Francis Proulx a déclaré vendredi qu'il a hésité pendant quelques minutes avant de prendre la décision d'assassiner l'attachée politique Nancy Michaud, qu'il a tuée d'une balle dans la tête après s'être introduit chez elle, l'année dernière.

Au deuxième jour de son témoignage devant jury, Proulx, âgé de 29 ans, a raconté pour la première fois sa version des faits survenus dans la nuit du 15 au 16 mai 2008, à Rivière-Ouelle, une municipalité du Bas-Saint-Laurent, à l'est de Québec.

Accusé du meurtre prémédité de l'attachée politique du ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, Proulx a insisté, depuis le début de son témoignage, jeudi, sur le caractère impulsif de ses escapades nocturnes, que ce soit lors de cambriolages ou de hold-up, ou encore le soir du meurtre.

Vendredi, Proulx a décrit aux jurés comment, tout de noir vêtu et cagoulé, il s'est introduit, par la porte déverrouillée du sous-sol, dans la résidence de la femme de 37 ans, qui dormait à l'étage avec ses deux enfants.

Selon Proulx, qui a livré un témoignage très détaillé sans laisser transparaître l'émotion, Mme Michaud a allumé la lumière dans sa chambre lorsqu'il est arrivé en haut de l'escalier et lui a demandé ce qu'il voulait.

«Elle a dit: «Qui est-ce que vous êtes, qui est-ce que vous êtes. Qu'est-ce que vous voulez', a dit l'accusé. Et là je me suis demandé: «C'est quoi que je veux?'.»

Proulx a déclaré au tribunal qu'il a alors frotté son pouce sur l'intérieur de ses doigts pour signifier qu'il voulait de l'argent puis, constatant qu'elle s'inquiétait de le voir armé, il a tiré un coup de son pistolet dans sa chambre, vers le plafond.

«Elle avait peur, elle était tout pris «d'un pain', a dit Proulx. Elle se cachait avec les couvertures.»

Sans jamais adresser la parole à sa victime, qui se trouvait nue dans son lit, il lui a ensuite passé des menottes aux mains et aux pieds.

Après avoir repoussé les meubles et appareils qu'elle lui offrait, il a accepté ses deux cartes de débit ainsi que leurs numéros d'identification personnels. Puis il a entraîné la femme, toujours menottée, jusqu'au sous-sol.

Proulx a alors raconté qu'il ne savait pas quoi faire avec la victime, hésitant à la libérer tout en étant déterminé à récupérer ses menottes.

Selon l'accusé, il a passé entre cinq et 10 minutes à tergiverser sur la suite des choses, montant l'escalier de la cave vers l'extérieur pour ensuite redescendre, à plusieurs reprises.

Constatant que sa victime s'impatientait et demandait à être libérée, Proulx, qui a soutenu être demeuré calme durant toute cette période, a déclaré qu'il est redescendu une dernière fois.

«Je descends face à elle - ça c'est fait rapidement -, j'ai ramassé le revolver et je lui ai mis une balle dans la tête», a-t-il dit.

Après avoir péniblement traîné le cadavre à l'extérieur, dans un cimetière non loin derrière la résidence, Proulx a décidé de le transporter dans une maison abandonnée afin d'avoir une relation sexuelle avec le corps de la victime.

«Je n'avais jamais fait l'amour avec quelqu'un, a-t-il dit. Elle était morte, je ne la violais pas, ça ne pouvait pas lui faire mal.»

Auparavant, il avait utilisé les cartes bancaires dans un guichet automatique, où il avait obtenu 1000 $; puis il était retourné chez lui retirer ce qu'il appelait son «habit de James Bond», avant de retourner chercher la dépouille avec sa voiture.

Selon Proulx, il a laissé le corps, emmitouflé dans des couvertures, au sous-sol de la maison abandonnée, où il a été retrouvé deux jours plus tard par les policiers.

Durant l'avant-midi, l'accusé a décrit en détail comment il a cambriolé des résidences et dévalisé des dépanneurs dans les mois qui ont précédé le meurtre de Nancy Michaud, qui habitait à quelques maisons de chez-lui, à Rivière-Ouelle.

Il a insisté sur le fait qu'il était sous l'emprise d'une impulsion lorsqu'il décidait de commettre ses délits.

Proulx a notamment soutenu qu'il avait éprouvé une irrépressible envie d'entrer par effraction dans un chalet parce qu'il se sentait comme «possédé du démon».

L'accusé a aussi démontré qu'il retrouvait ensuite son sang-froid, notamment lorsqu'il a passé une nuit à vider consciencieusement une résidence où il était entré avec une clef passe-partout, sans se soucier d'être pris.

Evoquant un des cinq hold-up commis durant cette même période, Proulx a aussi expliqué qu'il s'était décidé à entrer dans un dépanneur pour réclamer le tiroir-caisse et des billets de loterie après avoir constaté que son complice, qu'il n'a pas identifié, était trop nerveux pour le faire.

Jeudi, l'avocat Jean Desjardins, qui représente Proulx, a affirmé aux jurés que son client était fragilisé par des maladies mentales héréditaires faisant en sorte qu'il ne contrôlait pas ses gestes et ne mesurait pas leurs conséquences.

L'interrogatoire de l'accusé doit reprendre mercredi prochain.