TRIBUNE

La France doit rapatrier les enfants détenus en Syrie

Refuser de secourir ces victimes de guerre est en contradiction avec nos valeurs et nourrit le risque d’en faire des «bombes à retardement».
par Un collectif d'acteurs de la société civile française, à l’initiative des avocats Marie Dosé et Henri Leclerc
publié le 10 mars 2019 à 17h06

Tribune. Actuellement, des enfants français, dont plus des deux tiers ont moins de 6 ans, sont détenus arbitrairement au Kurdistan syrien dans des conditions extrêmement précaires les exposant directement à un risque de mort. Ils sont une centaine ; certains sont nés en Syrie quand d'autres ont été emmenés par leurs parents ou l'un d'entre eux. Aucun n'a choisi de naître sur zone ou de rejoindre Daech. Ils sont victimes du choix des adultes. Ils sont, tout simplement, des victimes de guerre. En deux mois, le nombre de femmes et d'enfants détenus au camp Al-Hol est passé de 10 000 à 33 000 : les enfants manquent d'eau, de nourriture et de soins. Certains sont malades et tous - profondément marqués par ce qu'ils ont vu et subi - portent les stigmates des traumatismes de guerre. Ces enfants ne deviendront des bombes à retardement que si la France persiste à refuser leurs rapatriements.

En Syrie, Daech et les groupuscules terroristes n’attendent qu’une chose ; les récupérer pour mieux les former à devenir des enfants soldats et à haïr les valeurs que nous portons. Ces mêmes valeurs qui nous obligent à protéger, secourir et sauver des enfants qui ne sont coupables de rien. Aussi, nous demandons aux autorités françaises de tout faire pour que ces enfants soient rapatriés en France dans les meilleurs délais. Nos institutions sont prêtes à les accueillir, qu’il s’agisse de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), des pédopsychiatres, des éducateurs, et des familles d’accueil spécialement formées à cet effet. La Russie, le Maroc et les Etats-Unis ont d’ores et déjà pris des mesures effectives pour assurer le retour des enfants dans leurs pays. Nous ne pouvons pas tergiverser plus longtemps, sauf à laisser périr des innocents qui demeurent, quel que soit le choix de leurs parents, nos enfants.

Patricia Adam, ex-présidente de la commission parlementaire de la défense et de la délégation parlementaire aux renseignements ; Dominique Attias, avocate ; Benoît Hamon, Yannick Aujard, professeur de pédiatrie ; Josiane Bigot, magistrat honoraire ; Valeria Bruni Tedeschi, comédienne et réalisatrice ; Philippe Caubère, comédien ; Elie Chouraqui, réalisateur ; Daniel Cohn-Bendit, Marie Desplechin, écrivaine ; Anny Duperey, comédienne et écrivaine ; Georges Fenech, ancien juge d'instruction, député honoraire Les Républicains ; Romain Goupil, cinéaste ; Nicolas Hénin, président d'Action Résilience ; Mathieu Klein, président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle ; Martine Laroche-Joubert, journaliste ; Dominique Potier, député PS ; Joëlle Losfeld, éditrice ; Ariane Mnouchkine, metteure en scène et fondatrice du Théâtre du Soleil ; Eric Ouzounian, père d'une victime de l'attentat du Bataclan ; Sébastien Pietrasanta, ancien député PS et rapporteur de la commission d'enquête relative aux moyens pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015 et du projet de loi sur la lutte contre le terrorisme ; Edwy Plenel, journaliste ; Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat honoraire, ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny et expert Unicef ; Josyane Savigneau, journaliste ; Philippe Torreton, comédien.

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