Les tensions entre cyclistes et automobilistes demeurent. © Pierre-Yves Jortay pour le vif/l'express

Liège : voter avec les pieds… sur les pédales

Julie Luong

Le cycliste est-il forcément Ecolo ? Pas si sûr. Le vélo semble aujourd’hui transcender les sensibilités politiques. On ne pédale peut-être pas pour les mêmes raisons mais on roule.

En 2013, le projet de Ville l’avait déjà montré. Confirmation avec l’exercice participatif de Réinventons Liège en 2017 : lorsqu’on demande aux citoyens liégeois de se pencher sur les projets susceptibles d’améliorer leur vie, les propositions en faveur de la mobilité cyclable fusent – en particulier dans cette frange des moins de 40 ans qui représentait la moitié des participations.  » La mobilité est la première préoccupation des électeurs, et au sein de ce volet, la première est la mobilité douce « , confirmait l’ex-échevin de la mobilité Michel Firket (CDH) à la veille des récentes élections communales. Du côté du Groupe de recherche et d’action des cyclistes quotidiens (Gracq), Julien Charlier estime que le vélo est devenu un enjeu électoral majeur.  » C’est un sujet qui fait désormais consensus.  »

Bien sûr, les tensions entre cyclistes et automobilistes demeurent, de même que celles entre cyclistes et piétons. Pour le Gracq, ce conflit est favorisé par la pauvreté des aménagements et des couloirs cyclables en site propre, qui ont tendance à faire passer les cyclistes pour des… empêcheurs de circuler en rond.  » Je pense que les frictions entre cyclistes et autres usagers de la route vont peu à peu se résorber car de plus en plus, celui qui est dans sa voiture pendant la semaine est sur son vélo le dimanche… Ce sont les mêmes personnes « , commente Jean-François Leblanc, conseiller en mobilité.

Diversité de profils

L’enquête de l’ULiège semble elle aussi prouver la diversité des profils parmi les cyclistes. Quand on les interroge sur les raisons qui les poussent à rouler, la santé arrive en premier lieu (94 % des répondants) suivie par le plaisir (89 %), la rapidité (81 %) et enfin seulement le motif écologique (76 %), ex-aequo avec le caractère relaxant (76 %) d’un tel mode de déplacement.  » Le fait que la motivation écologique ne soit pas parmi les réponses les plus fréquentes démonte un cliché assez récurrent qui associe le cycliste urbain à l’écologie « , commente le Gracq.

Enfin, le souci économique arrive en queue de peloton (48 % des répondants), une statistique en ligne avec ce que l’on observe à l’étranger : le retour de la bicyclette est avant tout le fait de catégories sociales moyennes et aisées. Pas forcément écolo ni bobo, mais pas prolo non plus le cycliste…

A Liège, trois cyclistes réguliers sur quatre sont des hommes. Moins téméraires ou plus soumises à des impératifs sociaux de prudence, les femmes ont tendance à moins rouler lorsque le cadre n’offre pas toutes les garanties de sécurité. A la Ville, on en appelle cependant à ne pas tout attendre des aménagements…  » Il faut aussi oser prendre sa place sur la route et ne pas essayer de se faire sans cesse tout petit en tant que cycliste. C’est en occupant l’espace public qu’on accroît sa visibilité et sa sécurité « , estime la conseillère en mobilité Julie Mottet. Individuellement et collectivement, pédaler, c’est toujours un peu militer…

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