Créer une visite sur un thème archéologique en contexte urbain

Publié par Audrey Dubernet, le 17 mars 2019   1.5k

Compte-rendu de l'intervention réalisée lors de la rencontre des médiateurs en archéologie de Nouvelle Aquitaine du 15 janvier 2019


L’association Tout Art Faire propose des visites — à pied ou à vélo — de Bordeaux et des villes voisines, des conférences et des after-works sur des sujets divers en lien avec l’art et le patrimoine. Le public qu’elle touche est extrêmement varié, tant terme d’âge que de connaissances. Le défi est donc de rendre le discours accessible et intéressant pour tous.

Ce défi est encore plus grand lorsqu’il s’agit de proposer une visite sur un thème comme celui d’un Bordeaux antique dont les éléments physiques sont pour la plupart invisibles ou ont disparu.

Plusieurs contraintes sont donc à prendre en compte : 

  • le public varié qui nécessite d’avoir un discours clair et compréhensibles où les mots techniques sont tous expliqués. Il ne faut pas non plus oublier de re-contextualiser chronologiquement les périodes dont on parle
  • peu de vestiges antiques ou du Haut Moyen Âge sont visibles. Les fouilles ont été recouvertes ou se trouvent à l’intérieur de bâtiments dans lesquels il n’est pas possible d’entrer avec un groupe. Les vestiges visibles, tels que le Palais Gallien ou la crypte de Saint Seurin sont excentrés par rapport au centre ville antique, il est donc impossible de les rejoindre dans le cadre d’une visite à pied. Cela est en revanche envisageable pour une visite à vélo.

Malgré ces contraintes, le succès que cette visite a rencontré auprès du public de Tout Art Faire lorsqu’elle a été proposée montre que le sujet intéresse. Des moyens simples permettent d’aborder les vestiges non-visibles. Il est possible d’utiliser des photos d’archives des fouilles passées, des gravures et des plans pour permettre aux visiteurs de situer dans l’espace la ville antique et de visualiser l’ampleur des éléments en sous-sol. Cependant, l’usage de documents annexes ne doit pas être systématique. Il s’agit là d’un appui qui doit être facultatif. La visite doit pouvoir se faire sans car ce n’est jamais très pratique à manipuler et face à un groupe de 30 personnes, il est impossible que tout le monde puisse voir les visuels en même temps. Il s’agit donc d’un appui du discours à éventuellement faire circuler pendant que l’explication et la description d’un lieu est faite. 

De fait, l’intérêt principal de ce type de visite est de permettre aux gens de mesurer l’emprise spatiale de la ville aux époques anciennes. Ils peuvent ainsi mesurer l’espace entre les lieux clés dont nous avons connaissance et éventuellement y relier des pièces et des informations vu dans les musées. 

Dans une ville où les vestiges antiques à disposition sont nombreux, il peut être intéressant de faire une visite selon un thème plus précis, tels la topographie générale, les lieux de cultes/de loisirs, la vie quotidienne … À Bordeaux, outre le fait que peu de vestiges soient visibles, on ignore encore beaucoup de choses sur la ville antique, comme par exemple l’emplacement du forum. Ces questionnements et absences de connaissance sont à intégrer dans la visite. Cela permet à la fois de valoriser la recherche et de détruire l’idée que tout est déjà connu et que l’on ne travaille plus que sur des détails.

Enfin, il faut profiter de ce genre de visite pour discuter avec les gens. Le public de Tout Art Faire est essentiellement, si ce n’est exclusivement, composé d’habitants de la Métropole et non de touristes. Beaucoup ont donc des anecdotes et des témoignages qu’il est possible d’intégrer à la visite pour la faire évoluer. Sur le thème antique, il se peut par exemple que des personnes aient déjà assisté à des fouilles, ou possèdent des vestiges d'une structure dans leur cave.