En Suède, on ne badine pas avec la morale

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L’exemplarité et la transparence ne sont pas négociables dans ce pays.
par Anne-Françoise Hivert, (correspondante en Scandinavie)
publié le 9 juin 2015 à 20h36

Les fans de la série danoise à succès Borgen le savent : la vie de ministre en Scandinavie n’a rien de glamour. Pas de limousine ni de logement de fonction spacieux dans les quartiers chics. Dans un clip plein d’autodérision consacré à la swedishness en 2013, on voyait même le Premier ministre suédois de l’époque, Fredrik Reinfeldt, se faire rabrouer par ses collègues : il avait laissé sa tasse de café traîner sur l’évier et oublié de lancer le lave-vaisselle.

Au moindre écart, en Suède, les journalistes dégainent. Et c'est facile, puisqu'en vertu de l'offentlighetsprincipen (le «principe de transparence») institué dès 1766, les habitants du royaume scandinave peuvent avoir accès à tout document public, à condition d'en faire la demande auprès de l'administration concernée. Le salaire d'un patron, la déclaration fiscale d'un ministre, ses dépenses pendant un voyage d'affaire à l'étranger… Il n'y a quasiment aucune limite.

Ministres et fonctionnaires se savent donc observés, affirme Tomas Kjerf, enquêteur auprès de l’Autorité nationale de contrôle financier, qui édicte les règles à suivre pour l’administration. «C’est le produit d’une très longue tradition, qui veut qu’on use avec beaucoup de précautions des moyens publics. Si ce n’est pas un crime de gaspiller l’argent du contribuable, cela peut avoir des conséquences importantes pour les responsables.»

Car si les Suédois sont les plus imposés au monde, ils font aussi preuve de pe

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