Cover Hirokazu Kore-eda - Commentaires

Hirokazu Kore-eda - Commentaires

Sa consécration cannoise a définitivement entériné la place tenue par Hirokazu Kore-eda : celle d’un cinéaste majeur de notre époque. Portant un regard fait de tact et de respect sur les territoires de l’enfance, sans les considérer avec la bienveillante condescendance de l’adulte attendri, il est ...

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Liste de

11 films

créee il y a presque 12 ans · modifiée il y a plus d’un an

Maborosi
7.2

Maborosi (1995)

Maboroshi no hikari

1 h 50 min. Sortie : 17 novembre 1999 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Plongée enfant dans un sentiment d’incompréhension mêlée de culpabilité par la disparition de sa grand-mère, une jeune femme se retrouve seule avec son bébé après le suicide inexplicable de son mari, et tente quelques années plus tard de refaire sa vie avec un autre homme. Tout le film tient dans ces quelques lignes. Aucun élément parasite ne vient en détourner l’enjeu : le cinéaste cherche à montrer à la fois des épiphanies où l’on se perd dans le présent et la manière dont une vie entière, jusque dans ses replis quotidiens, peut s’arc-bouter autour d’un évènement dont la clé échappe à celui qui le subit et lui rappelle douloureusement les limites de sa condition. Mais ce ne sera qu’avec l’opus suivant, fondé sur la même thématique de la mort et du deuil, qu’il évitera l’écueil d’un certain académisme.

After Life
7.4

After Life (1998)

Wandafuru raifu

1 h 58 min. Sortie : 17 novembre 1999 (France). Drame, Fantastique

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Ou comment envisager le fantastique comme caisse de résonnance intime. À leur dernier souffle, les morts sont accueillis dans un bureau fleuri où d’aimables fonctionnaires les invitent à choisir le plus beau souvenir de leur existence, celui qu’ils emporteront dans l’au-delà. De cette idée belle et saugrenue, Hirokazu déploie un feuilleté bruissant de sensations remémorées, de confessions chuchotées avec une attention poétique en apesanteur. L’angoisse de la mort s’abolit dans une célébration des pouvoirs magiques du septième art : c’est à travers la reconstitution bricoleuse du passé, ramené des limbes de la mémoire par les outils magiques de la recréation cinématographique, que ces condamnés en sursis atteignent le repos éternel. Une œuvre aussi étrange qu’obsédante.

Nobody Knows
7.9

Nobody Knows (2004)

Dare mo shiranai

2 h 21 min. Sortie : 10 novembre 2004 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 5/10.

Annotation :

Quatre saisons dans la vie de quatre enfants, quatre petits poucets livrés au funeste écoulement des jour et laissés à la charge de l’aîné de douze ans. Il faudrait que je redonne une chance à ce film car je ne pense pas l’avoir perçu à sa juste mesure – trop fatigué, je luttais contre la chute de mes paupières au bout d’une heure. Hirokazu y engage pourtant pudeur et poésie, affirme un véritable don pour restituer l’univers de l’enfance, cette période irremplaçable apte à puiser dans l’imaginaire pour tenir à distance la cruauté du monde extérieur. Il parle aussi du Japon, de ce pays de l’exiguïté, du confinement, du respect de la règle. Mais s’il joue habilement avec les limites naturalistes qu’il s’est à lui-même imposé, la fiction n’échappe pas toujours aux pièges de la répétition volontariste et du surplace.

Still Walking
7.7

Still Walking (2008)

Aruitemo aruitemo

1 h 55 min. Sortie : 22 avril 2009 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 9/10.

