat-salarié. Un actionnariat qui se concentre dans certains secteurs et dans les entreprises publiques. Pour le diffuser plus largement, nous allons diviser par 2 le taux de forfait social qui s’applique aux versements de l’employeur dans les plans d’actionnariat salarié. Parce que c’est juste. Parce que c’est sain. Et que je ne connais pas d’actionnaires plus stables, plus fidèles et plus soucieux du long terme, qu’un salarié.

Le troisième outil d’association, c’est le renforcement de la place des salariés dans la gouvernance de l’entreprise. Les administrateurs-salariés ont montré qu’ils apportaient une contribution précieuse. Précieuse parce que nourrie de leur connaissance des métiers et de l’histoire de l’entreprise. Leur présence, dans le respect des missions et des règles de fonctionnement du conseil, permet également de renforcer l’engagement des salariés et l’adhésion aux orientations stratégiques de l’entreprise. Nous renforcerons donc la représentation des salariés au conseil d’administration des entreprises de plus de 1 000 salariés, en prévoyant la présence de 2 administrateurs salariés à partir de 8 administrateurs non-salariés au conseil.

Deuxième façon de défendre ces valeurs : faire de l’entreprise un lieu d’engagement dans la société.

Pour incarner cette ambition, pour lui donner corps, nous allons l’inscrire noir sur blanc dans le code civil en introduisant dans la définition de l’entreprise, la considération des enjeux sociétaux et environnementaux. Et pour les entreprises qui le souhaitent, nous leur donnerons la possibilité de définir leur « raison d’être » et de la formaliser dans leurs statuts.

« Enraciner l’entreprise dans la société » c’est aussi lui faire partager ses combats, ses valeurs et faire en sorte qu’elle lui ressemble. Parmi ces combats, il y a évidemment l’égalité homme-femme. L’objectif est simple : résorber d’ici 3 ans l’écart salarial qui existe entre les hommes et les femmes pour des postes équivalents. Je sais que beaucoup d’entreprises en ont conscience et feront le nécessaire. Pour celles qui en auraient moins conscience, les contrôles de l’inspection du travail et les sanctions seront là pour rappeler qu’il s’agit d’un objectif non négociable.

Ces « combats partagés », c’est également celui de l’insertion des travailleurs en situation de handicap. Celui de la diversité des profils et des compétences. Des profils, des compétences qu’on doit aller chercher là où ils se trouvent, en « regardant un peu plus loin que nos préjugés », c’est-à-dire du côté des quartiers sensibles. Le 1 avril dernier, nous avons lancé l’expérimentation du nouveau dispositif sur les emplois francs. Un dispositif qu’on a simplifié et massifié. Parce que nous croyons à la main tendue. Nous croyons à la preuve par l’exemple, à la confiance et à la chance qui est donnée.

Enfin, le temps est venu de briser un peu la glace entre l’entreprise et l’école. D’instaurer un dialogue régulier, respectueux, entre ces deux mondes autour d’un objectif commun : l’avenir de nos enfants. Il existe une étape qu’on peut sans doute mieux réussir : celle du stage de découverte professionnelle en classe de 3è, souvent un « passage obligé » qui n’emballe ni l’élève, ni l’enseignant, ni le tuteur. Pour que ce stage fonctionne pleinement, pour qu’il soit une vraie aide à la réflexion et un vrai moment-clef pour le stagiaire, nous avons besoin de l’engagement des chefs d’entreprise, de vous. Nous avons besoin que vous acceptiez dans votre entreprise, de jeunes collégiens si possible qui ne viennent pas de votre entourage proche. Ça n’est pas interdit. Mais il faut aussi faire de la place à d’autres qui n’ont peut-être pas les contacts nécessaires pour accéder à vous.

L’entreprise est certes souvent le résultat d’une démarche individuelle, mais elle est d’abord et avant tout, une aventure collective. C’est sur cette dimension que nous voulons insister aujourd’hui.


赵云

外贸经理 - Changzhou Southern Electronic Element CO., Ltd

3y

Great speech

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CFE-CGC des CCI

Vos délégués syndicaux de la CFE-CGC du réseau consulaire (CCI) !

5y

Les CCI sont un lieu neutre qui permet aux jeunes et moins jeunes dirigeants d'entreprise de trouver des informations precises au moment ou ils en ont besoin. Nous animons des ateliers toute l'annee pour qu'ils puissent se professionnaliser, echanger et progresser...

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sahida Al-benniou

Consultant confidentiel bei sahida benniou

5y

Et comment doit on faire pour qu'un français aime son pays???? Ece normal qu'on supprime des droits rsa a une mère et qu'on s'arrange pour bloquer sa carrière professionnelle via la formation ou l'emploi qu'on attaque sa stabilité en bloquant sont droit au logement...etc.... Ou est la France en matière de droits et en matière d'emploi c plutôt le management capitaliste ,division ,individualisme,exploitation C global Si le respect d'une personne est toujours matière dans la discrimination a moins d'avoir des milliards et d'être sujet du roi comme disait Voltaire ,en France c malheureusement un parlement des droits de l'homme a Strasbourg qui sert plus de levier stratégique internationale de pression que dans son rôle primaire de lutte des droits en local et national et ensuite internationale. J'ai tellement parcouru ce magnifique bâtiment qui malheureusement n'a aucune âme dans son rôle ...

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