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Etats-Unis : les Sioux obtiennent une victoire inattendue face à l’oléoduc Dakota Access

Un juge fédéral a remis en question, mercredi, le permis d’exploiter le pipeline, quatre ans après la mobilisation internationale à Standing Rock, dans le Dakota du Nord.

Par  (San Francisco, correspondante)

Publié le 27 mars 2020 à 03h38, modifié le 27 mars 2020 à 05h33

Temps de Lecture 2 min.

Un membre du conseil de sécurité de la réserve sioux de Standing Rock, Dakota du Nord, en septembre 2016.

La décision est passée inaperçue, au regard de la situation sanitaire aux Etats-Unis, mais dans les tribus indiennes et les organisations de défense de l’environnement, elle a été célébrée comme une victoire qu’on n’attendait plus.

Près de trois ans après l’entrée en service de l’oléoduc Dakota Access, sur le territoire ancestral des Sioux, dans le Dakota du Nord, un juge fédéral a remis en question, mercredi 25 mars, l’autorisation d’exploiter donnée à la compagnie Energy Transfer Partners, dans l’attente d’un examen de l’impact du pipeline sur l’environnement.

Le juge fédéral du district de Columbia James Boasberg n’a pas suspendu l’activité et le pétrole continue de couler, à raison de 570 000 barils par jour, malgré l’opposition des tribus qui craignent la contamination de l’eau du Missouri, le fleuve qui longe la réserve des Lakotas. Mais il a laissé la porte ouverte à cette possibilité, estimant que le Corps des ingénieurs des travaux publics de l’armée avait approuvé le projet sans répondre en profondeur sur la question des fuites potentielles de brut, ni dissiper les doutes sur la capacité du système de détection de repérer les écoulements de faible débit. Une décision « hautement controversée », a-t-il estimé.

Opposition internationale

Le magistrat a ordonné un réexamen environnemental du tracé et donné un mois aux parties pour le convaincre de suspendre – ou non – le flux en attendant le résultat.

L’oléoduc court sur 1 800 km, du Dakota du Nord à l’Illinois. Le tronçon creusé sous le Missouri avait suscité une opposition internationale qui avait culminé par l’occupation de Standing Rock, devenue le symbole de la lutte des Amérindiens pour défendre leurs terres convoitées par les compagnies d’hydrocarbures. #NoDAPL était devenu le cri de ralliement des jeunes « water protectors » (protecteurs de l’eau) du monde entier.

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Entre août 2016 et février 2017, des milliers d’activistes – et des membres de 300 tribus indigènes – avaient campé à la confluence du Missouri et de la rivière Cannon Ball pour tenter de s’opposer à la construction de l’oléoduc. Ils avaient essuyé des tirs de lacrymogènes, des jets de canons à eau par des températures polaires et affronté les chiens des vigiles des compagnies de sécurité privées.

La lutte continue devant les tribunaux

Ils avaient cru remporter la victoire quand le président Barack Obama avait suspendu le projet fin 2016. Mais dès son investiture, son successeur à la Maison Blanche Donald Trump avait ordonné au corps des ingénieurs d’accélérer la procédure d’autorisation.

Le président de Standing Rock, Mike Faith, s’est déclaré « honoré » de voir la persévérance de la tribu finalement récompensée, quatre ans plus tard. L’avocat de Earthjustice, l’association qui défend la tribu devant les tribunaux, Jan Hasselman, a souligné que la lutte continuerait devant les tribunaux « tant que l’oléoduc ne serait pas fermé ».

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L’audience a eu lieu par vidéoconférence en raison des mesures de confinement dues à l’épidémie de Covid-19 dans la capitale fédérale et la moitié du pays, tribus incluses.

  • D’avril à décembre 2016, les Indiens de la réserve sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, se sont mobilisés contre le projet de passage sur leurs terres d’un oléoduc transportant du gaz de schiste. En novembre, le photographe Matt Hamon a passé quelques jours avec les manifestants, dans le camp d’Oceti Sakowin. Sur le drapeau américain déployé par un manifestant, un message fait référence au massacre de Wounded Knee, dans le Dakota du sud, où, en 1890,  plusieurs centaines d’Indiens furent tués par la cavalerie.

    D’avril à décembre 2016, les Indiens de la réserve sioux de Standing Rock, dans le Dakota du Nord, se sont mobilisés contre le projet de passage sur leurs terres d’un oléoduc transportant du gaz de schiste. En novembre, le photographe Matt Hamon a passé quelques jours avec les manifestants, dans le camp d’Oceti Sakowin. Sur le drapeau américain déployé par un manifestant, un message fait référence au massacre de Wounded Knee, dans le Dakota du sud, où, en 1890,  plusieurs centaines d’Indiens furent tués par la cavalerie. Matt Hamon

  • Le camp d’Oceti Sakowin. Le territoire de Standing Rock a été cédé à la Nation Sioux par le traité de Fort Laramie en 1851.