Annotation :

Une fille qui interroge sa mère sur une recette, baisse le nez sur les carottes, les pois, le maïs égrené. Une veuve esseulée qui invite le souvenir dans un rituel de transmission feint. Une journée qui se déroule sans éclats de voix, sans autre aveu que celui d’une chanson populaire. Une vue de la ville et de sa plage depuis le cimetière, plaçant le drame sous le regard du mort. Depuis "Voyage à Tokyo", l’incommunicabilité dans la famille suscite le même chagrin. Hirokazu en retrouve la sève et affine l’acuité d’un regard extrêmement fin sur les relations qui s’épanouissent en son sein, sur la cruauté feutrée et inconsciente des uns, sur les trésors d’amour et d’affection nourrissant les autres. La chaleur et la délicatesse allusive de son art confèrent à ce film très émouvant la douceur printanière d’une partition digne d’Ozu.
Top 10 Année 2008 :
http://lc.cx/UP8

I Wish - Nos vœux secrets
7.3

I Wish - Nos vœux secrets (2011)

Kiseki

2 h 08 min. Sortie : 11 avril 2012 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

On peut considérer cet opus rêveur comme le pendant guilleret et facétieux de "Nobody Knows" : même circonscription à un regard strictement enfantin, même réseau de stratagèmes pour oublier la dureté du quotidien, déroulés cette fois sur un mode ludique et buissonnier, loin de l’arrière-fond étouffant de son prédécesseur. Rivé aux basques d’une bande de petits anges rieurs et malicieux, le cinéaste témoigne à nouveau d’une singulière aptitude à transformer le quotidien le plus prosaïque en un florilège d’instants magiques. Mais jamais on ne doute que la persévérance et la foi inébranlables animant les petits héros ne soient les revers d’une lucidité constamment mise à l’épreuve du monde. Un fort joli film, plein de charme et de fraîcheur, dont la philosophie souriante ne verse jamais dans l’utopie béate.

Tel père, tel fils
7.6

Tel père, tel fils (2013)

Soshite chichi ni naru

2 h. Sortie : 25 décembre 2013 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 7/10.

Annotation :

Les grand yeux interrogatifs de Keita, la détresse de sa mère lorsqu’elle apprend la méprise, la raideur maladroite de son père… Hirokazu fait une fois encore briller son sens de l’observation, s’efface derrière la vie de ses protagonistes pour en révéler le suc intime, la profonde vérité. Tendresse et précision du regard lui permettent de s’accommoder d’un traitement peut-être un plus timoré que d’ordinaire, comme si le sujet étouffait légèrement la sensibilité, et de pardonner aux défaillances d’un script qui, à partir de son mitan, accuse une certaine baisse de régime. Défauts on ne peut plus véniels : l’universalité du propos, le tact avec lequel la douce chronique familiale interroge les liens filiaux ou de sang, le statut et la nature du père, ses doutes, ses hésitations, ses élans, génèrent une touchante émotion.

Notre petite sœur
7.3

Notre petite sœur (2015)

Umimachi Diary

2 h 03 min. Sortie : 28 octobre 2015. Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’aînée est grande, altière, d’une sérénité presque stoïque dans son rôle de mère putative. La cadette est sensuelle, souple, satisfaite de ses papillonnantes velléités. La benjamine est une drôle de frimousse qui ne tient pas en place. Organiquement soudées, mues par une miraculeuse aptitude au bonheur, elles accueillent comme un cadeau l’adolescente mûre et pensive venant parfaire l’harmonie chaleureuse de leur petit paradis. Le quotidien épiphanique de ces quatre grâces, lovées dans le foyer centenaire de leur aïeule, concilie le ressenti du plus tangible (la fumée de l’encens, l’araignée dans la douche, la cueillette des prunes, la balade en vélo sous des cerisiers en fleurs) à une spiritualité secrète, un sens de la transmission opérant l’envie irrépressible de se rapprocher des autres et de soi-même.
Top 10 Année 2015 :
https://lc.cx/4xvN

Après la tempête
7

Après la tempête (2016)

Umi yori mo mada fukaku

1 h 58 min. Sortie : 26 avril 2017 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

