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Une autre histoire du Chambon-sur-Lignon

1942-1943


Des vidéos de 5 minutes sur des aspects du Chambon-sur-Lignon en 1942.

Introduction (Mars 2023) (Voir vidéo sur youtube>)

Introduction à Une autre histoire du Chambon-sur-Lignon en 1942, ouvrage de 500 pages, paru en 2023 et lisible gratuitement à cette adresse : urlz.fr/ktik. Voir dossier de presse... Son résumé plus abordable de 100 pages (2022) est à : urlz.fr/i3zk.

Ces deux livres imprimés sont en vente pour le premier (21 €) à : urlz.fr/kEsu et pour le second (9 €) à : urlz.fr/i3tu.

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  Suivons René Magritte qui s’interrogeait sur la trahison des images, titre de ce tableau. En effet comment transmettre pleinement la réalité d’un objet, d’un paysage… et bien sûr d’un village en 1942. Avant les fouilles de 1861 à Alésia ordonnées par Napoléon III, Vercingétorix était méconnu. Puis un portrait légendaire de ce chef arverne s’est constitué dont témoigne ce tableau du musée du Puy-en-Velay. À partir de 1900, il apparaît avec une chevelure et une moustache abondante alors que les monnaies le montrent cheveux courts et imberbe.

Centrons-nous maintenant sur sa monture, un superbe percheron blanc ; dont la race n’existait pas sous Jules César ! D’un côté, un gaulois porte un casque fantaisiste, qui n’a, là encore, aucune réalité historique. Pourtant ce symbole connut un grand succès dans les années 30 quand il figurait sur les paquets de cigarettes Gauloises, repris ensuite par l’importante Légion française des combattants en 1940. De l’autre côté, une francisque gauloise apparaît dans un faisceau romain. La Révolution française sacralisa cet emblème de justice. Puis en 1920, le faisceau devint le symbole des troupes Mussoliniennes d’où leur nom de fascistes. Et en 1940, cette francisque est la décoration française par excellence, avec laquelle jouait Pétain et les producteurs des actualités cinématographiques. Pétain ne manque jamais de rappeler cette filiation à la résistance gauloise qui émanait de Gergovie, à quelques encablures de Vichy.

Ces trois personnages (Pétain, Laval et Bousquet) joueront un rôle important dans une autre France, occupée cette fois par les troupes nazies. Laissons les côtes normandes, pour aller en Haute-Loire et plus particulièrement dans un autre célèbre village, celui du Chambon-sur-Lignon. En m’appuyant sur ce menhir de 500 pages, aussi lourd à digérer qu’un sanglier, je vous propose une série de vidéos thématiques pour mieux appréhender cette histoire si souvent galvaudée.

Ce livre a bénéficié du soutien de la commune du Chambon-sur-Lignon, du réseau des médiathèques du Haut-Lignon, de l’association pour la mémoire des enfants cachés et des Justes et des Archives départementales qui hébergent la revue des Cahiers de la Haute-Loire. Sur les traces de Magritte, nous allons en fait rechercher le bon point de vue pour apprécier au mieux l’image du Chambon-sur-Lignon en 1942, très loin de tous les clichés qui fragmentent cette vision par des positions inappropriées. Quelques surprises vous attendent.

Remerciements pour leurs contributions, souvent involontaires mais essentielles :

Le Plateau en 1940 (4/2023) (Voir vidéo sur youtube>)

 Au début 1940, Le Chambon est en limite de deux circonscriptions foncièrement à droite. En Ardèche, le député d’Annonay est le maire de Pailharès, Xavier Vallat qui sera le commissaire aux affaires juives et portera les premières législations antisémites. Côté Haute-Loire, le maire d’Yssingeaux, Augustin Michel, est le député de l’arrondissement. Pendant la guerre, il est le seul représentant du département au Conseil national à Vichy, et Pétain le nommera préfet de région à Montpellier en 1944...

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  La Haute-Loire est un département de moyenne montagne traversé par deux fleuves naissants : L’Allier et la Loire. Sa préfecture est Le Puy-en-Velay. À une quarantaine de kilomètres en allant vers l’Ardèche se trouve la commune du Chambon-sur-Lignon. 

Ce village se situe donc sur un plateau faiblement vallonné à 1000 mètres d’altitude au nord du mont Mézenc. Par la rigueur du climat, ce pays est tourné vers l’élevage et les productions agricoles associées. Les abondantes prairies alternent avec les forêts cantonnées aux terres les plus pauvres ou d’accès difficiles. La profusion des points d’eau a favorisé le peuplement initial par une société à l’habitat dispersé. Ainsi en 1940, les deux tiers des 2500 Chambonnais habitent en dehors du bourg, dans des fermes distantes d’une centaine de mètres, éloignement propice à une grande quiétude de voisinage. 

