L'Europe parsemée de clôtures. L'Autriche a annoncé la construction une barrière le long de sa frontière avec la Slovénie, pour stopper l'afflux de migrants. Avant Vienne, plusieurs autres capitales européennes ont décidé de remettre en place de nouveaux rideaux de fer, 25 ans après la chute des murs qui séparaient l'Est et l'Ouest de l'Europe.

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Pour les spécialistes des migrations, fermer les frontières ne résout aucunement la question des migrations: "Les stratégies de contournement se multiplient", expliquait il y a peu Catherine de Wenden à L'Express. "Chaque fois qu'on ferme une porte, une autre s'ouvre. C'est sans fin". "Les migrants ont réinventé la route de l'ex-Yougoslavie, de la Turquie à la Serbie via la Grèce et la Macédoine, complétait-elle. A Ceuta et Melilla [enclaves espagnoles au Maroc], la pression a certes baissé, mais les passages se font désormais ailleurs, à la frontière maroco-algérienne, ou au départ de la Tunisie et de la Libye ."

L'Espagne, pionnière

L'Espagne a quant à elle érigé une clôture de 6 mètres de haut, truffée de capteurs et de caméras dans ses enclaves en terre africaine de Ceuta et Melilla. Une première séparation de 3 mètres de haut avait été construite en 2003, rehaussée en 2005 après la mort d'une quinzaine de personnes lors d'une tentative pour la franchir.

Grèce-Turquie

La Grèce a érigé une barrière dès 2012, en Thrace, pour empêcher les migrants d'entrer depuis la Turquie. D'une longueur de 12,5 km, la portion de frontière terrestre entre les deux pays. Il s'agissait alors de faire cesser le flux de migrants en provenance principalement d'Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh. Si cette frontière a bien mis fin au passage des candidats à l'asile, ceux-ci ont alors pris la voie maritime pour gagner l'Europe, un temps au départ de la Sicile en direction de l'Italie, puis à nouveau vers la Grèce, via les îles de la mer Egée.

La Bulgarie

A son tour, la Bulgarie a installé une barrière de 3 mètres de haut, en 2013, d'abord sur une trentaine de kilomètres. La séparation devrait être prolongée sur 58 kilomètres de plus, d'ici 2016.

La Macédoine, devenue à son tour une voie d'accès vers le nord de l'Europe, envisage à son tour la construction d'une clôture.

La Hongrie

L'un des principaux pays de transit des migrants et réfugiés, ces derniers mois, la Hongrie a, dans un premier temps, fermé l'accès à son territoire sur 175 km, le long de sa frontière avec la Serbie. Mais les candidats au passage se sont alors reportés sur la Croatie. La Hongrie a alors entrepris d'ériger des murs de barbelés sur deux sections de 38 et 78 km. Le reste de la frontière avec la Croatie, longue de quelque 350 km, est matérialisée par la Drave, une rivière dont de larges parties sont jugées infranchissables.

Budapest s'est félicité, il y a une dizaine de jours d'avoir mis fin à l'arrivée de migrants sur son territoire. Mais c'est la Croatie qui s'est alors à son tour retrouvée confrontée à la gestion de cette crise. Zagreb a redirigé les migrants arrivant sur son territoire vers la Slovénie. Depuis que la Hongrie a initié le mouvement de fermeture des frontières l'itinéraire s'est déplacé vers ce petit pays où près de 90 000 migrants ont transité depuis le 17 octobre.

Des barbelés en France... pour le compte du Royaume-Uni

La France aussi a un moment fermé sa frontière avec l'Italie à Vintimille sans pour autant y construire un mur. Des murs grillagés entourent en revanche sur 3 km la rocade qui mène au port de Calais. "Il s'agit d'une double clôture, l'une de 4 mètres de haut, l'autre de 2-3 mètres, surmontée d'une rampe d'accès incurvée qui permet d'éviter de s'agripper, un fil barbelé concertina. Entre les deux, un espace de détection infrarouge", décrit La voix du Nord. Un peu plus loin, les voix d'accès au tunnel sous la Manche sont, elles aussi, parées de barbelés. Après les intrusions de migrants au cours de l'été, 29 km de clôtures haute sécurité d'une hauteur, là aussi, de 4 mètres viendront s'ajouter aux 10 km existants qui seront renforcés.

Alors que se multiplient les barrières en Europe, L'Allemagne, qui s'attend à accueillir cette année entre 800.000 et un million de demandeurs d'asile, a regretté cette tendance. L'érection "de barrières ou de murs" n'est pas la solution a protesté le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière en apprenant les projets de l'Autriche, après ses autres voisins plus au sud, de construire elle aussi un nouveau mur.

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