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Roman Polanski : la Pologne refuse son extradition vers les États-Unis

Roman Polanski, ici à la 36e cérémonie des Césars, le 25 fevrier 2011, est poursuivi depuis 1977 par les États-Unis pour le viol de Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans. Rue des Archives/©Imago/Rue des Archives

La Cour suprême de Pologne a rejeté ce mardi le pourvoi en cassation introduit par le ministre polonais de la justice en mai dernier. Cette décision met définitivement fin à la procédure d'extradition du cinéaste entamée en 2014 à la demande de la justice américaine.

C'est la fin d'un long feuilleton judiciaire inquiétant Roman Polanski. La Cour suprême de Pologne a refusé ce mardi 6 décembre de rouvrir la procédure d'extradition vers les États-Unis contre le cinéaste franco-polonais, poursuivi par la justice américaine pour le viol d'une mineure en 1977. La décision rejetant le pourvoi en cassation introduit par le ministre polonais de la Justice Zbigniew Ziobro met un terme définitif à la procédure d'extradition entamée en 2014, à la demande de la justice américaine.

Le pouvoir conservateur polonais, en la personne de M.Ziobro, avait rouvert en mai 2016 la procédure d'extradition de l'artiste, contestant ainsi une décision du tribunal de deuxième instance de Cracovie. Celle-ci avait tranché en faveur du réalisateur le 30 octobre 2015.

« Roman Polanski est soutenu par la crème de la société mondaine et une partie des médias libéraux »

Zbigniew Ziobro , ministre polonais de la Justice

Lors de son pourvoi en cassation, le ministre polonais de la Justice Zbigniew Ziobro avait affirmé qu'il ne fallait pas favoriser M. Polanski en raison de sa carrière artistique. «Le droit est le même pour tous», avait-il dit, alors que selon lui le réalisateur était soutenu «par la crème de la société mondaine et une partie des médias libéraux».

Dans son pourvoi en cassation, Zbigniew Ziobro a reproché au tribunal de Cracovie d'avoir «renoncé à élucider suffisamment» certaines circonstances légales en vigueur aux États-Unis et «jugé de manière sélective et trop unilatérale en faveur de Roman Polanski». Son initiative semble s'inscrire dans l'orientation générale du gouvernement populiste de Droit et Justice (PiS) qui déclare mener une œuvre d'assainissement du pays en prenant pour cible les élites libérales.

«Rapports sexuels illégaux»

En 1977, en Californie, Roman Polanski, à l'époque âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé Samantha Gailey (aujourd'hui Geimer), 13 ans. Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de «rapports sexuels illégaux» avec une mineure s'était enfui des États-Unis avant l'annonce du verdict, craignant d'être lourdement condamné, malgré un accord conclu avec la justice américaine.

La ligne de défense de ses avocats polonais consistait à démontrer que la demande d'extradition n'était pas fondée, compte tenu de cet accord et du temps passé par Polanski en prison en Californie, puis en 2009-2010 en résidence surveillée en Suisse. Ce dernier pays a refusé son extradition demandée par les États-Unis.

Samantha Geimer a réclamé à plusieurs reprises l'abandon définitif des poursuites, voulant tourner la page une fois pour toutes. Elle affirme dans ses mémoires avoir pardonné à Polanski: «Je ne lui ai pas pardonné pour lui, je l'ai fait pour moi». Dans son autobiographie, le cinéaste donne sa version du reportage effectué pour le magazine Vogue Hommes avec des photos d'ados «sexy, effrontées», et prête à son modèle un comportement «provocateur». Il versera 225.000 dollars à la jeune fille, dont la vie a elle aussi été bouleversée par cette affaire, avec la pression incessante des médias, de la police et de la justice.

Né en France de parents polonais, l'auteur de Rosemary's Baby et de Chinatown vit en France avec son épouse, l'actrice Emmanuelle Seigner, mais se rend souvent en Pologne. Depuis 1977, il n'est jamais retourné aux États-Unis, pas même pour recevoir l'Oscar du meilleur réalisateur en 2003 pour Le Pianiste.

Roman Polanski : la Pologne refuse son extradition vers les États-Unis

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14 commentaires
  • Le Magicien

    le

    "Il versera 225.000 dollars à la jeune fille, dont la vie a elle aussi été bouleversée par cette affaire, avec la pression incessante des médias, de la police et de la justice." Honte de rien au Figaro. A vous lire, les méchants de l'affaire, ce sont les médias, la police et la justice dont la pression aurai "bouleversée" la vie de cette jeune fille. A mon avis, c'est plutôt le viol qui l'a "bouleversé".

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