SCIENCE - Depuis la découverte de sang de mammouth liquide, en mai 2013, plusieurs scientifiques s'interrogent sur la manière dont l'animal pourrait être cloné pour que l'espèce reprenne vie. L'ADN contenu dans ce sang pourrait permettre d'y arriver.
Un scénario appartenant au domaine de la fiction il y a encore quelques années -c'est exactement la technique employée dans les films Jurassic Park- mais qui est désormais très sérieusement à l'étude.
Le père du clonage lui-même s'est exprimé sur cette possible résurrection du mammouth laineux: Ian Wilmut, le premier scientifique à avoir réussi le clonage d'un mammifère en 1996, la brebis Dolly. Même s'il juge le défi ambitieux, Ian Wilmut n'est pas contre cette idée: "Je pense que ça devrait être fait si l'on peut prodiguer le plus grand soin à l'animal. S'il y a de bonnes chances pour qu'il soit en bonne santé, nous devrions le faire. Nous pouvons apprendre beaucoup d'eux", explique-t-il dans une tribune au Guardian.
Encore plusieurs défis au clonage
De nombreux défis attendent les chercheurs estime Ian Wilmut, s'ils espèrent cloner l'espèce à partir des techniques utilisées pour Dolly. Il faut en effet obtenir d'une part un très grand nombre de cellules viables du mammouth, et d'autre part une très grande quantité d'ovules de l'espèce la plus proche toujours en vie, à savoir l’éléphant d'Asie.
Or, les carcasses de mammouth découvertes ont souvent été libérées des glaces grâce à la fonte de la neige. À ce moment-là, il y a un fort risque pour que les cellules et leur ADN se soient dégradées. "À partir du moment où un os a pris le soleil c'est trop tard. Vous devez l'avoir directement sorti du congélateur pour ainsi dire" explique Ian Wilmut. D'autre part, il serait impossible de collecter plusieurs centaines d'ovules sur les éléphants, qui est une espèce menacée.
Mais grâce aux recherches actuelles sur les cellules souches, le clonage reste malgré tout envisageable. Si des cellules viables réussissent à être extraites des mammouths, elles pourraient être reprogrammées en sperme ou en ovules. L'expérience a déjà été menée sur des souris, nées grâce à du sperme et des ovules créés à partir d'autres type de cellules.
"Yuka" un spécimen remarquablement préservé
Le scientifique estime tout de même qu'il faudra compter une cinquantaine d'années avant que ces techniques ne soient suffisamment au point pour envisager un clonage. Se posera ensuite la question de la viabilité de l'expérience: le mammouth, qui vivait à des températures très basses, ne serait pas du tout adapté à l'environnement de sa mère porteuse, qui évolue dans un climat sec et chaud.
Apparus il y a 300.000 ans, les mammouth laineux ont occupé toute l'Eurasie et même l'Amérique du Nord. Leur disparition a commencé à se produire 10.000 ans avant notre ère. La première découverte d'un spécimen remonte à 1979. Mais ces dernières années, de nombreux mammouths ont été découverts dans la glace. "Yuka", le bébé femelle découvert en Sibérie en août 2012 est à ce jour le spécimen le plus remarquablement préservé.