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Etudiants étrangers : « Attirer les plus riches et, en même temps, écarter les plus pauvres »

La nouvelle géopolitique universitaire du gouvernement va creuser les inégalités entre les étudiants étrangers et entre les établissements, avant de toucher les étudiants français, analysent dans une tribune au « Monde » le sociologue Eric Fassin et le philosophe Bertrand Guillarme.

Publié le 21 novembre 2018 à 05h30, modifié le 21 novembre 2018 à 15h25 Temps de Lecture 4 min.

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A la bibliothèque de l’université Paris Nanterre.

Tribune. Le premier ministre a annoncé, lundi 19 novembre, une « stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux ». A première vue, on ne peut que s’en réjouir : l’enseignement supérieur, en France comme ailleurs, doit faire le pari de l’ouverture internationale. La France n’est-elle pas le quatrième pays au monde pour l’accueil d’étudiants étrangers, et leur nombre ne va-t-il pas croissant (+ 4,5 % en 2017-2018 et + 4,6 % l’année précédente) ?

S’il y a bien un problème aujourd’hui, c’est que la politique d’immigration de la France a un effet répulsif : les obstacles, les tracasseries et les humiliations finissent par décourager nombre d’étudiantes et d’étudiants étrangers. Ne vont-ils pas se tourner vers d’autres pays, plus accueillants, en Europe ou en Amérique du Nord ?

Toutefois, pour le premier ministre, l’attractivité passe surtout, non sans paradoxe, par une augmentation massive des frais d’inscription pour les étrangers extracommunautaires : ils seront multipliés par 10 au moins (selon le niveau, de 170 à 380 euros, on passe à 2 770 à 3 770 euros par an). On comprend dès lors qu’il s’agit d’attirer, non pas les étudiants en général, mais les plus riches, et en même temps d’écarter les plus pauvres.

Cette logique de classe se superpose, dans le discours gouvernemental, avec une géographie qu’Edouard Philippe indique clairement : « Les étudiants indiens, russes, chinois seront plus nombreux et devront l’être. » Ainsi, « la campagne de communication ciblera davantage les pays émergents (Chine, Inde, Vietnam, Indonésie) et les pays non francophones d’Afrique subsaharienne ».

Or, parmi les 10 pays qui nous envoient le plus d’étudiants, 6 sont en Afrique francophone, et 45 % des étudiants étrangers sont africains. Ce sont ceux-là que la France veut dissuader : elle les considère en effet comme des immigrés. Ne sont-ils pas comptabilisés dans les chiffres de l’immigration ?

Des héritiers du monde entier

Bref, pour attirer le monde entier, dans le monde orwellien du premier ministre, il faut commencer par repousser les anciennes colonies de la France. Certes, le gouvernement propose d’accroître le nombre de bourses pour les étrangers : en plus des 6 000 accordées par des établissements, non plus 7 000, mais 15 000 par l’Etat. Mais c’est pour 324 000 étrangers au total (dont 150 000 étudiants africains). Les boursiers resteront une infime minorité. La générosité affichée ne compensera pas les effets de l’augmentation des frais d’inscription.

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