La commune n’en est pas pour autant isolée. Au début du vingtième siècle, une ligne ferroviaire relie ce Plateau vers Saint-Étienne au nord et à Valence au sud, via le Cheylard. Le commerce s’en trouve décuplé et se poursuivra pendant les années de rationnement. En 1943, près d’un million de voyageurs sont transportés par ces trains nord-ardéchois. Le transit des marchandises est tout aussi impressionnant en ces temps de disette et montre combien le Plateau est ouvert vers les cités voisines. 

En juin 1940, l’avancée de l’armée allemande est fulgurante et au 25 juin la ligne de front est sur le pourtour de la Haute-Loire. Les élus départementaux s’en inquiètent au point que certains, dont le maire du Chambon-sur-Lignon, démissionnent pour se replier. À l’armistice, les troupes allemandes se replient à plus de 200 kilomètres, au-delà de la ligne de démarcation, et le calme social revient dans le département. 

La France est alors divisée en huit régions aux administrations et modes de vie spécifiques. Le gouvernement se fixe à Vichy dans la zone dite libre, avec Pétain pour chef de l’État. Il prend différentes mesures autoritaires dont celles du renforcement du statut des préfets par la suppression des conseils généraux, du contrôle politique des conseils municipaux et de l’étatisation des services de police. 

La création des régions avec un super préfet à leur tête facilite la maîtrise de la population. Le département de la Haute-Loire est ainsi intégré à l’Auvergne avec Clermont-Ferrand pour préfecture régionale, siège des annexes du pouvoir en place à Vichy. C’est dans ce cadre contraint que la commune du Chambon-sur-Lignon, et son accueil institutionnel, est régie par la tutelle rigoureuse des préfets en 1942.

Remerciements pour leurs contributions, souvent involontaires mais essentielles :

Les préfets Faure, Bach et Bousquet (5/2023) (Vidéo >)

  Après l’armistice, Pétain apparaît comme l’homme capable de sauvegarder le pays défait. Le congrès entérine largement ce choix en juillet 1940, et lui abandonne tout pouvoir démocratique. Le vainqueur de Verdun en 1917 devient ainsi le chef de l’État français pour réaliser sa politique connue sous le nom de révolution nationale. Sans les élus de la défunte république, répudiés jusqu’au niveau cantonal, il va s’appuyer sur le corps préfectoral renforcé par de nouvelles attributions...

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  Sur ces 114 préfets jurant fidélité au gouvernement, deux retiennent notre attention. Tout d’abord André Jean-Faure en fonction au Puy-en-Velay au premier semestre 1941, qui organise la venue de Pétain dans le département. Une foule compacte accueille Pétain, écoute son discours devant la préfecture, avant le serment de fidélité à la révolution nationale d’une centaine de légionnaires. La journée se termine par une messe à la cathédrale, encadrée par quatre évêques.

Le préfet Jean-Faure est connu comme un juriste émérite, sensible à la problématique des étrangers. Aussi après cette visite mémorable montrant sa capacité d’organisation, il est nommé à Vichy, comme inspecteur général des camps d’internement. Il supervise donc la gestion des camps de la zone sud, de l’été 1941 jusqu’en août 1943. A ce titre au printemps 1943, il contrôle avec une réelle sympathie les deux structures chambonnaises que sont le Coteau-fleuri et la maison des Roches. En avril 1942, quand Pétain charge Laval de former un nouveau gouvernement, Jean-Faure se maintient à son poste interministériel, toujours sous l’autorité bicéphale de l’Exécutif.

Laval, qui s’attribue le ministère de l’Intérieur, s’adjoint alors un jeune préfet, René Bousquet, comme secrétaire général à la police. Mais avec une délégation générale de signature de Laval, Bousquet est en réalité le véritable ministre de l’Intérieur. Ce premier flic de France joue aussi un rôle de conseil auprès de son mentor, l’assistant dans ses déplacements ou lors de rencontres importantes. René Bousquet va ainsi jouer un rôle capital dans les répressions de cette époque. Au départ de Jean-Faure pour Vichy, le colonel Robert Bach le remplace à la préfecture du Puy-en-Velay. Il est donc le maître d’œuvre du maintien de l’ordre dans le département, ayant toutes les polices à sa disposition. 

Il est pleinement responsable des camps de travail du département, des arrestations des indésirables politiques, étrangers ou juifs, de la coopération avec les Allemands après l’occupation de la zone sud, et de la poursuite des réfractaires au service du travail obligatoire. Il est démis de ses fonctions après l’évasion de 79 communistes de la prison du Puy-en-Velay en octobre 1943. 

Tout-puissants dans leurs départements, ces préfets obéissent pleinement aux directives de Vichy pour appliquer la politique qui y est décidée, avec des conséquences dramatiques pour certains exclus de la société. Et pourtant à la Libération, ces fidèles préfets de Haute-Loire sont blanchis par la justice comme le fut René Bousquet, ordonnateur de la déportation fatale de 60000 juifs. Par la suite, ses amitiés avec Mitterrand lui permettent d’éviter toute révision du procès jusqu’à son assassinat en juin 1993.

