« L’aide qui vient des pays riches doit aller en priorité aux pays africains. » Qui s’exprime ainsi ? Emmanuel Macron ? Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU ? Le pape François ? Que nenni. Ce cri du cœur –humanitaire– prononcé en septembre dernier, a été lâché par l’un des représentants les plus emblématiques du capitalisme international de ces cinquante dernières années : William Henry Gates III, dit Bill Gates, 63 ans. A travers la fondation, créée en 2000, qu’il dirige avec son épouse Melinda, la deuxième fortune mondiale (90,2 milliards de dollars, selon «Forbes», 2018) est devenu l’un des plus grands philanthropes de la planète.

«Les budgets d’aide au développement des Etats représentent 90% de l’aide aux pays pauvres mais la philanthropie peut aider à trouver de nouvelles idées en faveur des plus démunis», a-t-il ajouté en rendant public le rapport annuel de ladite fondation, très engagée contre le paludisme, le sida et la faim dans le monde et dotée d’un fonds de 43,5 milliards de dollars, un montant largement supérieur aux dépenses de l’Organisation mondiale de la santé.

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Né le 28 octobre 1955 à Seattle (Etat de Washington) d’un père avocat et d’une mère professeure d’université et femme d’affaires, Bill Gates se passionne très jeune pour l’informatique et la programmation de logiciels . Brillant élève, il intègre la prestigieuse université Harvard en 1973. Mais c’est dans le garage de ses parents, selon la légende savamment entretenue, qu’il va révolutionner l’histoire de l’informatique. Son ami Paul Allen, avec qui il cofondera Microsoft en 1975, invente, lui, un langage de programmation inédit développé pour le premier ordinateur personnel, l’Altair 8800. Le coup de génie de Gates ? Déceler l’importance stratégique du système d’exploitation –en l’occurrence Windows– et des logiciels de bureautique (traitement de texte, tableur…), permettant à un utilisateur d’interagir de façon intuitive avec un micro-ordinateur.

La future multinationale prend son envol en 1980, lorsque Microsoft signe un accord avec le fabricant d’ordinateurs IBM : Windows sera désormais vendu intégré à chacun des ordinateurs personnels sortis des usines de Big Blue. Bingo ! Microsoft entre en Bourse en 1986, provoquant l’enthousiasme sans réserve des investisseurs. Le jour même, Bill Gates devient milliardaire. Dix ans plus tard, il est sacré l’«homme le plus riche du monde» par le magazine «Forbes», Windows étant devenu le système d’exploitation le plus vendu au monde. L’emprise tentaculaire de ce dernier sur le marché mondial, gravitant autour de 90% de part de marché, vaudra à la firme de Redmond (Etat de Washington) de subir de retentissants procès pour monopole et une grave menace de dissolution de son empire dans les années 2000.

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Dans l’histoire économique du XXe siècle, relèvent les exégètes –ou adorateurs– de Bill Gates, peu d’entreprises ont eu une image si fortement liée à leur fondateur, à l’instar de l’ami et néanmoins féroce concurrent, le génial Steve Jobs (Apple) décédé en 2011. Si bien que ce père de trois enfants (deux filles et un garçon) a souvent été comparé à Henry Ford ou à William Rockefeller, à l’origine, comme lui, de nouveautés technologiques révolutionnaires (véhicules particuliers, industrie pétrolière). Fortement engagé dans le combat humanitaire, Bill Gates avait pris soin de quitter toute fonction opérationnelle au sein de Microsoft dès 2008, abandonnant même la présidence du conseil d’administration en 2014.

Elu «Personnalité de l’année» en 2005 par le magazine «Time» aux côtés de son épouse, Melinda, et du chanteur Bono, et anobli par la reine Elisabeth II la même année, pour récompenser son action sur le front philanthropique, Bill Gates est aussi un fieffé prosélyte auprès de ses collègues milliardaires. Le 16 juin 2010, il lançait, avec son épouse, une vaste campagne baptisée «The Giving Pledge» (la promesse de don), dans laquelle il invitait ces derniers à réaliser des donations dépassant 50% de leur fortune personnelle. Le multimilliardaire Warren Buffett, par ailleurs partenaire préféré de bridge de Gates, fut le premier à répondre à l’appel de son ami en déclarant son intention de léguer plus de 99% de sa fortune !

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Le 6 juin 2017, la SEC, l’organisme fédéral de contrôle des marchés financiers, révélait que le fondateur de Microsoft venait de faire don de 5% de sa fortune, soit 5 milliards de dollars, à la Bill & Melinda Gates Foundation, en se délestant de 64 millions d’actions Microsoft, dont il ne détiendrait plus que 1,3% des parts. Au total, les époux Gates auraient donné près de 34 milliards de dollars depuis 1994. En février dernier, sur CNN, ce docteur honoris causa de nombreuses universités tout autour de la planète (dont HEC et Cambridge) estimait qu’il devrait , ainsi que tous les richissimes contribuables américains, payer davantage d’impôts, qualifiant de «régressive» la réforme fiscale du président Donald Trump de décembre 2017 (qui octroie d’importantes réductions aux entreprises, NDLR).

Si, à 63 ans, Bill Gates semble être toujours un bourreau de travail, il sait parfois lever le pied. Ainsi, il consacre toujours un peu de son temps à la lecture. Selon les informations de Business Insider, sa bibliothèque personnelle compterait d’ailleurs quelques ouvrages rares, dont le «Codex Leicester» de Léonard de Vinci. Il a également pour habitude de se rendre chaque année dans une cabane dans la forêt afin de se retrouver avec lui-même. Et penser à ses prochaines croisades…