Sismographe attentif des reconfigurations sentimentales, des renaissances intimes, des déliaisons diversement vécues au sein de la cellule familiale, l’auteur poursuit un cinéma jamais totalement cocasse ni complètement désenchanté. Parce que s’y lit en filigrane le constat assez amer d’une paternité désaccordée à ses désirs, prenant trop tard la mesure de ses faillites et de ses illusions, parce que les affects s’y formulent davantage sur le mode du reproche et du regret que sur celui d’une réconciliation longuement conquise, le film ne fait pas vraiment effleurer cette sensibilité épidermique qui couvre de chaleur humaine les plus beaux opus films du cinéaste. Il n’en délivre pas moins, par son art du portrait, sa bienveillance innée, la connivence qu’il entretient avec ses personnages, un charme certain.

Une affaire de famille
7.6

Une affaire de famille (2018)

Manbiki Kazoku

2 h 01 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

L’intimité que l’on éprouve vis-à-vis de ce cinéma passe par un art achevé de la chronique pointilleuse, dont chaque plan rassemble les éléments enjôleurs de la miniature nippone. Hirokazu sait comme personne créer le sentiment que les lieux ne sont pas de simples éléments circonstanciels mais un environnement patiné par le fil du temps et l’expérience des vies. En épousant la perspective insulaire d’une cellule familiale qui s’est choisie, il transmet le climat de douceur, la tendre estime que chacun voue aux autres, dresse la peinture idéalisée d’une communauté heureuse, puis replie les contingences du réel sur ce qui tisse, de l’amour librement dispensé ou de la règle sociale qui prétend les légitimer, les liens entre les êtes. Un film superbe, poignant, grave et lumineux, émaillé de purs moments de grâce.
Top 10 Année 2018 :
https://urlz.fr/8Srx

La Vérité
5.9

La Vérité (2019)

Shinjitsu

1 h 46 min. Sortie : 25 décembre 2019 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 6/10.

Annotation :

En s’aventurant sur le terrain du drame psycho-familial français, le cinéaste accrédite la thèse selon laquelle un auteur perd une partie de ADN en dehors de son milieu et de ses frontières. Son défi consiste à effeuiller un scénario comme un artichaut et à développer une fiction pleine d’effets de miroir et de jeux de mise en abîme, où le mensonge et la mauvaise foi ferraillent en bonne et due forme avec l’épanouissement de l’amour filial. Mais la rigidité avec laquelle se déploie tout cet appareillage méta-filmique, la tiédeur des considérations sur le rapport pirandellien du jeu à la réalité et le caractère inoffensif d’un face-à-face qui se voudrait sans doute plus mordant, plus cruel, apparentent le film à un Assayas quelque peu lénifiant, assez loin de l’acuité et de l’émotion dont vibre d’ordinaire l’œuvre du Japonais.

Les Bonnes Étoiles
6.8

Les Bonnes Étoiles (2021)

Beulokeo

2 h 09 min. Sortie : 7 décembre 2022 (France). Comédie dramatique

Film de Hirokazu Kore-eda

Thaddeus a mis 8/10.

Annotation :

Continuant de faire valoir son passeport, Hirokazu s’aventure cette fois en Corée voisine et se sert du phénomène des "baby boxes" comme du postulat de départ d’un road-movie placé sous les auspices du polar. Parce qu’il ne se refuse pas à verser dans tel éclat de rire complice ou tels pleurs libérateurs, les plus chafouins ne verront ici que mièvrerie sentimentaliste. Or il prouve une nouvelle fois qu’il reste un maître du non-dit et du silence, de la confession à demi-mot et de l’état d’âme, du secret et du regret "mezza voce", et que la finesse avec laquelle il remet sur le métier les questions de la famille, de la parentalité, de l’abandon, de l’adoption, des débordements d’amour (à donner comme à recevoir), de ces blessures nées des conceptions trop endogames des liens du sang, nourrit une émotion intacte.

Thaddeus

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