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Les protestants du Chambon (6/2023) (Voir vidéo sur youtube>)

 La Réforme remonte au XVI° siècle quand différents théologiens s’opposent à la puissante église catholique. Martin Luther initie le mouvement en diffusant ses thèses dans les contrées germaniques à partir de 1517. Les principes de Jean Calvin s’affirment dans les pays francophones vers 1535. En s’installant à Genève, Calvin transforme cette cité en une théocratie du protestantisme francophone. En Angleterre le roi Henri VIII, en conflit avec le pape pour des raisons matrimoniales, officialise la réforme en 1534...

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 À partir de ces trois centres, la Réforme se diffuse et s’ancre durablement en Europe, malgré les guerres de religion qui accompagnent cette émancipation religieuse. En France, le calvinisme s’implante au sud de la Loire.

À la chute de la royauté, l’église réformée est enfin pleinement reconnue en France. Des bastions historiques apparaissent. Dans le bas languedoc, les Cévennes lozériennes ont une forte identité huguenote, tout comme le Plateau vellave dans une aire plus restreinte.

Vers 1820, des réveils évangéliques apparaissent dans l’Église réformée de France. Des assemblées dissidentes émergent et favorisent la venue des thèses d’outre-Manche portées par un ancien prêtre anglican, John Nelson Darby. Le Plateau devient alors un des trois grands creusets du darbysme en France.

Ainsi en 1942, sur une population d’environ 3000 autochtones, seulement la moitié des chambonnais relève de l’Église réformée. Les autres se rattachent au vaste mouvement des réveils évangéliques. Les darbystes, qui récusent tout pastorat, ont une forte vision millénariste théorisée par Darby sous le terme de dispensationalisme. Aujourd’hui, cette approche est portée par des évangéliques américains qui se reconnaissent comme « chrétiens sionistes ». En 1942, cette même aspiration prophétique incite les darbystes à accueillir des juifs pour protéger le peuple élu.

À côté des darbystes, l’armée du Salut puise aussi ses origines en Angleterre. Au Chambon en 1942, elle est beaucoup moins nombreuse mais sa vocation d’engagement envers les démunis demeure son fondement. De plus, elle bénéficie d’un ancrage dans l’est de la commune qui lui assure des points d’hébergement collectif largement mis à contribution au temps mauvais. Le couple Othnin-Girard dirige alors cette communauté, s’engage totalement dans cet accueil, puis dans la résistance armée.

Enfin, le troisième versant du protestantisme vellave est l’Église réformée de France. Marquée par l’hécatombe de la Grande Guerre, celle-ci a été traversée par un puissant mouvement chrétien social entre les deux guerres. Le pacifisme et le soutien aux nécessiteux s’est ici implanté durablement, avec l’aide de pasteurs, parfois anciens salutistes. Quand le conseil presbytéral du Chambon recherche son nouveau pasteur en 1934, son choix se dirige naturellement vers cette mouvance et André Trocmé est alors choisi. En 1938, ce dernier fait appel à Édouard Theis, aux préoccupations similaires, pour le seconder.

Ainsi en 1942, ces deux pasteurs et leur collègue du consistoire de la Montagne présidé par le pasteur du Mazet-Saint-Voy, Marcel Jeannet, œuvrent dans un esprit de solidarité chrétienne déjà bien implantée. À l’opposé du darbysme, l’église réformée maintient son unité par des instances nationales. Pendant le conflit, la présidence de l’église est assurée par le pasteur Boegner qui est écouté à Vichy. Il joua de cette position pour infléchir certaines décisions à l’encontre des réformés du Plateau.

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Les unionistes (7-8/2023) (Voir vidéo sur youtube>)

Si les darbystes refusent toute organisation, l’église réformée s’appuie sur des institutions bien établies, notamment au niveau de la jeunesse. En 1844, George Williams fonde à Londres une association protestante pour aider les plus démunis. Les UCJG, unions chrétiennes de jeunes gens (YMCA en anglais) sont nés. Parmi les 10 signataires de cette charte se trouve le Genevois Henry Dunant. Ce long cheminement conjoint des UCJG et de la Croix rouge sera fécond au Chambon en 1942...

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 À Paris, l’UCJG s’installe au 14 rue de Trévise en 1893, et y propose de l’hébergement, une salle de théâtre, une piscine et un gymnase où se déroulent les premières rencontres européennes de basketball, sport créé par les unionistes américains. Charles Guillon, jeune réfugié alsacien, fréquente ce local. Son engagement se poursuit pendant la première guerre mondiale, dans le sillage des centaines de « foyers du soldat » créés sur le front par les UCJG. À la fin du conflit, le triangle rouge des unionistes devient célèbre bien au-delà du monde protestant. 

