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Plan de relance européen: les pays du Nord rejettent la proposition franco-allemande

Le chancelier autrichien Sebastian Kurz. LEONHARD FOEGER/REUTERS

Les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark ont adressé samedi matin à la Commission leur proposition. Dans ce document, ils confirment leur opposition au principe de transferts budgétaires vers les pays les plus touchés par la crise du coronavirus.

De notre correspondante à Bruxelles

Pas question d’octroyer des subventions aux pays les plus touchés par la crise du coronavirus. Les «quatre pays frugaux» (Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark) ont adressé samedi matin 23 mai à la Commission européenne et aux capitales leur proposition pour «une reprise efficace et durable» du bloc. Elle est aux antipodes de ce que souhaitent Paris et Berlin.

Dans ce document que Le Figaro a pu consulter, les pays du Nord se disent certes favorables à la création d’«un fonds d’urgence temporaire et unique pour soutenir la reprise économique et la résilience de nos secteurs de santé aux éventuelles vagues futures» qui, grâce à des emprunts réalisés par la Commission, viendrait renforcer le budget européen. Mais, comme le répétait ces derniers jours le chancelier autrichien Sebastian Kurz et comme il l’a encore déclaré vendredi soir sur Bild TV, ils rejettent le principe des dettes mutualisées et l’option selon laquelle le soutien de l’UE aux pays les plus affectés par la crise du coronavirus prendrait la forme de dons comme le veulent Paris et Berlin, ainsi que les pays du sud. «Nous proposons de créer un fonds de relance d’urgence basé sur une approche ‘prêt pour prêt’, conforme aux principes fondamentaux du budget de l’UE», est-il écrit dans le document.

Redéfinir les priorités

Les quatre pays proposent également d’encadrer ce fonds de relance. Ainsi, devra-t-il être limité à deux ans et devra-t-il veiller à réduire le risque financier des États membres en cas de défaut d’un pays bénéficiaire des prêts. D’autres conditions sont également fixées: «évaluation approfondie des besoins» des secteurs et segments les plus touchés par la crise, «engagement ferme en faveur des réformes» de la part des pays bénéficiaires, soutien à la recherche et à l’innovation ainsi qu’au pacte vert et à la transition numérique pour soutenir la reprise, respect de l’État de droit, etc.

Les quatre pays posent, par ailleurs, leurs conditions en ce qui concerne le budget européen pour la période 2021-2027 qui va être remanié, afin de tenir compte de la crise du coronavirus. Il n’est pas souhaitable, selon eux, d’aboutir à «une augmentation significative» de ce budget. Car, estiment-ils, «des fonds supplémentaires pour l’UE, quelle que soit la manière dont ils sont financés, pèseront encore plus sur les budgets nationaux». Comme ils l’avaient déjà fait en février, lors du désastreux Conseil européen consacré au budget, ils appellent à nouveau à faire des économies «en redéfinissant les priorités dans les domaines qui sont les moins susceptibles de contribuer à la reprise».

Manifestement, la crise du coronavirus n’a pas eu raison de l’orthodoxie des pays du Nord de l’Europe. D’ailleurs, ils s’emploient dans cette note à mettre les points sur les «i». «Notre position sur le budget européen est inchangée. Nous continuons à demander que les contributions nationales soient limitées et nous rappelons que la justification des corrections (c’est-à-dire des rabais dont ils bénéficient, ndlr) reste valable», écrivent-ils.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit présenter mercredi 27 mai un plan de relance. Au regard des différences de positions entre les États membres, l’équation semble impossible.

À voir aussi -L'Allemagne veut-elle saborder l'euro? - Regarder sur Figaro Live

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1094 commentaires
  • Yo Ben 1

    le

    Celà s'appelle la solidarité à sens unique, qui sont bien loin des valeurs de l'Europe.

  • aditec

    le

    @ Anonymous "Je ne sais pas que Macron a fait pour rallier Merkel, mais il apparaît de plus en plus évident qu'il ne serait que d'un ralliement de façade ..." Mon cher partenaire d'entraînement, vous ne connaissez pas le personnage allemand. Les Allemands sont de mauvais acteurs. L'intrigue n'est pas leur point fort. Les intrigues sont plutôt une spécialité française. Je pense que, contrairement à la France, l'Allemagne ne sait pas représenter efficacement ses intérêts. De plus, les Allemands sont trop aux yeux bleus - c'est-à-dire naïfs. Ils croient à la conformité contractuelle et au partenariat. Par exemple, les Allemands pensaient que, comme promis, tous les pays de la zone euro géreraient leurs finances de manière responsable. Ils pensaient que tous les pays de la zone euro respecteraient les règles de stabilité convenues contractuellement et qu'ils respecteraient la clause de non-assistance convenue contractuellement. Ils ont ignoré le fait que la France a miné les deux dès le premier jour de l'euro.
    Pour une meilleure compréhension, je recommande de lire les articles de journaux suivants:
    L'intégration européenne en allemand et en français - une théorie de la crise de l'euro
    http://www.oekonomenstimme.org/artikel/2012/10/europaeische-integration-auf-deutsch-und-auf-franzoesisch/ Le désir allemand de déclin
    https://www.nzz.ch/meinung/die-deutsche-lust-am-niedergang-ld.1354598

  • aditec

    le

    @ Anonymous "Va falloir reformer la fiscalité européenne et couper les vivres au paradis fiscal hollandais. Ils se reposeront la question. À 4, les frugaux c’est 40m d’habitants. Allemagne France Espagne Italie c’est 250m ... ² L'Irlande est également un paradis fiscal. Et les pays d'Europe orientale prélèvent tous des impôts sur les sociétés nettement inférieurs à ceux de l'Allemagne, par exemple. Et la France entrave la concurrence en protégeant ses grandes entreprises de la reprise par des étrangers, mais en aidant les entreprises françaises à reprendre des entreprises étrangères. Prenons l'exemple de Sanofi: avec le soutien actif de l'État français, Sanofi a repris la société pharmaceutique germano-française Aventis hostile. Le gouvernement allemand, quant à lui, s'est tenu à l'écart. De plus, l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie ne sont pas dans le même bateau. L'Allemagne n'appartient pas au Club Med, mais clairement au nord. Il ne faut pas brouiller les fronts, mais plutôt différencier les différentes alliances.

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