Jonathan Torgovnik
Members of a Youth to Youth group in Mombasa, Kenya, go for community outreach on the beach. They distribute condoms and preform skits with messages relating to reproductive health.
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Infections sexuellement transmissibles (IST)

10 juillet 2023

Points principaux

  • Chaque jour dans le monde, plus d’un million de personnes contractent une infection sexuellement transmissible (IST), asymptomatique dans la majorité des cas.
  • On estime que, chaque année, 374 millions de personnes contractent l’une des quatre IST suivantes, dont on peut guérir : chlamydiose, gonorrhée, syphilis ou trichomonase.
  • D’après les estimations, plus de 500 millions de personnes (15 à 49 ans) ont une infection génitale par le virus Herpes simplex (HSV ou herpès) (1).
  • L’infection par le papillomavirus humain (PVH) est associée à plus de 311 000 décès dus au cancer du col de l’utérus chaque année (2).
  • Selon les estimations, près d’un million de femmes enceintes étaient infectées par la syphilis en 2016, ce qui a entraîné lors de l’accouchement plus de 350 000 issues défavorables (3).
  • Les IST ont une incidence directe sur la santé sexuelle et reproductive à travers la stigmatisation, la stérilité, les cancers et les complications de la grossesse et peuvent augmenter le risque de contracter le VIH.
  • La résistance aux médicaments est une menace majeure pour la réduction de la charge des IST dans le monde.


Vue d’ensemble

On connaît plus de 30 bactéries, virus et parasites différents qui se transmettent par contact cutané lors d’un rapport sexuel vaginal, anal ou oral. Certaines infections sexuellement transmissibles peuvent aussi se transmettre de la mère à l’enfant, pendant la grossesse, à l’accouchement et lors de l’allaitement. Pour la plus grande part, l’incidence des IST est liée à huit agents pathogènes. Sur ces huit infections, quatre peuvent être guéries : la syphilis, la gonorrhée, la chlamydiose et la trichomonase. Les quatre autres sont des infections virales incurables : l’hépatite B, le virus de l’herpès (HSV), le VIH et le papillomavirus humain (PVH).

En outre, l’apparition de nouvelles infections pouvant être contractées par contact sexuel, telles que l’orthopoxvirose simienne, Shigella sonnei, Neisseria meningitidis, Ebola et Zika, ainsi que la réapparition d’IST négligées, telles que le lymphogranuloma venereum, annoncent des défis croissants dans la fourniture de services adéquats pour la prévention et la lutte contre les IST.

Ampleur du problème

Les IST ont de profondes répercussions sur la santé sexuelle et reproductive dans le monde.

Chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une IST. En 2020, l’OMS estimait à 374 millions le nombre de personnes ayant contracté l’une des quatre IST suivantes : chlamydiose (129 millions), gonorrhée (82 millions), syphilis (7,1 millions) et trichomonase (156 millions). D’après les estimations, plus de 490 millions de personnes vivaient avec un herpès génital en 2016 et 300 millions de femmes ont une infection à PVH, principale cause de cancer du col de l’utérus et de cancer anal chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes. On estime que 296 millions de personnes vivent avec l’hépatite B chronique dans le monde.

Outre leurs conséquences immédiates, les IST peuvent avoir de graves effets.

  • Certaines IST, comme l’herpès, la gonorrhée et la syphilis, peuvent augmenter le risque de contracter le VIH.
  • La transmission d’une IST de la mère à l’enfant peut entraîner une mortinaissance, un décès néonatal, un faible poids de naissance, la prématurité, une septicémie, une conjonctivite du nouveau-né ou des malformations congénitales.
  • L’infection à PVH est à l’origine du cancer du col de l’utérus et d’autres cancers.
  • L’hépatite B a provoqué d’après les estimations 820 000 décès en 2019, principalement par cirrhose et par carcinome hépatocellulaire.
  • Les IST comme la gonorrhée et la chlamydiose sont des causes majeures d’inflammation pelvienne et de stérilité chez les femmes.

Prévention des IST

Lorsqu’ils sont utilisés correctement et avec constance, les préservatifs constituent l’une des méthodes de protection les plus efficaces contre les IST, y compris le VIH. Bien qu’ils soient très efficaces, les préservatifs n’offrent pas de protection contre les IST qui causent des ulcères extra-génitaux (c’est-à-dire, la syphilis ou l’herpès génital). Quand c’est possible, les préservatifs devraient être utilisés pour tout rapport sexuel vaginal ou anal.