Si l’implantation des UCJG sur le Plateau remonte à 1861, Guillon leur redonne un nouvel élan quand il devient pasteur de Saint-Agrève en 1919. En 1927, il est embauché par l’alliance universelle à Genève, sans pour autant délaisser le Plateau puisqu’il devient le maire du Chambon-sur-Lignon en 1931 et le sera encore après la Libération. Il y favorise les structures d’accueil pendant le conflit de 1940, notamment le camp Joubert que le ministre de la Jeunesse Georges Lamirand inaugure le 10 août 1942, et qui est toujours en activité. Et par un retour au Christianisme musculaire des premiers UCJG, le Plateau devint un haut-lieu du basketball dans la région, avec plusieurs coupes à son actif exposées au vestiaire unioniste. 

En 1907, Baden-Powell fonde le scoutisme au Royaume-uni. Ce mouvement aconfessionnel s’implante en Normandie en 1911, à l’école des Roches de Verneuil-sur-Avre. Ce célèbre établissement devient alors le haut lieu des éclaireurs, homologues français des « boy-scout ». Henri et Ève Trocmé y enseignent jusqu’à leurs décès en 1944. Deux de leurs élèves, leur fils Daniel, et Roger le Forestier, seront des personnalités chambonaises en 1942 et y perpétueront l’enseignement scout reçu. 

De leur côté, les UCJG s’emploient à bâtir un scoutisme protestant pleinement autonome en 1920. Et une dizaine de troupes unionistes sont sur le Plateau en 1940 depuis les jeunes louveteaux aux routiers adultes. L’Armée du salut favorise aussi leurs propres troupes. Robert Gamzon fonde les éclaireurs israélites en 1923, qui entrent en clandestinité dans les années 1940. Mais certains séjournent sur le Plateau pendant le conflit. À l’été 1945, un millier de ces éclaireurs israélites y reviennent pour relancer le mouvement. Soit trois années après le grand rassemblement des éclaireurs au Puy-en-Velay sous l’autorité du ministre Lamirand et du général Joseph Lafont, chef de tous les scouts français de 1940 à 1948. 

Enfin, le « Comité d’accueil des unionistes » participe à la création de la Cimade fin 1939. Financièrement très dépendante des UCJG, elle s’autonomise peu à peu et Madeleine Barot en devient une des responsables emblématiques. La Cimade s’implante dans les principaux camps d’internement de la zone sud, et y transpose les réconforts portés par les foyers unionistes de la première guerre mondiale, au point où les internés ne font pas la différence entre UCJG et Cimade. Une équipière de la Cimade, célèbre pour ses romans de jeunesse, Ellen Lombard, devient institutrice au Chambon, et dans son sillage un hébergement de la Cimade, sous contrôle de l’administration, ouvre au Coteau-fleuri en 1942.

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Le Comité de Nîmes (9-10/2023) (Voir vidéo sur youtube>)

En 1916, l’unioniste américain Donald Lowrie (1889-1974) part à Saint-Petersbourg pour aider les prisonniers de guerre pendant une dizaine d’années. Là, il rencontre sa future épouse, Helen Ogden (1887-1976). Puis le couple poursuit cette mission en Tchécoslovaquie. En 1934, ils viennent à Paris pour diriger la Maison des États-Unis à la Cité universitaire, mais gardent des contacts soutenus avec leurs amis slaves. À l’annexion des Sudètes, Donald crée une organisation (« Czech Aid ») pour aider les Tchèques...

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  En 1916, un jeune unioniste américain, Donald Lowrie (1889-1974), part à Saint-Petersbourg pour soutenir les populations victimes de la guerre pendant une dizaine d’années. Là il rencontre Helen Ogden (1887-1976) qu’il épouse avant de partir en Tchécoslovaquie pour suivre leur mission chrétienne. En 1934, ils viennent à Paris pour diriger la Maison des États-Unis à la Cité universitaire, mais gardent des contacts soutenus avec leurs amis slaves. À l’annexion des Sudètes, Donald crée une organisation (« Czech Aid ») pour aider les Tchèques qui fuient en France. En juin 1940, le couple quitte la capitale et s’installe à Pau où Donald planifie les secours pour la Croix-rouge américaine. Il y accueille le couple Sharp, (Waitstill (1902-1983) et Martha (1905-1999)), de retour de Tchécoslovaquie occupée. Helen et Martha s’activent alors dans la distribution de lait autour de Pau pour le Comité unitarien de secours (« Unitarian Service Committee »). En octobre 1940, Donald Lowrie est recruté par Tracy Strong (1887-1968) du bureau fédéral des unionistes à Genève pour s’occuper des internés en France. Le quatuor se fixe alors près du vieux port à Marseille et devient le pivot des soutiens aux réfugiés. Toujours au nom du Comité unitarien de secours (« Unitarian Service Committee »), Martha et Helen s’attachent à l’émigration d’enfants vers les USA. Et Donald continue d’aider les Tchèques rassemblés au camp d’Agde tout en visitant les autres principaux camps du Midi : Gurs, Le Vernet, Rivesaltes…

Ce groupe envisage de fédérer les humanitaires en zone sud. Le 5 novembre 1940 au siège des quakers à Toulouse, le « Comité de coordination pour l’assistance dans les camps » est créé. Donald Lowrie en devient le président et les rencontres mensuelles se tiendront à Nîmes. La vingtaine d’associations adhérentes y maintiennent leurs orientations premières : les Américaines, chrétiennes ou juives, dans le ravitaillement des internés, les Croix-Rouges dans le suivi médical, les unionistes dans le réconfort intellectuel (livre, musique et jeux…). Cette fédération permet la circulation des informations entre membres et couvre les organisations américaines ou juives ostracisées pendant le conflit.

