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Coronavirus : Olivier Véran s’explique sur les masques pour mettre fin à la polémique

Le ministre de la Santé Olivier Véran.
Le ministre de la Santé Olivier Véran. AFP

Le ministre de la Santé a pris la parole ce samedi, pour faire notamment le point sur la pénurie de masques et expliquer les mesures prises par le gouvernement.

Olivier Véran a promis samedi 21 mars de se «livrer à un exercice de transparence absolue» sur l'épineuse question du besoin criant en masques pour répondre efficacement à la crise sanitaire, en pleine épidémie de Covid-19.

Dans sa déclaration, le ministre de la Santé a égrené un très grand nombre de chiffres sur ce thème. Nous vous donnons l'essentiel de ces informations.

Pourquoi des critiques ont-elles émergé ?

Les pouvoirs publics ont pris la décision, il y a une dizaine d’années, d’équiper la France d’un milliard de masques chirurgicaux et de 600 millions de masques aux normes FFP2, plus efficaces pour limiter la propagation du coronavirus. Mais ces stocks n'ont pas été renouvelés d'année en année. «Lorsque le Covid-19 est apparu, il ne restait qu’un stock d’État de 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes et aucun stock stratégique d’État en masques FFP2», a expliqué Olivier Véran, confirmant des informations déjà parues dans la presse.

Quels sont les stocks de masques à ce jour ?

Nous disposons à ce jour d’un stock d’État de 86 millions de masques, dont 81 millions de masques chirurgicaux et 5 millions aux normes FFP2, a précisé le ministre. Des chiffres en baisse par rapport au 16 mars : à cette date, selon Reuters, le stock total était maintenu à 105 millions grâce à des réquisitions et à un déstockage d'environ 25 millions opéré début mars.

Cette baisse s'explique par la distribution d'une partie de ces stocks aux soignants et personnes malades. Les distributions suivantes ont été annoncées par le ministre de la Santé :

  • Fin du mois de février : 15 millions de masques chirurgicaux livrés aux établissements de santé de première et deuxième lignes ;
  • Début du mois de mars : 25 millions de masques livrés aux établissements de santé de référence, mais aussi aux professionnels de santé de ville, professionnels du secteur médico-social et transporteurs sanitaires ;
  • 17 et 18 mars : 1,6 millions de masques FFP2 et 10,7 millions de masques chirurgicaux pour les professionnels de la médecine de ville, les infirmiers libéraux notamment.

"La logistique a été très complexe à gérer et nous avons pris du temps pour assurer la meilleure répartition possible", a reconnu Olivier Véran.

Quelles sont les capacités de la France ?

Selon la direction générale de la santé, citée par Reuters, la France a une capacité de production de six millions de masques (toutes catégories confondues) par semaine. À cette fabrication, il faut ajouter des importations, rendues difficiles dans le contexte pandémique. Olivier Véran a planté le décor : "Nous avons tout mis en œuvre pour augmenter notre stock dans un marché extrêmement tendu où une grande partie de la production vient de Chine, berceau de l’épidémie".

Malgré tout, le ministre a pu annoncer que la France avait "d’ores et déjà signé plusieurs commandes pour plus de 250 millions de masques qui sont livrés progressivement au cours des prochaines semaines".

Quels sont les besoins ?

"Nous prévoyons une consommation de 24 millions de masques par semaine (soit 3,4 millions par jour) dans notre pays", a expliqué le ministre, sans distinguer masques chirurgicaux et FFP2. Mais d'autres évaluations sont bien supérieures. Dans un communiqué, plusieurs collectifs de médecins et autres personnels des blocs opératoires ont évalué à 15 millions le besoin quotidien de masques FFP2 "afin de prévenir l'hécatombe de la communauté soignante qui se profile si cette pénurie se perpétue". 15 millions par jour, soit 105 millions par semaine, rien que pour les masques FFP2, c'est-à-dire sans compter les simples masques chirurgicaux.

Quelles alternatives ?