On dispose de vaccins sûrs et particulièrement efficaces contre deux IST virales : l’hépatite B et l’infection à PVH. Ces vaccins représentent une avancée majeure dans la prévention des IST. À la fin de 2020, 111 pays, principalement des pays à revenu intermédiaire ou élevé, ont commencé à utiliser le vaccin contre le PVH dans le cadre de programmes de vaccination systématique. Pour éliminer le cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique à l’échelle mondiale, des cibles visant à obtenir un niveau de couverture élevé par la vaccination contre le VPH, par le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses, et par la prise en charge du cancer doivent impérativement être atteintes d’ici 2030 et maintenues à ce niveau élevé pendant plusieurs décennies.

La recherche sur les vaccins contre le virus de l’herpès génital et le VIH a bien progressé, la phase clinique ayant débuté pour plusieurs vaccins candidats. Des données de plus en plus nombreuses semblent indiquer que le vaccin administré pour prévenir la méningite (MenB) offre une certaine protection croisée contre la gonorrhée. Il faut davantage de travaux de recherche sur les vaccins contre la chlamydiose, la gonorrhée, la syphilis et la trichomonase.

La circoncision masculine médicalisée volontaire, l’utilisation d’antimicrobiens et le traitement des partenaires font partie des autres interventions biomédicales visant à prévenir certaines IST. Des essais sont en cours pour évaluer les avantages de la prophylaxie pré et post-exposition pour les IST et son innocuité potentielle par rapport à la résistance aux antimicrobiens (RAM).

Diagnostic des IST

Les IST sont souvent asymptomatiques. Lorsque les symptômes apparaissent, ils peuvent être non spécifiques. De plus, les tests de laboratoire reposent sur des échantillons de sang, d’urine ou des échantillons anatomiques. Trois sites anatomiques peuvent être porteurs d’au moins une IST. Ces différences sont modulées en fonction du sexe et du risque sexuel. Ces différences peuvent avoir pour conséquence que les IST ne sont souvent pas diagnostiquées et que les personnes sont souvent traitées pour deux IST ou plus.

Des tests diagnostiques fiables (à l’aide de la technologie moléculaire) sont d’un usage généralisé dans les pays à revenu élevé. Ces tests sont particulièrement utiles pour le diagnostic des infections asymptomatiques, mais il est rare qu’ils soient disponibles dans les pays à revenu faible ou intermédiaire pour la chlamydiose ou la gonorrhée. Même dans les pays où les tests sont disponibles, ils restent d’ordinaire coûteux et peu accessibles. De plus, il faut souvent attendre longtemps avant de recevoir les résultats. Le suivi des cas peut en pâtir, comme les soins ou le traitement, qui peuvent être incomplets.

En revanche, des tests rapides et abordables sont disponibles pour dépister la syphilis, l’hépatite B et le VIH. Le test rapide de dépistage de la syphilis et le double test rapide de dépistage du VIH et de la syphilis sont utilisés dans plusieurs environnements où les ressources sont limitées.

Plusieurs autres tests de dépistage rapide sont en cours de mise au point ; ils pourraient améliorer le diagnostic et le traitement des IST, en particulier là où les ressources sont limitées.

Traitement des IST

On dispose actuellement de traitements efficaces pour plusieurs IST.

  • On peut généralement guérir trois IST bactériennes (chlamydiose, gonorrhée et syphilis) et une IST d’origine parasitaire (trichomonase) avec des antibiothérapies à dose unique.
  • Les médicaments les plus efficaces pour le traitement de l’herpès et de l’infection à VIH sont des antiviraux qui, bien qu’ils ne puissent guérir la maladie, peuvent en moduler l’évolution.
  • Les médicaments antiviraux peuvent aider à combattre le virus de l’hépatite B et ralentir les dommages hépatiques.

Ces dernières années, la résistance aux antimicrobiens s’est développée rapidement pour certaines IST, la gonorrhée en particulier, limitant ainsi les options de traitement. Le Programme de surveillance de la résistance des gonocoques aux antimicrobiens a révélé des taux élevés de résistance à de nombreux antibiotiques, y compris une résistance à la quinolone, à l’azithromycine et aux céphalosporines à spectre étendu, un traitement de dernière intention (4).

Bien que moins fréquente, la résistance aux antimicrobiens pour d’autres IST comme Mycoplasma genitalium, existe également.

Prise en charge des cas d’IST

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, on s’appuie sur l’identification de signes et symptômes cohérents et facilement reconnaissables pour orienter le traitement, sans recourir à des tests en laboratoire. Cette méthode, appelée prise en charge syndromique, se fonde souvent sur des algorithmes cliniques et permet aux agents de santé de diagnostiquer une infection spécifique sur la base des syndromes observés (par exemple, pertes vaginales, écoulements urétraux, ulcérations anogénitales, etc.).

