Vers 9 h 20, Mark Williams, Guyanien de 36 ans, est entré précipitamment. « Il vociférait » , a expliqué le procureur Ivan Auriel. À peine une minute plus tard, arrivait Dion Marks, lui aussi Guyanien de 37 ans. Le second a commencé à donner des coups de poing au premier.
Tout ça s'est produit sous les yeux d'une dizaine de personnes qui attendaient leur tour pour déposer plainte. Et puis soudain Dion Marks a sorti un couteau de cuisine, du genre de celui qu'on utilise pour découper la viande. Mouvement de panique parmi les témoins réunis dans ce hall exigu. Ils se sont massés devant deux des trois sorties. Pendant ce temps-là, les deux Guyaniens continuaient à se battre contre la troisième porte. D'ailleurs sous leur poids, elle a fini par s'ouvrir, elle qui était pourtait verrouillée.
Les policiers de la Bac (brigade anticriminalité) ont eu toutes les difficultés à se frayer un chemin à travers les témoins paniqués pour arriver jusqu'à l'homme au couteau. Quand ils sont parvenus à le maîtriser, il avait déjà donné au moins trois coups à Mark Williams, dont un dans le cou, les autres dans le thorax. Il était étendu entre le hall et la cour du commissariat. Malgré leurs efforts, les pompiers et le Smur n'ont pas pu le réanimer. Il a été déclaré mort à 10 h 15. Le parquet a ordonné une autopsie.
Dion Marks a été placé en garde à vue. C'est la police judiciaire de Cayenne qui a hérité de l'enquête et qui, donc, l'interrogera.
On ne sait pas trop comment sont nées les tensions entre les deux Guyaniens. Selon le parquet, la bagarre aurait commencé au marché aux poissons hier matin pour se poursuivre à la place des Palmistes pour se terminer de la manière que l'on sait à l'hôtel de police.
Dans une conférence de presse organisée au sein du commissariat moins de deux heures après le drame, le procureur a parlé d'un « événement exceptionnel au sein d'un commissariat » et a rappelé qu'il était « difficile de filtrer les personnes » s'y présentant. La commissaire Véronique Deneux, patronne des policiers de Cayenne, a exprimé sa volonté « de revoir la sécurisation de l'accueil au commissariat. Il y aura d'abord un planton (un policier en faction, ndlr) puis un portique détecteur de métaux » . Aucune échéance n'a été donnée.
L'homme qui aurait donné le coup de tournevis a été mis en examen mais il est resté libre. C'est une nouvelle juge d'instruction qui est en charge du dossier. Comme pour le meurtre d'hier matin, c'est la police judiciaire qui est chargée de l'enquête.