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Pâques pendant le confinement: les chocolatiers s’organisent

Pâques est une période de forte activité pour les artisans chocolatiers. Autant dire que le confinement ne fait pas leurs affaires. Mais ils ont su s’adapter et s’organiser pour limiter la casse.

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Pâques, c’est bientôt. En temps normal, on se presserait pour acheter œufs, poules, lapins et cloches en chocolat qu’on offrirait aux enfants lors de mémorables « chasses aux œufs » dans le jardin de papy ou mamie.

Mais ça, c’était le temps d’avant le confinement, qui va priver les familles du repas pascal conclu par quelques douceurs. Pourtant, il faut bien admettre qu’en ce moment, manger du chocolat – générateur d’endorphine, l’hormone du bonheur – ne ferait pas de mal.

Pour les artisans chocolatiers, Pâques, c’est entre 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires. La deuxième plus forte période d’activité de l’année, après Noël et le Jour de l’an.

Inutile de dire que cette crise sanitaire tombe vraiment mal. « Je suis d’un naturel optimiste mais, là, j’ai pris un coup », confie Pascal Caffet. Lorsque l’annonce du confinement total est tombée, il venait de terminer, dans son laboratoire, ses 14 000 moulages pour Pâques. « J’étais abasourdi, presque déprimé. Pourtant, je suis un battant. C’est la première fois que ça m’arrive. On est à peine remis du sinistre d’il y a 18 mois (l’incendie de son laboratoire et de sa boutique, NDLR). Mais cette fois, je ne peux rien y faire. »

Le champion du monde des métiers du dessert a dû fermer son laboratoire et mettre une grande partie de ses 60 salariés aubois en activité partielle. Il avait, dans un premier temps, fermé ses boutiques avant de les rouvrir. « On avait des demandes des clients et même les services de l’État nous ont conseillé d’ouvrir. Il faut bien écouler nos moulages. Pâques, c’est 12 % de mon chiffre d’affaires sur une dizaine de jours. Si j’en fais ne serait-ce qu’une petite partie, ce sera bien. »

« ClicK and collect »

Le chocolatier a également mis en place un système de click and collect (commande en ligne puis retrait en magasin, NDLR) et les clients peuvent également venir dans les boutiques troyennes, sous certaines conditions (entrée filtrée, vendeurs protégés, distances de sécurité).

C’est aussi la méthode retenue par la chocolaterie Charpot. L’entreprise avait d’abord tâté le terrain pour des livraisons via un sondage sur les réseaux sociaux et avait renoncé. « Dès l’annonce du confinement, j’ai appelé mon fournisseur de produits d’entretien mais il n’avait plus rien. Je ne pouvais pas assurer la sécurité sanitaire des personnes et beaucoup de gens nous avaient fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas acheter de chocolats car ils ne pourraient pas être en famille », explique Graziella Brocheton, qui a repris la chocolaterie du mail des Charmilles, à Troyes, avec son mari Bruno.

Perte de chiffre d’affaires

Puis, à force d’appels et de demandes des clients, elle s’est décidée à rouvrir sa boutique, en restreignant l’accès. « Je donne rendez-vous aux clients toutes les demi-heures. Mais on reste inquiet, on navigue au jour le jour. Pâques, c’est 20 à 25 % du chiffre de l’année. Cet été, on ne fermera que 15 jours et on développera notre activité glaces. Mais est-ce que les gens seront tentés ? »

L’avenir, Brigitte Témoin le voit assez sereinement, même si cette crise ne fait pas vraiment ses affaires. « Je vais perdre 90 % du chiffre que je fais habituellement. » Mais elle reste confiante : « Ma boutique existe depuis 1991, j’ai une clientèle fidèle. Je plains ceux qui viennent de démarrer leur activité. » Pas de drive ni de livraison pour la boutique de la rue de la République à Troyes mais une ouverture le matin. « Les gens peuvent me téléphoner pour réserver ou venir sur place. Je prépare mes chocolats au jour le jour, je n’ai donc pratiquement aucune perte. »

Certains ont appris la polyvalence, par la force des choses. « Je suis devenue manutentionnaire », plaisante ainsi Virginie Guillaumet, de la boutique Jeff de Bruges. Elle a préféré fermer ses boutiques pour se concentrer sur un système de drive et livraisons. « Je ne veux pas inciter les gens à sortir. Je leur donne rendez-vous toutes les 20 min environ. » Elle réfléchit cependant à ouvrir, un peu avant Pâques, pour marquer le coup. « J’ai la chance de travailler avec beaucoup de CSE (comité social et économique) et je me suis engagée à livrer les salariés à domicile. On reste prêt pour faire plaisir aux gens dans ces moments difficiles. C’est notre plus belle récompense. »

 

Pour cet article, ce sont avant tout les artisans chocolatiers qui ont été contactés. Bien entendu, de nombreux artisans boulangers et pâtissiers aubois proposent également des chocolats faits maison à la vente, même s’il ne s’agit pas de leur activité principale.

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