Le maître chocolatier Patrick Roger inquiet pour Pâques : «On va travailler à la demande»

Basé dans les Hauts-de-Seine, l’artisan, artiste et Meilleur ouvrier de France (MOF) a repris cette semaine la production de Pâques, en petites quantités. L’avenir de son entreprise de 64 salariés le préoccupe.

 Sceaux, octobre 2017. Le chocolatier Patrick Roger, qui est également sculpteur, ici dans son atelier.
Sceaux, octobre 2017. Le chocolatier Patrick Roger, qui est également sculpteur, ici dans son atelier. LP/E.D.

    Si la boutique de Sceaux (Hauts-de-Seine), située rue Houdan avec une quinzaine d'autres enseignes de métiers de bouche, n'a jamais baissé le rideau, les dix autres adresses parisiennes du chocolatier Patrick Roger, Meilleur ouvrier de France (MOF), sont, elles, fermées depuis le début du confinement, le 17 mars dernier.

    Contrairement aux industriels du chocolat, Patrick Roger qui a installé son atelier à Sceaux il y a dix ans, n'avait pas encore totalement lancé sa production de Pâques, lui qui a toujours fonctionné « à flux tendu ». « On n'est pas les meilleurs du monde pour rien », plaisante l'artiste et sculpteur de cacao qui reconnaît avoir évité ainsi la catastrophe de se retrouver le week-end prochain avec un stock impossible a écouler sur les bras, à cause du coronavirus.

    «J'ai une équipe présente et on va s'adapter au jour le jour»

    « J'ai huit chocolatiers de retour à l'atelier depuis mercredi dernier seulement », poursuit-il, alors que Pâques représente en temps normal 20% du travail annuel de ses équipes. « On va travailler à la demande, faire une toute petite production pour la boutique de Sceaux, celle de Saint-Germain qui a rouvert vendredi et pour essayer de relancer la vente Internet », ajoute-t-il.

    Le chocolatier a décidé d'organiser lui-même les livraisons sur Paris intra-muros, un service entièrement à sa charge, avec des chauffeurs. « Peu importe, on a tous besoin de travailler, souligne l'artisan. J'ai une équipe présente et on va s'adapter au jour le jour. » Mais Pâques 2020 ne ressemblera évidemment pas aux autres années, quand Patrick Roger pouvait réaliser une cinquantaine de sujets différents en chocolat.

    55 de ses 64 salariés en chômage partiel

    « On va se limiter à sept ou huit sujets », explique le meilleur ouvrier de France qui a été contraint de mettre 55 de ses 64 salariés en chômage partiel, à commencer par les vendeurs. Les loyers « à sept chiffres pour les dix boutiques » vont lui être réclamés tôt ou tard et ce malgré une très faible rentrée d'argent ces prochains mois. « Ce sera ma première année sans œufs à Pâques », souffle celui qui vient de passer deux semaines seul dans son atelier à sculpter.

    Ce même atelier qui avait été en grande partie ravagé par un incendie en 2014. « La situation est bien pire maintenant, souligne Patrick Roger. A l'époque on était dévasté mais le monde autour de nous allait bien. Là, c'est le monde entier qui va mal »

    Le chocolatier mise « sur une reprise extrêmement longue de l'économie », qui met entre parenthèses ses projets comme l'ouverture d'une boutique à Moscou. « Là-bas, tout était prêt, mais on ne peut désormais plus rien faire », conclut-il.