La prise en charge syndromique est simple et permet de mettre en place un traitement le jour même, tout en évitant les tests diagnostiques, qui sont coûteux ou indisponibles, pour les patients qui présentent des symptômes. Cette approche entraîne toutefois un surtraitement et des occasions manquées de traitement car la majorité des cas d’IST sont asymptomatiques. Ainsi, l’OMS recommande que les pays améliorent la prise en charge syndromique par l’introduction progressive de tests en laboratoire à l’appui du diagnostic. Dans les environnements où l’on dispose de tests moléculaires de qualité garantie, il est préconisé de traiter les IST sur la base des tests de laboratoire. En outre, les stratégies de dépistage des IST sont essentielles pour les personnes exposées à un risque accru d’infection, comme les travailleurs du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les adolescents dans certains milieux et les femmes enceintes.

Pour interrompre la transmission et prévenir la réinfection, le traitement des partenaires sexuels est un élément important de la prise en charge des cas d’IST.

Maîtriser la propagation au niveau mondial

Il est difficile de changer les comportements

Malgré les efforts considérables déployés en vue de recenser des interventions simples pour réduire les comportements sexuels à risque, il reste difficile de changer les comportements.

Les activités d’information, d’éducation et de conseil peuvent améliorer la capacité des gens de reconnaître les symptômes des IST et augmenter la probabilité qu’ils se fassent soigner et encouragent un partenaire sexuel à le faire. Malheureusement, l’ignorance du public, le manque de formation des agents de santé et la stigmatisation généralisée qui existe traditionnellement autour des IST demeurent des obstacles à une mise en œuvre accrue et plus efficace de ces interventions.

Les services de santé pour le dépistage et le traitement des IST restent insuffisants

Les personnes qui veulent être dépistées et traitées pour une IST sont confrontées à un grand nombre de problèmes, dont la rareté des ressources, la stigmatisation, la mauvaise qualité des services et souvent des dépenses directes. 

Certaines populations qui connaissent les taux d’IST les plus élevés (comme les travailleurs du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les consommateurs de drogues injectables, les détenus, les populations mobiles et les adolescents dans les pays à forte charge de VIH) ont rarement accès à des services de santé adaptés et accueillants.

Dans de nombreux cas, les services en matière d’IST sont souvent négligés et sous-financés. Ces problèmes entraînent des difficultés à dépister les infections asymptomatiques, un manque de personnel qualifié, des moyens de laboratoire limités et un approvisionnement insuffisant en médicaments appropriés.

Action de l’OMS

Nos activités sont actuellement guidées par les Stratégies mondiales du secteur de la santé contre le VIH, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2022-2030. Dans ce cadre, l’OMS :

  • élabore des cibles, des normes et des critères mondiaux pour la prévention, le dépistage et le traitement des IST ;
  • aide à estimer la charge économique des IST et à renforcer la surveillance des IST ;
  • observe dans le monde la résistance de la gonorrhée aux antimicrobiens ; et
  • oriente le programme mondial de recherche sur les IST, y compris la mise au point de tests diagnostiques, de vaccins et de médicaments supplémentaires contre la gonorrhée et la syphilis.

Au titre de sa mission, l’OMS aide les pays :

  • à élaborer des plans stratégiques et des lignes directrices à l’échelle nationale ;
  • à créer un environnement encourageant permettant aux personnes de parler des IST, d’adopter des pratiques sexuelles plus sûres et de se faire soigner ;
  • à renforcer la prévention primaire (disponibilité et utilisation des préservatifs, etc.) ;
  • à accroître l’intégration des services en matière d’IST dans les services de soins de santé primaires ;
  • à accroître l’accessibilité des soins de qualité en matière d’IST centrés sur la personne ;
  • à faciliter l’adoption de tests qui puissent être réalisés sur le lieu de soins ;
  • à améliorer et élargir une intervention sanitaire pour en accroître les retombées, par exemple vacciner contre l’hépatite B et le PVH et dépister la syphilis chez les populations prioritaires ;
  • à renforcer leur capacité de suivre les tendances concernant les IST ; et
  • à observer et combattre la résistance de la gonorrhée aux antimicrobiens.


(1) James C, Harfouche M, Welton NJ, et al. Herpes simplex virus: global infection prevalence and incidence estimates, 2016. Bull World Health Organ. 2020;98(5):315-329.

(2) Bray F, Ferlay J, Soerjomataram I, Siegel RL, Torre LA, Jemal A. Global cancer statistics 2018: GLOBOCAN estimates of incidence and mortality worldwide for 36 cancers in 185 countries. CA Cancer J Clin. 2018 Nov;68(6):394-424. Epub 2018 Sep 12. Erratum in: CA Cancer J Clin. 2020 Jul;70(4):313.

(3) Unemo M, Lahra MM, Escher M, Eremin S, Cole MJ, Galarza P, Ndowa F, Martin I, Dillon JR, Galas M, Ramon-Pardo P, Weinstock H, Wi T. WHO global antimicrobial resistance surveillance (GASP/GLASS) for Neisseria gonorrhoeae 2017-2018: a retrospective observational study. Lancet Microbe 2021; 2: e627–36