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Jacques Audiard - Commentaires

En l’espace de vingt-cinq ans et en moins d’une dizaine de films, Jacques Audiard s’est imposé comme l’un des plus brillants cinéastes français, dont la précision d’approche et la plénitude technique n’égalent que la richesse de traitement de ses sujets. Peu de réalisateurs, chez nous, peuvent se ...

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9 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

Regarde les hommes tomber
6.7

Regarde les hommes tomber (1994)

1 h 30 min. Sortie : 31 août 1994 (France). Drame

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Le premier long métrage d’Audiard impose une vision originale en tordant le cou aux lieux communs du polar traditionnel, et en assortissant d’une ironie grinçante le portrait assez glauque de ses héros en chute libre, marqués par la solitude, la fatigue et le désespoir. C’est une plongée troublante, forte et ambigüe dans un monde d’hommes ; pas un hymne convenu à l’amitié virile, mais la discription littéraire (utilisation de cartons, voix off), remarquablement sensible et lucide, d’un réseau de trajectoires brisées et de relations condamnées. Le ton est plus pessimiste que dans tout ce que le réalisateur proposera par la suite, mais il est parcouru par un humour acerbe qui en tempère la violence presque invisible, marqué de notations très contemporaines, et porté par un trio de comédiens très investis.

Un héros très discret
6.9

Un héros très discret (1996)

1 h 47 min. Sortie : 15 mai 1996. Comédie dramatique

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Plus léger que le précédent mais sans doute aussi plus profond, plus mûr et plus brillant. Audiard trouve dans la période trouble de l’Occupation matière à de formidables variations romanesques sur les motifs de l’ambigüité, de la duperie et de la manipulation. Avec une allégresse communicative, il met en garde contre les vélléités très vivaces de réinventer l’Histoire, illustre la force du témoignage, le caractère presque sacré du propos de celui qui a vécu l’époque. Construit comme une mise en abyme facétieuse, d’une virtuosité discrète, d’une écriture alerte, inventive, ludique, le film s’amuse à brouiller les pistes, virevolte d’une vérité à l’autre, fait l’éloge du jeu et de l’affabulation pour dresser le portrait en creux d’un homme insaisissable, imposteur malicieux à la naïveté presque enfantine.

Sur mes lèvres
7.2

Sur mes lèvres (2001)

1 h 55 min. Sortie : 17 octobre 2001 (France). Policier, Drame, Romance

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Toujours plus maître de ses moyens, Audiard accouche ici d’un polar sentimental totalement accompli, qui renouvelle le vieux motif du couple maudit de film noir (filou désargenté et femme fatale) en l’inscrivant dans une réalité sociale et contemporaine très marquée. Avec ce récit d’une double métamorphose (elle lui enseigne les bonnes manières et la réflexion, il lui apprend les mauvaises et l’appétit de vivre), il glisse sans esbroufe de la chronique au thriller atmosphérique, avec la même aisance instinctive et l’apport considérable d’un excellent duo d’acteurs. Tendu dans chaque plan, orchestrant un suspense captivant au fil d’une intrigue au cordeau, le film instaure un climat paradoxal de violence âpre et de douceur mêlée, et parvient à détourner les figures du genre tout en les magnifiant.

De battre mon cœur s'est arrêté
6.9

De battre mon cœur s'est arrêté (2005)

1 h 47 min. Sortie : 16 mars 2005 (France). Action, Policier, Drame

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Tom fait un sale métier : magouilles immobilières, expulsions mafieuses de familles mal logées… Il aime son père, aide son père, hait son père, truand dévalué et condamné qui le maintient sous son joug. Sa rencontre avec une jeune Vietnamienne l’ouvre à la tendresse, réveille la musique en lui : l’implacable beauté d’une toccata de Bach soudain les rapproche. Il y a des bouffées de violence, des hauts et des bas, des femmes qui passent, et l’apaisement au bout du chemin tandis que le héros arrache dans la douleur ce qui l’a fait riche pour tenter de conquérir ce qui le fera homme. Audiard élargit encore sa palette en privilégiant une approche intime, vibratile, électrique, rivé à l’intériorité fiévreuse d’un personnage auquel Romain Duris, aventureux et gourmand, apporte une grande intensité. Remarquable.
Top 10 Année 2005 :
http://lc.cx/UPn

Un prophète
7.7

Un prophète (2009)