Des fonctionnaires participent aux réunions. Certains, comme Gilbert Lesage (1910-1989) du Commissariat de lutte contre le chômage ou l’inspecteur général des camps, Jean-Faure (1887-1972), sont de bons conseils. Inversement, des émissaires du Comité de Nîmes se déplacent à Vichy et y obtiennent des avantages ou d’utiles confidences. Ainsi le 30 juillet 1942, Donald y apprend les intentions du gouvernement de rafler 10 000 juifs en zone sud à partir du 6 août. Il en informe aussitôt les organisations du Comité de Nîmes notamment les trois (La Croix-Rouge - Secours aux enfants, le Fonds européen de secours aux étudiants et la Cimade) installées au Chambon qui prennent des mesures de protection.

Les comptes rendus du Comité de Nîmes montrent combien les unionistes, comme par exemple le maire du Chambon, Guillon, sont réceptifs aux expériences de leurs homologues. D’abord les maisons d’enfants de l’Œuvre de secours aux enfants juifs (OSE), mais aussi la Maison d’accueil chrétienne pour enfants montée par des amis tchèques de Lowrie en juillet 1941 à Vence, ou les centres de l’abbé Alexandre Glasberg (1902-1981) dans la région lyonnaise. Tracy Strong fils (1915-2013) et Madeleine Barrot (1909-1995) s’en inspirent pour réaliser l’accueil à la maison des Roches ou au Coteau fleuri.

Quand les Allemands envahissent la zone sud en novembre 1942, les Lowrie se replient à Genève où ils s’investissent auprès des internés en Suisse. Ils assurent aussi le soutien financier du Comité de Nîmes repris par le pasteur Pierre Toureille (1900-1976), aumônier des protestants étrangers en France.

A la Libération, les Lowrie reviennent à Paris pour s’occuper des rapatriés, puis Donald devient directeur de la maison d’édition des unionistes qui publie en direction de l’Europe orientale. À sa retraite en 1952, il quitte ses hautes fonctions internationales et se retire dans le New Jersey où il décède en 1974. 

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Tapir 346 (11-12/2023) (Voir vidéo sur youtube>)

Après le débarquement des alliés en Afrique du Nord, l’armée allemande envahit la zone sud. En Haute-Loire, la maison Fontanille est le quartier général de la troupe sous le commandement du major Julius Schmähling (1884-1973). Il dispose d’une soixantaine de soldats pour la logistique et le contrôle militaire du département. Cette occupation de la zone sud permet au colonel Josef Kammhuber (1896-1986) d’étendre le réseau de défense anti-aérienne du nord de l’Europe (ligne Himmelbett)...

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  De la région lyonnaise à Marseille, une dizaine de sites sont retenus dont un en limite de Devesset et du Chambon pour couvrir l’espace aérien jusqu’à Valence. L’opération s’organise sous le sceau du secret et cette nouvelle base reçoit le nom de code : Tapir 346.

A cinq kilomètres du bourg, des travaux importants sont donc entrepris en mars 1943 pour y recevoir deux radars et leur poste de commandement formé d’une cinquantaine d’hommes. Ces deux radars à installer étaient impressionnants. Leur socle était à leur mesure, bâti sur des plans normalisés déjà mis en œuvre au nord de la France, et plusieurs bâtiments furent construits sur ce site avec des entreprises locales sous encadrement allemand. Pendant ces travaux, l’hébergement des militaires est assuré au bourg du Chambon où une cinquantaine de soldats loge dans différents lieux de mars à novembre 1943, principalement à l’hôtel du Lignon.

Cette présence de l’ennemi au centre du village, bien que pacifique, entraîna des rumeurs, parfois des altercations verbales et augmenta les craintes de certains. D’étranges situations en découlent. Ainsi, l’hôtel du Lignon surplombe la pension d’enfants de la famille Sèches. Lui et quelques enfants qui y sont hébergés sont juifs, mais cette coexistence fut sans dommage.

Autre fait singulier : Le village a une plage qui est un lieu populaire de détente. Là, se côtoient la jeunesse locale, les étrangers ostracisés et les militaires allemands. Le 4 juin 1943, un anarchiste catalan réfugié à l’hôtel des Roches, Luis Gausachs (1916-1998), s’y trouve avec ses amis républicains espagnols. Il aperçoit un homme qui se noie et le sauve. Gausachs reçut un certificat pour avoir secouru le soldat Hans Fischer, du commandement allemand de l’hôtel du Lignon. Cette attestation est émise au nom d’un Erholungsheim, centre de convalescence pour le moins anachronique après l’imposante défaite de Stalingrad et les directives nazies qui suivirent.