    Le camp d’Oceti Sakowin. Le territoire de Standing Rock a été cédé à la Nation Sioux par le traité de Fort Laramie en 1851. Matt Hamon

  • Un groupe de jeunes hommes chevauchent vers Oceti Sakowin. Depuis le début de la résistance contre le passage du pipeline, en avril 2016,  plus de 3 000 personnes ont rejoint le camp.

    Un groupe de jeunes hommes chevauchent vers Oceti Sakowin. Depuis le début de la résistance contre le passage du pipeline, en avril 2016,  plus de 3 000 personnes ont rejoint le camp. Matt Hamon

  • Les manifestants se sont rassemblés sur une colline dominant le camp et la zone de prévue pour le passage du pipeline.

    Les manifestants se sont rassemblés sur une colline dominant le camp et la zone de prévue pour le passage du pipeline. Matt Hamon

  • Jaylyn Gough, de la tribu Navajo, ici accompagnée d’autres soutiens des Sioux, fait face aux forces de l’ordre, malgré les menaces d’aspersion de gaz lacrymogène.

    Jaylyn Gough, de la tribu Navajo, ici accompagnée d’autres soutiens des Sioux, fait face aux forces de l’ordre, malgré les menaces d’aspersion de gaz lacrymogène. Matt Hamon

  • Matt Hamon

  • Le 6 novembre 2016, sur le Backwater Bridge, non loin du camp de Standing Rock, une femme à cheval encadre une marche de la paix.

    Le 6 novembre 2016, sur le Backwater Bridge, non loin du camp de Standing Rock, une femme à cheval encadre une marche de la paix. Matt Hamon

  • Venus de Red Cliff,  dans le Wisconsin, des danseurs de la tribu des Ojibwe Chippewa exécutent une danse rituelle.

    Venus de Red Cliff,  dans le Wisconsin, des danseurs de la tribu des Ojibwe Chippewa exécutent une danse rituelle. Matt Hamon

  • Le 7 novembre 2016, des manifestants sont rassemblés près d’un site funéraire sacré pour chanter et danser en opposition aux forces armées qui occupent le site.

    Le 7 novembre 2016, des manifestants sont rassemblés près d’un site funéraire sacré pour chanter et danser en opposition aux forces armées qui occupent le site. Matt Hamon

  • Les forces armées protègent les barrières qu’ils ont érigées sur le Backwater Bridge. Selon les manifestants, cesbarrages empêchent l’accès du personnel médical au camp.

    Les forces armées protègent les barrières qu’ils ont érigées sur le Backwater Bridge. Selon les manifestants, cesbarrages empêchent l’accès du personnel médical au camp. Matt Hamon

  • Un membres de la sécurité des manifestants devant un camion appartenant aux Indiens. Il a été garé sur sur le pont de Backwater Bridge, là où ont eu lieu de nombreux affrontements avec les autorités.

    Un membres de la sécurité des manifestants devant un camion appartenant aux Indiens. Il a été garé sur sur le pont de Backwater Bridge, là où ont eu lieu de nombreux affrontements avec les autorités. Matt Hamon

  • 6 novembre 2016. Les manifestants défient les forces armées qui occupent le Backwater Bridge au cri de « mni wiconi !» (« l’eau, c’est la vie » en langue Lakota). L’un des leaders de la lutte anti-pipeline (en blanc, à gauche) est un descendant de Sitting Bull.

    6 novembre 2016. Les manifestants défient les forces armées qui occupent le Backwater Bridge au cri de « mni wiconi !» (« l’eau, c’est la vie » en langue Lakota). L’un des leaders de la lutte anti-pipeline (en blanc, à gauche) est un descendant de Sitting Bull. Matt Hamon

  • Les manifestants ont traversé la rivière en canoë pour se rendre à Turtle Island, sur un site funéraire occupé par les forces de police. Le tracé initial du pipeline traversait ces terres sacrées pour les Sioux.

    Les manifestants ont traversé la rivière en canoë pour se rendre à Turtle Island, sur un site funéraire occupé par les forces de police. Le tracé initial du pipeline traversait ces terres sacrées pour les Sioux. Matt Hamon

  • Jaylyn Gough, de la tribu Navajo, sur une portion de la Highway 1806 bloquée par la police pour empêcher  des affrontements entre les manifestants et les ouvriers du chantier du pipeline.

    Jaylyn Gough, de la tribu Navajo, sur une portion de la Highway 1806 bloquée par la police pour empêcher  des affrontements entre les manifestants et les ouvriers du chantier du pipeline. Matt Hamon

  • Le 4 décembre 2016, les autorités fédérales ont annoncé l’étude d’un nouveau tracé évitant les terres sioux.

    Le 4 décembre 2016, les autorités fédérales ont annoncé l’étude d’un nouveau tracé évitant les terres sioux. Matt Hamon

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