Les deux étudiants se sont rencontrés lors de leur première année à Science Po Paris. « Nous sommes allés à un after-work organisé par l’association Du territoire aux grandes écoles avec la présence de Jean Lassalle », raconte Guillaume Dutheil. « Il existait déjà une déclinaison de cette initiative au Pays basque, mais pas en Béarn », précise Hugo Longeas.
Les deux compères ont donc décidé de créer « Du Béarn aux grandes écoles » (DBGE) en décembre 2018, afin de valoriser les talents locaux et le Béarn au niveau national.
Autocensure, manque d’information et barrières financières…
L’association compte plus de 70 membres, étudiants et diplômés de tous les cursus sélectifs (écoles de commerce, d’ingénieur, Science Po, université de droit, prépa…), de 19 à 22 ans. Ils se rendent dans les lycées béarnais afin d’y rencontrer les élèves, témoigner de leurs parcours et répondre aux questions des lycéens.
« Nous agissons au niveau local contre les freins des jeunes sur le territoire, à savoir l’autocensure, le manque d’information et les barrières financières », explique Guillaume Dutheil. « Les jeunes Béarnais voient encore les grandes écoles parisiennes comme inaccessibles, car élitistes. C’est ce type de stéréotypes qui les démotivent ».
Depuis la rentrée en septembre 2019, l’association béarnaise a organisé deux interventions dans des lycées béarnais. « La première s’est déroulée au lycée Jacques Monod, à Lescar, avec près de 70 lycéens. La deuxième a eu lieu au lycée St John Perse en présence d’une cinquantaine d’élèves », note Guillaume Dutheil. De plus, Du Béarn aux grandes écoles a signé des conventions avec six lycées béarnais : Jacques Monod, St John Perse, Supervielle, Louis Barthou, l’Immaculée Conception et Gaston Fébus.
Une bourse d’étude et une plateforme…
« Nous sommes en train de créer d’une bourse d’étude afin d’aider les jeunes Béarnais avec du potentiel et de l’ambition qui souhaitent intégrer une grande école », annonce Guillaume Dutheil. « Cette bourse serait financée par des entreprises implantées en Béarn. Ce serait en quelques sortes un investissement sur le capital humain à long terme pour elles ».
Le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne a d’ailleurs signé un partenariat avec DBGE pour financer deux bourses. D’autres entreprises de divers secteurs ont été sollicitées par l’association, à l’instar de la construction, de l’agriculture ou encore de l’industrie.
« Nous espérons pouvoir mettre en place ce système à la rentrée scolaire 2020 », renchérit Hugo Longeas. Du Béarn aux grandes écoles tente de mettre en place une autre initiative : « Nous avons un projet qui nous tient à cœur : la création d’une plateforme de stage/emploi destinée aux jeunes diplômés (Bac + 5) qui ont fait leur étude à Paris ou dans de grandes villes et qui souhaitent revenir dans leur région d’origine », révèle Hugo Longeas. Cet outil leur permettrait de déposer des annonces, des CV et des lettres de motivation à destination des entrepreneurs et chefs d’entreprises en Béarn.
« Après avoir fait des études à Paris, les jeunes Béarnais n’ont pas de contact en Béarn dans la filière qu’ils ont étudié, ce qui peut être un frein à leur retour en Béarn ». Cette plateforme compenserait ainsi le manque de réseaux des étudiants diplômés.
Créer une communauté solidaire…
L’association désir montrer aux jeunes diplômés qu’un retour en Béarn est possible. Mais encore faut-il disposer d’un réseau pour dénicher des opportunités professionnelles sur le territoire. « Le Béarn possède un bassin d’activité très important et dans nombreuses filières encore méconnues des étudiants », assure Guillaume Dutheil.
« Nous voulons développer à termes une communauté solidaire entre les lycéens, les étudiants et les chefs d’entreprise béarnais », poursuit son compère. L’association organise ainsi des after-work à Paris pour réunir les Béarnais et faire la promotion de leur territoire d’origine. L’été dernier, ils étaient ainsi une quinzaine de membres à visiter le château de Montaner.
L’été dernier, DBGE a organisé sa première université d’été à Pau, avec une intervention de David Habib, venu présenter le bassin de Lacq. « En fin d’année, nous aimerions également programmer la visite d’une entreprise béarnaise pour mettre en valeur le dynamisme du territoire, mais rien n’est encore fixé », confie Guillaume Dutheil.
« DBGE m’a immédiatement séduite. C’est la possibilité de faire valoir nos territoires et de permettre à des élèves qui, comme nous, ne sont pas issus des grandes villes françaises, d’accéder aux parcours les plus prestigieux », raconte Noémie Latrubesse, étudiante en 2ème année à Sciences Po Toulouse.
Informations sur le site de l’association, cliquez ici
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