Quinze jours plus tard (18 février 1943) au Palais des sports de Berlin, Goebbels prononce un discours où il décrète « la guerre totale » et l’impose à tous ses concitoyens. Placer alors des soldats en convalescence au Chambon est bien étrange mais s’explique par le secret nécessaire à Tapir 346. À l’automne 1943, un redéploiement stratégique vers le second site ardéchois arrêta ce projet et la troupe quitta le Chambon. Mais les liens établis entre des villageois et les occupants restèrent dans les mémoires. À la Libération, des Chambonnaises furent tondues et les entrepreneurs locaux de Tapir 346 durent rendre des comptes. 

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Le Secours aux enfants (trim. 1/2024) (Voir vidéo sur youtube>)

Une des mécènes de l’œuvre des enfants à la Montagne du pasteur Louis Comte (1857-1926), Marguerite de Félice (1882-1967) soutient les victimes de Franco pendant la guerre d’Espagne. Elle crée pour les plus jeunes un accueil à la Guespy du Chambon où elle embauche une Catalane, médecin réfugiée, Juliette Usach (1899-1984). Originaire de Bâle, profondément humaniste, Marguerite suit l’émergence du Service civil international, créé en 1920 par le quaker suisse Pierre Ceresole (1879-1945), pour une réconciliation entre les peuples...

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  En 1934, ce mouvement engage le dynamique Rodolfo Olgiati (1905-1986) qui lui donne une nouvelle impulsion depuis Berne. Il y organise un « Comité neutre de secours aux enfants d’Espagne » qui intervient sous le nom de « Ayuda suiza » en Catalogne.

À la victoire de Franco en 1939, leurs actions humanitaires se recentrent en France avec l’appui de sa puissante sœur aîné, la Croix-rouge suisse fondée à Berne en 1866, pour bénéficier de leur protection diplomatique. Le comité devient alors le « Secours aux enfants de la Croix-Rouge suisse » qui installe des structures d’accueil dépendant de trois centres régionaux : Paris, Lyon et Toulouse. Une douzaine d’hébergements sont actifs dans la zone sud en 1942.

Des anciens de Ayulda suiza y persévèrent comme Élisabeth Eidenbenz (1913-2011) en sa maternité d’Elne près de Perpignan. D’autres s’intègrent comme Rosa Näf (1911-1996), vieille connaissance du médecin chambonnais Roger le Forestier, au château de La Hille en Ariège. Elle deviendra célèbre pour y avoir sauvé des dizaines d’adolescents juifs de la déportation.

Au Chambon, Olgiati trouve un écho favorable auprès du pasteur André Trocmé et bien sûr de Marguerite de Félice qui lui cède la Guespy en mai 1941. Juliette Usach s’y maintient à la direction et un instituteur de Bâle, August Bohny (1919-2016), alors responsable d’une structure lyonnaise d’Olgiati, est déplacé au Chambon. Une équipe se met ainsi en place au village sous la supervision du quaker Maurice Dubois (1905-1997), responsable régional à Toulouse. Il bénéficie de l’immunité de la Croix-rouge, du soutien matériel important du comité d’aide des quakers américains (American Friends Service Committee) dont sa femme Ellenor est membre active, et d’un bon réseau de réfugiés espagnols pour la logistique quotidienne.

Fort de ces appuis, Bohny ouvre deux autres colonies au Chambon : L’Abric fin 1941 et Faïdoli l’année suivante, puis reprend quelques autres petites structures locales comme l’Atelier cévenol qui produit du mobilier pour la maternité d’Elne. 

L’encadrement se renforce, notamment à la fermeture du camp de Rivesaltes en novembre 1942 où une des infirmières Croix-rouge, Friedel Reiter (1912-2001), rejoint Bohny, son fiancé et futur mari. Une centaine de places sont proposées dans ces trois colonies chambonnaises par roulement moyen de quatre mois. Seuls les 10 % d’enfants juifs, souvent extraits des camps d’internement, séjournent plus longuement au gré des aléas politiques. Ainsi pendant le conflit, le Secours suisse est la principale, et de loin, institution d’accueil d’enfants au Chambon. 

À l’été 1942 quand la répression antisémite est à son paroxysme, ces établissements suisses sont visés par la police départementale. Bohny et les fortes réactions des Dubois auprès des autorités à Vichy, à Genève ou au Puy-en-Velay, évitent le pire. Cette protection de la Croix-rouge suisse assurée par ses salariés et au plus haut niveau par un couple de quakers toulousains, permit à des enfants juifs de traverser le cataclysme des années 1940.