2 h 35 min. Sortie : 26 août 2009. Drame, Policier, Gangster

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Deux heures et demie de nitroglycérine, pas un bout de gras, un don inné pour agripper le spectateur dès la première seconde et ne plus le lâcher. Ample et physique, riche et étouffante, cette étude saisissante d’un rapport de servitude et de l’ascension d’un jeune truand malgré lui donne à assister à la naissance d’un gangster, une naissance hantée par la culpabilité, l’instinct de survie, la lutte entre fondements moraux et soif de respectabilité, de pouvoir, d’argent. Le considérable travail de mise en lumière du fonctionnement interne d’une microsociété (rapports de force complexes, regroupements et affrontements communautaires, stratégies individuelles et collectives, principes de domination et de soumission) s’y subordonne à la logique haletante du pur film noir, dans le sillage des maîtres du genre. La réussite est totale.
Top 10 Année 2009 :
http://lc.cx/UPX

De rouille et d'os
6.7

De rouille et d'os (2012)

2 h. Sortie : 17 mai 2012 (France). Drame, Romance

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’inspiration d’Audiard est noire et tourmentée ; elle aussi traversée d’éclats de délicatesse et de fragments d’humanité brute, traçant une ligne à la fois fébrile et sûre vers la lumière – ici comme avant, le film s’achève sur une (re)naissance. Le couple cabossé de "Sur mes Lèvres", la trajectoire rédemptrice de "De battre mon cœur…" fusionnent en un mélodrame très pur, qui se permet des échappées poétiques (l’orque à travers la vitre) et des audaces inédites (les corps sculpturaux ou meurtris, le regard cru et sexué sur le handicap). Jamais sans doute le cinéaste ne s’était autant ouvert à la fragilité, à l’émotion d’une possibilité amoureuse, sans cesse nourrie par la vérité presque dardennienne du background social, le soin apporté à tous les personnages, et surtout le talent formidable de son duo d’acteurs.

Dheepan
6.5

Dheepan (2015)

1 h 49 min. Sortie : 26 août 2015. Policier, Drame

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Il y a quelque chose d’assez réjouissant à voir Audiard refuser la grande forme et le grand sujet pour se pencher, en langue étrangère, sur une très attachante famille fictive de migrants tamouls tentant de se constituer au sein d’un environnement hostile. Si l’on peut s’interroger sur la crédibilité des no-go zones périurbaines telles que le cinéaste choisit de les montrer, rien ne saurait entamer la sensibilité avec laquelle il traduit les doutes, les peurs et les espoirs de ses trois protagonistes, ni l’efficacité dramatique du parcours d’un homme en reconstruction, confronté à la résurgence de sa propre violence. Cette conciliation toujours préservée de tension et de douceur intimiste, cette maîtrise éprouvée des genres et des tons, propres à l’auteur, font de la Palme 2015 une œuvre forte et touchante.

Les Frères Sisters
6.9

Les Frères Sisters (2018)

The Sisters Brothers

2 h 02 min. Sortie : 19 septembre 2018. Western, Drame, Policier

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

En se confrontant à la mythologie américaine entre toutes du western, le réalisateur met très brillamment en pratique sa vision d’un cinéma conçu comme un grand artisanat. La facilité à investir les codes du genre en leur insufflant une énergie nouvelle, l’aisance à dégraisser la matière narrative sans verser dans l’épure, la précision d’un récit qui happe de sa main ferme mais coulante, tout témoigne d’un bonheur constamment inspiré et préserve la richesse thématique autant que l’estampille populaire. À l’image de l’or scintillant dans le lit de la rivière, le film est une pépite s’offrant sans coup de force, une épopée intime et initiatique qui, loin de se draper de moralisation, dresse le constat clair de l’impasse de la violence et quête l’avènement de cette civilisation humaniste dont John Ford s’était fait le chantre.
Top 10 Année 2018 :
https://urlz.fr/8Srx

Les Olympiades
6.8

Les Olympiades (2021)

1 h 45 min. Sortie : 3 novembre 2021. Drame, Romance

Film de Jacques Audiard

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Paris XIIIème, ses nouvelles tours, sa population métissée. Et une phrase, "Je baise et je vois après", qui pourrait résumer la trajectoire d’un film où, comme toujours chez Audiard (ce grand sentimental ?), l’amour possible est au bout du chemin. Élégante et sensuelle, stylisée sans chichis ni excès de joliesse, sa caméra épouse les tressautements d’un culbuto balançant sans cesse entre inquiétude et passion, énergie et désarroi, solitude et ferveur. Une véritable liberté des tons et des corps souffle sur cette chronique sentimentale, connectée à son époque sans paraître opportuniste et dressant en coupe, à partir d’une ligne de script, d’un couple, d’une intrigue, le portrait parcellaire mais très juste d’un certain état contemporain. Quant aux trois acteurs, révélations ou confirmation, ils sont plus qu’épatants.

Thaddeus

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