Le gouvernement a chargé industriels et chercheurs de travailler sur des alternatives afin de protéger le personnel soignant et la population de la propagation du coronavirus, a expliqué Olivier Véran, confirmant des déclarations faites ce samedi par le premier ministre Edouard Philippe. "Nous avons demandé au ministère de l’Économie et au ministère de la Défense de trouver des alternatives, plus exactement de charger toute une série d'activités industrielles, de chercheurs, soit pour démultiplier les chaînes de production, soit pour qualifier des alternatives, jetables ou réutilisables", a déclaré le chef du gouvernement, précisant que "40 prototypes étaient en cours de tests, pour des masques chirurgicaux comme pour des FFP2".

Le ministre de la Santé a également appelé les personnes possédant des masques à les remettre à la disposition des soignants :

  • Pour les personnes physiques, en les déposant à l’établissement de santé le plus proche, à un médecin, à un infirmier libéral ou dans une pharmacie d’officine ;
  • Pour les entreprises ou toute organisation en se rapprochant de l’agence régionale de santé la plus proche ;
  • Pour les stocks les plus importants (c'est -à-dire au-delà de 200.000) en se rapprochant directement du ministère de la Santé.

Quel usage pour les masques ?

Olivier Véran a répété qu'il n'envisageait pas l'usage généralisé du masque dans la population, rappelant notamment que l'OMS ne le recommandait pas. Il a ainsi redit le message qui est celui du gouvernement depuis le début de la crise sanitaire : "Notre choix a toujours été de donner la priorité aux personnels exposés et aux zones qui en avaient le plus besoin (...) Les masques limitent votre transmission du virus si vous pouviez le porter en permanence mais certainement pas votre exposition car votre exposition, elle, est constante. Les masques protègent certains, mais seuls les gestes barrières nous protègent tous ".

Le ministre a néanmoins déclaré qu'il envisageait une possible extension de leur usage à d'autres professionnels que les soignants : "Mardi, nous recevrons le conseil scientifique pour envisager toute modification, toute extension des modes de répartition des masques au-delà des seuls soignants et personnes malades.

Quelles distributions à venir ?

De façon pratique, le ministre de la Santé a énoncé une liste de métiers avec, pour chaque, le nombre de masques et leurs types prévus pour les prochaines livraisons. Nous la publions en intégralité :

  • Médecins de ville, biologistes médicaux, infirmiers de ville : 18 masques par semaine et par professionnel, dont des masques FFP2 dans le strict respect des indications.
  • Pharmaciens de ville : 18 masques chirurgicaux par semaine et par professionnel.
  • Masseurs kinésithérapeutes : 6 masques par semaine et par professionnel, chirurgicaux ou FFP2, dans le strict respect des indications et selon les disponibilités pour la réalisation des actes prioritaires et non reportables.
  • Sages-femmes : 6 masques chirurgicaux par semaine pour la prise en charge des femmes confirmées Covid-19.
  • Chirurgiens dentistes : ces professionnels disposent désormais d’un stock dédié de masques qu’ils ont eux-mêmes répartis sur le territoire de façon à pouvoir dans la durée assurer les soins urgents à la population.
  • Prestataires de service et distributeurs de matériels : une boîte de 50 masques chirurgicaux par semaine et en moyenne par entreprise pour assurer les visites prioritaires.
  • Personnes exerçant des activités de services d’aide et de soins à domicile : 9 masques chirurgicaux par semaine et par professionnel exerçant au sein de la structure pour assurer les visites prioritaires.

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1881 commentaires
  • ADLD

    le

    Les masques sont réservés en priorité aux soignants et malades.
    Aussi, si vous possédez des masques je vous supplie de les déposer à l'hôpital.
    Cela ne doit pas vous empêcher de fabriquer vos proches masques et de les porter systématiquement

  • Reissirof

    le

    Le ministre VERAN ferait mieux, lui aussi, de faire profil bas !...
    La polémique au sujet des stocks de masques c'est bien eux qui l'on déclenchée en mentant des les premiers jours sur leur sois disant "doctrine"... comme si ces gens, notamment la dame BUZYN étaient capables de définir une "doctrine"...
    On a compris que la doctrine de la macronie c'était surtout du vent !..

  • Maclemin

    le

    Les propos d'O Véran ont été formidables, fantastiques même. Quel professionalisme dans la gestion de la crise. Mon propos se voulait évidemment ironique. Il semble qu'il ne soit pas permis de s'étonner du manque de matériel.

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