Remerciements pour leurs contributions, souvent involontaires mais essentielles :

Les Grillons (trim. 2/2024)

 📌 Accessible au 2 avril 2024 📌

En France, les protestants quakers sont plus connus pour leurs anciennes friandises d’avoine que pour leurs rations alimentaires distribuées aux réfugiés de la guerre d’Espagne, puis aux victimes du nazisme, sous le nom de : American Friends Service Committee. Son directeur américain d’alors, Howard Kershner (1891-1990), opérait depuis Marseille. Dans un film sur leurs activités en mai 1942, il présente l’engagement des quakers en zone sud et notamment au Chambon-sur-Lignon...

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  Les quakers soulagent la souffrance sans restriction de race, de religion ou de nationalité. Notre siège social est à Marseille et nous avons des délégations à : Lyon, Montauban, Toulouse, Perpignan et Montpellier. Tous les jours nous donnons de la nourriture à 84 500 écoliers. Nous accueillons 650 enfants dans 17 colonies situées à : Talloires (74), St-Maurice (Lyon), Écully (69), Le Chambon (43), Luc-en-Diois (26), St-Péray (07), St-Raphaël (83), La Rouvière (Marseille), Les Caillos (Marseille), St-Jérome (Marseille), Mouriés (13), Canet-Plage (66), La Coume (Mosset), Mosset (66), Larade (Toulouse), Condom (32) et Monteléone (Condom). 

Un rapport du pasteur Trocmé confirme cette aide quaker à la création d’un centre d’accueil au Chambon. On peut y lire : « Sur la proposition de Howard Kershner nous ouvrons un gîte pour 20-25 enfants aux Grillons. Le couple suisse Estoppey en est le responsable ». Henry (1896-1973) Estoppey est nommé pasteur d’Intres, près de Saint-Agrève, en 1940. Dans un premier temps, il loge aux Grillons qu’il connaît bien puisqu’en 1929, en tant qu’officier salutiste en poste au Chambon, il s’occupait de son annexe des Barandons où l’Armée du salut est bien implantée. Mais son travail paroissial à Intres amène Henry Estoppey à solliciter en été 1942, un couple d’amis salutistes alsaciens, Eugène (1904-1980) et Elizabeth (1910-1978) Munch, pour préparer la rentrée scolaire aux Grillons. De son côté, le pasteur André Trocmé sollicite son petit cousin Daniel (1912-1944) en recherche d’emploi. À son arrivée aux Grillons en octobre 1942, la relation entre Eugène Munch et Daniel Trocmé est tendue et les Munch quittent les Grillons en janvier 1943. Mais à l’arrestation de Daniel Trocmé par la police allemande le 29 juin 1943, puis sa déportation définitive, les Munch retrouvent la pleine direction des Grillons jusqu’en août 1945. 

Un jeune allemand de 14 ans, Peter Feigl, arrive aux Grillons le 16 janvier 1943 et y restera huit mois. Il y est envoyé par le directeur d’un des centres quakers de Marseille qui a déjà placé des enfants aux Grillons. Sa pension mensuelle de 300 Francs est payée par l’Union générale des israélites de France. Ernst (1888-1942) et Aga (1904-1942) Feigl et leur fils Peter ont fui l’Allemagne nazie en 1936. Avec l’aide des quakers, ils s’installent à Auch dans le Gers en juin 1940. Mais lors de la rafle du 26 août 1942 en zone sud, des policiers français arrêtent les parents Feigl et les transfèrent à Drancy avant de les déporter à Auschwitz une semaine plus tard. Peter qui passe l’été dans un centre quaker échappe à ce destin. Averti le lendemain, il commence alors un journal intime pour les retrouvailles espérées avec ses parents. Devenu orphelin, il est pris en charge par les quakers qui préparent son émigration légale aux États-Unis depuis Marseille prévu en novembre 1942. Mais l’envahissement allemand de la zone sud met un terme à ce projet et il est envoyé au Chambon. Après l’arrestation de Daniel Trocmé, les quakers redistribuent leurs enfants juifs du Chambon. Peter est envoyé à Figeac dans le Lot pour la rentrée scolaire 1943, puis passe en Suisse en mai 1944 avant de gagner les États-Unis. 

Les parents Feigl ne liront jamais le journal de Peter et nous avons, nous aussi, failli l’ignorer. Ce cahier confisqué par Daniel Trocmé avait disparu en 1943. Il réapparaît dans une brocante provençale 45 ans plus tard. Son auteur retrouvé aux États-Unis, alors devenu grand-père, le racheta pour 265 dollars et le rendit public. Au-delà des tristesses du jeune Peter, ces pages confirment le réseau solidaire entre les Grillons et les quakers.

Remerciements pour leurs contributions, souvent involontaires mais essentielles :

L’École nouvelle cévenole (trim. 3/2024)

 📌 Accessible au 2 juillet 2024 📌

En 1541, les réformateurs genevois se dotent d’une Discipline ecclésiastique qui stipule : «Les Églises feront tout devoir de dresser écoles et donner ordre que la jeunesse soit instruite. » Plus loin, les motifs se dévoilent : « Les pères et mères seront exhortés de prendre soigneusement garde à l’instruction de leurs enfants qui sont la semence et la pépinière de l’Église. » L’objectif était bien l’affermissement de l’institution par la lecture de la bible plutôt que l’émancipation des individus...

