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Après cette crise, «le monde sera différent», selon BlackRock

Dans sa lettre aux actionnaires, le patron du premier gérant d'actifs Larry Fink estime que l'économie rebondira non sans modifier certains de nos comportements. Ce sera aussi l'opportunité de travailler à un monde plus durable

Larry Fink, patron de BlackRock.  — © Lisa Jucca/Reuters
Larry Fink, patron de BlackRock.  — © Lisa Jucca/Reuters

Après 44 ans les yeux rivés sur les bourses, Larry Fink n'a «jamais rien vécu de tel». Pour le président et directeur général de BlackRock, «l'épidémie a eu un impact sur les marchés financiers avec une rapidité et une férocité qui apparaissent seulement lors des crises financières classiques».

Le financier estime que les «implications de la propagation du coronavirus pour chaque nation et pour nos clients, employés et actionnaires sont profondes». Elles «vont retentir pour les années à venir», ajoute-t-il dans la lettre annuelle à ses actionnaires qu'il enverra mardi et que Le Temps a pu lire.

La pandémie n'a pas simplement mis la pression sur les marchés financiers et sur la croissance à long terme, «elle a provoqué une réévaluation de beaucoup de principes sur l'économie mondiale, comme notre engouement pour les chaînes d'approvisionnement juste à temps   et notre dépendance aux déplacements aériens internationaux», poursuit celui qui est à la tête du plus grand gérant d'actifs du monde (7000 milliards de dollars sous gestion).

Partout autour du monde, «les gens repensent fondamentalement la façon dont nous travaillons, achetons, voyageons et nous réunissons», ajoute Larry Fink. Pour lui, «quand nous sortirons de cette crise, le monde sera différent». Et de citer la psychologie des investisseurs, l'activité économique, la consommation, qui, toutes, changeront.

Ce n'est pas 2008

Ce sont donc les transformations à venir qui intéressent Larry Fink, qui ne s'inquiète pas outre mesure pour l'économie. Car la situation diffère de la crise financière de 2008, affirme l'homme qui dirige 16 200 employés, dont 90% travaillent désormais à la maison: les banques centrales agissent rapidement, comme les gouvernements, et leurs interventions ont plus de chances d'avoir du succès.

Le patron de BlackRock appelle par ailleurs à des réponses à la crise qui ne s'arrêtent ni aux frontières ni aux partis politiques. Il ne faut pourtant pas imaginer que les risques n'existent pas ou que le marché a atteint son point bas. «Il est impossible de le savoir», affirme Larry Fink, ajoutant néanmoins que les opportunités existent pour les investisseurs focalisés sur le long terme.

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Tout cela n'est pas sans lien avec l'investissement durable, nouveau credo de BlackRock. «Nous avons vu des portefeuilles durables montrer de meilleures performances que des portefeuilles traditionnels pendant cette période», affirme Larry Fink.

Dans sa lettre aux patrons d'entreprise, envoyée en janvier, il promettait de liquider ses investissements non durables. La crise en cours sera une opportunité d'accélérer la transition vers un monde plus durable, promet-il. Car, la pandémie en cours «souligne les fragilités d'un monde globalisé et la valeur des investissements durables».