Révisions du bac : les conseils d’Ethan Cormont, sportif de haut niveau

À un mois de l’examen, c’est le début de la course contre la montre pour plus de 750 000 candidats. Comment réviser quand on n’est pas un crac ? Le champion Ethan Cormont, espoir de la perche, nous raconte comment il s’y est pris.

 L’année dernière, le sportif préparait en parallèle son bac technologique STMG et les Championnats du monde junior de perche.
L’année dernière, le sportif préparait en parallèle son bac technologique STMG et les Championnats du monde junior de perche. LP/Quentin de Groeve

    Ethan est persuadé qu'il est plus difficile de prévoir ses résultats scolaires que ses performances sportives. Dans les deux domaines, ce jeune homme de 18 ans au physique nerveux, la tignasse châtain ébouriffée par le casque de scooter qu'il vient d'ôter, sait de quoi il parle : il est athlète de haut niveau et bachelier.

    L'an dernier, à cette époque, cet espoir de la perche, qui a battu en février le record de France junior détenu par Jean Galfione, préparait en parallèle son bac technologique STMG et les Championnats du monde junior de perche. Avec au finish, une mention « assez bien » sur son diplôme et une place de finaliste (8e) lors de la compétition. À un mois exactement du bac 2019, il livre ses conseils de « fainéant intelligent ». Attention, ça détonne.

    Évaluer son potentiel

    Ethan s'est réellement attelé aux révisions un mois avant l'examen, une fois passé le marathon de Parcoursup. Le lycéen de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), 13/20 de moyenne à son palmarès, procède comme à l'entraînement : « J'évalue mon niveau en regardant mes bulletins, je regarde le coefficient de chaque épreuve, et je me fixe un objectif de note pour chaque matière. »

    Pour ce challenge scolaire, le perchiste n'a ni matelas de points (il a obtenu la moyenne tout juste aux épreuves anticipées), ni second essai possible. « Je n'aurais pas pu aller au rattrapage, confie-t-il, les oraux commençaient le jour où mon avion décollait pour les Championnats du monde en Finlande… Le bac, c'était du premier coup ou pas du tout. »

    Il décide de consolider ce qu'il « sait » dans les matières qu'il juge perdues et met le paquet sur ses points forts, comme l'histoire-géo, et les gros coefficients qui rapportent. « Il faut être réaliste, tranche-t-il. Tu n'auras pas une illumination en philo si tu as été nul toute l'année. »

    Partir des exercices

    En gestion finances, la spécialité de son bac cotée d'un coef 12, chaque point vaut de l'or. Mais voilà, avoue-t-il : « C'est le no man's land dans mes cahiers. Il me manque des morceaux de cours, j'ai des documents que je ne sais pas comment interpréter, il faut tout reprendre de zéro. »

    Chapitre I. Ethan ouvre son manuel et un nouveau cahier vierge. « Pour chaque chapitre, je commence par noter ce dont je me souviens, puis je regarde les annales. J'essaye de les faire, et quand je bute, j'ouvre la leçon. Je révise le cours pour réussir à faire les exercices. » Ethan assure qu'ainsi, en deux semaines intensives, il a couvert « deux tiers du programme ».

    Utiliser son téléphone

    Accro à son smartphone comme tous les autres élèves de sa classe, le lycéen de Maisons-Alfort choisit d'en faire une force. « J'utilise l'application de prise de notes qu'il y a sur tous les smartphones pour faire mes fiches d'histoire : j'écris les grandes dates à retenir absolument, ça m'aide à mémoriser. »

    Ethan pianote aussi des messages à ses camarades de classe, par messagerie instantanée, quand un point de cours manque dans ses classeurs, ou qu'il bute sur une notion. « Quitte à jouer sur son tel, autant que ce soit utile », résume-t-il.

    Inviter ses copains

    Le jeune homme avoue un autre « petit défaut » : il est bien moins endurant à son bureau que sur le tartan. Alors il invite ses potes à la maison. Les garçons mettent en commun leurs cours et leurs points forts. L'un, bon élève mais pas physique, l'aide en gestion. Lui le « traîne au stade », lui délivre ses conseils pour améliorer son score en sprint.

    Avec les copains, « on travaille pendant trois heures, efficaces, raconte le protégé de Renaud Lavillenie. Chacun explique ce qu'il a retenu et ensuite, on décide ce qui est important ». Le garçon, doté d'une mémoire auditive, profite à fond de ces brainstormings qui — cerise sur le gâteau — permettent de joindre l'utile à l'agréable. « À la fin de la journée, j'ai l'impression d'avoir passé une bonne après-midi avec mes potes, pas d'avoir bossé. »

    Le jour J : assurer des points

    La dernière semaine, Ethan révise de 10 heures à 18 heures. Impossible de relever la barre plus haut : au-delà de 8 heures, il sature. Chaque soir, il part au stade pour s'entraîner. Puis vient le jour J. Pendant les épreuves, il commence toujours par lire les exercices. Il attaque d'abord ceux qu'ils maîtrisent.

    « Ensuite, quand j'ai assuré un certain nombre de points, je sors les rames pour essayer de gratter 0,5 point par-ci par-là… » Après cinq jours à ce régime, le garçon court aux qualifications des Championnats du monde, à Blois (Loir-et-Cher). Il saute, repart : le lundi, il passe son ultime devoir du bac, l'économie.

    Les pièges à éviter

    En février, Ethan a battu le record de France, à 5,62 m, et il vient de s'inscrire dans un BTS de management commercial à distance, conçu spécialement pour les sportifs de haut niveau. Il a réussi son pari, malgré des erreurs : « Je n'aurais pas dû passer tant de temps à recopier dans ma calculatrice les formules de maths… »

    La technique, tolérée, est piégeuse. « Cela prend un temps fou mais c'est inutile si on ne sait pas se servir des formules. » Il a aussi commis un petit impair : oublier son « plan comptable », document aussi indispensable que la calculatrice, juste avant l'épreuve la plus importante, de gestion finances. « J'ai emprunté la moto d'un pote pour aller le chercher en vitesse, dix minutes avant l'épreuve ». D'où cet ultime conseil : bien préparer son sac le jour J.