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 À la fin du dix-neuvième siècle, une autre conception de l’éducation émerge dans les milieux anarchisants. Évoquons trop rapidement les premiers pédagogues libertaires : Le réputé Élisée Reclus (1830-1905), aux racines protestantes rejetées, qui est à l’origine de l’université nouvelle de Bruxelles.

L’institutrice Louise Michel (1830-1905) si impliquée auprès des fillettes puis des Kanaks lors de sa déportation en Nouvelle-Calédonie.

Paul Robin (1837-1912) à l’orphelinat de Cempuis en Picardie, soutenu par le directeur de l’Enseignement primaire, Ferdinand Buisson (1841-1932), franc-maçon protestant et futur prix Nobel de la paix.

Le Catalan Francisco Ferrer (1859-1909) fusillé sommairement par le pouvoir royal catholique d’Espagne en réaction à sa subversive école moderne de Barcelone (1901 à 1906).

Enfin un Stéphanois de naissance, Sébastien Faure (1858-1942), marié à une protestante de cette ville, et grand penseur de l’éducation intégrale. En 1904, il fonde une école nouvelle, La Ruche à Rambouillet, financée par ses conférences jusqu’à la guerre de 1914.

Avec cette même volonté de réformer l’éducation, parfois avec des finalités différentes, d’autres expériences pédagogiques virent le jour en ce début du vingtième siècle. Pour l’histoire chambonnaise, il faut citer l’École nouvelle près du château des Roches.

Edmond Demolins (1852-1907) ouvre en 1899 une « École nouvelle près du château des Roches » à Verneuil-sur-Avre, en Normandie, pour des garçons hébergés dans des bâtiments d’internat dispersés sur le campus. Trois ans après sa création, deux professeurs Georges Bertier (1877-1962) et Henri Trocmé (1873-1944) sont recrutés. Bertier en devient le directeur jusqu’en 1944 avec Trocmé pour adjoint (en 1911).

Le couple Ève (1875-1944) et Henri Trocmé finance la construction d’un des internats, Les Sablons, qu’ils dirigent jusqu’à leur décès en 1944. Ils y favorisent des activités philanthropiques comme le soutien aux colonies de vacances portées par la Chambonnaise Marguerite de Félice, amie d’enfance d’Ève Trocmé.

Henri recrute aussi le fils d’un pasteur du sud-ouest, Gustave Monod (1885-1968) qui deviendra directeur de l’enseignement secondaire (1945 à 1951) au ministère de l’Éducation nationale. Là, ce rocheux réformera l’instruction publique en créant des « classes nouvelles » sur le modèle de l’école des Roches.

En 1921, une Ligue internationale pour l’éducation nouvelle est créée pour remplacer l’école traditionnelle critiquée. Sa revue (Pour l’ère nouvelle) dirigée par le Genevois Adolphe Ferrière (1879-1960) diffuse largement ces idées et sa charte des « 30 points qui font une école nouvelle ».

Un autre habitant de Genève, Charles Guillon (1883-1965), suit ce mouvement pédagogique et envisage la création d’un tel établissement au Chambon-sur-Lignon dont il devient maire en 1931. En 1936, la venue au village d’un médecin très dynamique, Roger Le Forestier (1908-1944), formé à l’École des Roches, fortifie cette idée. Jusqu’à son mariage en 1939, il est hébergé chez le pasteur André Trocmé (1901-1971), cousin germain du sous-directeur de l’École des Roches. Ce projet mûrit donc dans ce presbytère et en 1938, le pasteur obtient de son consistoire un second poste pour sa réalisation. Guillon propose le recrutement d’Édouard Theis (1899-1984), qui lance effectivement cet établissement sous le nom de : École nouvelle cévenole, en accord avec ses deux fondements : L’éducation nouvelle dont l’école des Roches est alors le fleuron et son ancrage réformé.

À la rentrée de 1938, une quinzaine d’élèves suivent quelques cours dans différents lieux du village avec des maîtres improvisés. L’année suivante, la venue de trois professeures d’un réputé collège protestant de Strasbourg apporte l’expérience pédagogique manquante. L’une d’elles, Lucie Pont, prend la direction administrative de l’école, associée à Theis qui préserve les orientations initiales. Puis une solide équipe professorale encadre les quelques trois cents élèves à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En 1942, André Trocmé esquisse un premier bilan à son ami, l’illustre pédagogue luthérien Friedrich Siegmund-Schultze (1885-1969) et l’inscrit alors dans le pacifisme international dont le second est un des maîtres à penser. Jusqu’à sa retraite en 1964, Theis maintient cette quadruple empreinte : pédagogie innovante, protestante, pacifiste et internationaliste, même si l’établissement est renommé « Collège cévenol » en 1945, jusqu’à sa fermeture en 2014.

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